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Ismaïl Haniyeh, le pragmatique du Hamas

Mercredi 31 Juillet 2024

Ismaïl Haniyeh
Ismaïl Haniyeh

Le chef politique du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué mercredi en Iran, s’était fait connaître aux yeux du monde en 2006 en devenant premier ministre de l’Autorité palestinienne après la victoire surprise de son mouvement aux législatives.  

 

Vivant en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie, cet homme de 61 ans plaidait de longue date pour concilier lutte armée et combat politique au sein du mouvement islamiste. 

 

Connu pour son discours posé, M. Haniyeh, le visage rond encadré par une barbe poivre et sel, entretenait de bonnes relations avec les chefs des différents mouvements palestiniens, y compris ses rivaux.

 

Né dans une famille de réfugiés d’Ashkelon (Asqalan en arabe), à quelques kilomètres au nord de Gaza, il commence ses activités militantes au sein de la branche estudiantine des Frères musulmans à l’Université islamique de Gaza, dont est issu le Hamas, avant de devenir membre de l’union des étudiants de l’Université islamique en 1983 et 1984.  

 

Trois ans plus tard, il adhère au Hamas à sa création tandis qu’éclate la première Intifada, soulèvement qui durera jusqu’en 1993. Durant cette période, Ismaïl Haniyeh a été emprisonné à plusieurs reprises par Israël et expulsé pour six mois vers le sud du Liban.

 

C’est en 2006 qu’il s’est fait connaître aux yeux du monde en devenant premier ministre de l’Autorité palestinienne après la victoire surprise de son mouvement aux législatives.

 

Après avoir pris la tête d’un gouvernement d’union, il s’était engagé à œuvrer à la création d’un État palestinien « en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem comme capitale », allant à contre-courant du discours officiel du Hamas qui, alors, ne reconnaissait pas ces frontières.  

 

Mais c’est sous sa direction qu’a éclaté en 2007 une quasi-guerre civile entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. Privé de sa victoire aux législatives, le mouvement islamiste a pris le pouvoir dans la bande de Gaza au prix d’affrontements meurtriers qui laissent aujourd’hui encore les rancœurs vivaces entre les deux rivaux.

 

Sa famille décimée 

 

La cohabitation avec le Fatah, parti du président Mahmoud Abbas, fut néanmoins de courte durée. Le Hamas l’a évincé par la force de la bande de Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d’Israël de ce territoire.

 

Ismaïl Haniyeh a été élu chef du bureau politique du Hamas en 2017 pour succéder à Khaled Mechaal, en exil au Qatar.

 

Sur des images diffusées par les médias du Hamas peu après l’attaque sanglante menée contre Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre en cours, on peut voir M. Haniyeh discuter sur un ton jubilatoire avec d’autres chefs du Hamas, dans son bureau à Doha, en train de regarder le reportage d’une télévision arabe montrant des commandos du mouvement palestinien s’emparer de jeeps de l’armée israélienne.

 

Alors que presque dix mois de guerre ont laissé des pans entiers de Gaza en ruines, M. Haniyeh avait affirmé à plusieurs reprises que son mouvement ne libérerait les otages capturés lors de l’attaque que si les combats cessaient définitivement.

 

À la mi-juillet, il avait accusé le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, de chercher à bloquer un cessez-le-feu par des « massacres odieux » dans cette guerre qui ne connaît pas de répit.

 

Le 25 juin, le Hamas avait annoncé la mort de dix membres de la famille d’Ismaïl Haniyeh, tués selon le groupe dans une frappe israélienne sur un camp de la ville de Gaza.

 

« Si l’ennemi criminel pense que cibler ma famille nous fera changer de position et affectera notre résistance, alors il se berce d’illusions, car chaque martyr de Gaza et de Palestine est de ma famille », avait alors réagi M. Haniyeh.

 

En avril, trois fils et quatre petits-enfants de M. Haniyeh avaient péri dans une frappe israélienne sur le camp de Chati. Le chef du Hamas avait alors indiqué qu’environ 60 membres de sa famille avaient été tués depuis le début de la guerre. Le Hamas a imputé à Israël son « assassinat » mercredi et juré de riposter. [AFP]

 
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