L’armée ukrainienne a affirmé jeudi « avoir tué ou grièvement blessé » une soixantaine de soldats russes en frappant un terrain d’entraînement dans la partie occupée de la région de Kherson (sud), deuxième frappe de ce type signalée ces derniers jours.
Les forces ukrainiennes ont effectué mercredi « trois frappes » sur ce terrain près du village de Podo-Kalynivka, sur la rive gauche (orientale) du fleuve Dniepr, occupée dans cette région par l’armée russe, a indiqué à l’AFP Natalia Goumeniouk, porte-parole militaire ukrainienne en charge du sud de l’Ukraine.
Une soixantaine de militaires russes ont été « tués ou grièvement blessés », a-t-elle affirmé.
L’armée ukrainienne a également publié une vidéo, filmée depuis un drone, dans laquelle on peut voir trois explosions sur un territoire sablonneux, à la lisière de zones boisées.
Selon Mme Goumeniouk, s’exprimant plus tôt à la télévision ukrainienne, ce terrain sert à l’entraînement de soldats russes envoyés à l’assaut d’une tête de pont que Kyiv a établi près du village de Krynky fin 2023, sur la rive gauche du Dniepr.
La Russie a affirmé mardi avoir repris la zone de Krynky, ce que Kyiv dément.
La frappe de mercredi a été corroborée par des blogueurs militaires russes. La chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe, a également fait état de trois frappes, dont la dernière aurait visé une équipe enquêtant sur les deux frappes précédentes.
Selon Rybar, ce terrain d’entraînement est situé dans le parc national ukrainien de dunes baptisé Olechkivsky Pisky, à une quinzaine de kilomètres de Krynky.
Cette attaque, menée mercredi, est intervenue, selon des blogueurs militaires russes, au lendemain d’une autre frappe ukrainienne sur un autre terrain d’entraînement russe dans la région de Donetsk (est).
Selon la chaîne Rybar, la frappe ukrainienne de mardi a touché un terrain près de la localité de Volnovakha et été effectuée avec un système américain de lance-roquettes multiples Himars.
Selon le service russe de la BBC, des troupes de la 36e brigade de fusiliers motorisés, basée dans la région sibérienne de Transbaïkalie, y attendaient l’arrivée d’un commandant. Au moins 60 militaires pourraient avoir été tués, selon la BBC.
Des photos présumées des victimes de la frappe, diffusées sur Telegram, montrent plus d’une quinzaine de soldats morts et alignés avant d’être transportés.
Les autorités ukrainiennes n’ont fait aucun commentaire sur cette frappe.
Sur Telegram, le gouverneur russe de la région de Transbaïkalie a lui affirmé mercredi que des informations diffusées étaient « fallacieuses » et « fortement exagérée », tout en promettant de l’aide aux familles des soldats.
La Russie revendique la conquête du village de Pobeda
L’armée russe a affirmé jeudi avoir pris le village de Pobeda, dans l’est de l’Ukraine, nouvelle revendication de conquête quelques jours après celle de la ville d’Avdiïvka, face à une armée ukrainienne qui souffre de pénuries d’armes.
« Les unités du groupement des forces sud ont libéré le village de Pobeda », a affirmé le ministère russe de la Défense au sujet de cette localité, non loin de la ville détruite de Mariïnka, alors que ce secteur du front était largement inchangé depuis des mois.
Il assure aussi que l’armée russe a amélioré ses positions dans la même zone, aux abords des villages de Novomykhaïlivka et Krasnogorivka, situés aussi près de Mariïnka, ville complètement détruite par les combats et dont la Russie a pris le contrôle en décembre après près de deux ans de combats.
L’armée ukrainienne n’a pas confirmé dans l’immédiat la perte de Pobeda, assurant se battre « dans la zone ».
« Dans le secteur de Mariïnka, les forces de défense continuent de retenir l’ennemi dans les zones de Guéorguiïvka, Pobeda et Novomykhaïlivka », a déclaré sur Telegram le commandant des forces ukrainiennes dans la région, Oleksandre Tarnavsky.
Mercredi, des sites proches de l’armée ukrainienne avaient évoqué la perte du village de Pobeda, mais aucune source officielle ukrainienne n’a confirmé dans l’immédiat.
La Russie est à l’offensive depuis l’échec de la contre-offensive ukrainienne de l’été. L’armée ukrainienne, en manque de munitions et d’aide occidentale, fait face à une situation « extrêmement difficile » de l’aveu même du président ukrainien
Volodymyr Zelensky, alors que le pays s’apprête à marquer samedi le 2e anniversaire de l’assaut russe contre l’Ukraine.
Kyiv accuse Moscou d’utiliser des missiles nord-coréens contre des cibles civiles
Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont accusé jeudi la Russie d’employer des missiles de fabrication nord-coréenne pour mener des frappes meurtrières en Ukraine contre des cibles civiles.
« Nous parlons de missiles balistiques de type Hwasong-11 (KN-23/24) […] Selon notre enquête, les troupes russes ont tiré plus de 20 (de ces) armes nord-coréennes sur l’Ukraine », a indiqué dans un communiqué le SBU, précisant que ces frappes avaient tué « au moins 24 civils » et fait plus d’une centaine de blessés.
Le SBU a également publié des images de débris présumés de ces missiles.
Selon la même source, des missiles nord-coréens ont été utilisés en Ukraine le 30 décembre dans la région de Zaporijjia (sud), puis début janvier à Kyiv lors d’une frappe contre un immeuble qui avait fait quatre morts et une cinquantaine de blessés.
Toujours selon le SBU, ces missiles ont été également employés lors d’attaques contre cinq localités proches du front dans la région de Donetsk (est), tuant 17 civils, et contre la grande ville de Kharkiv, faisant trois morts et plus de 60 blessés.
La Russie et la Corée du Nord, qui entretiennent de bonnes relations depuis la Guerre froide, ont effectué ces derniers mois un spectaculaire rapprochement diplomatique.
La Corée du Sud et les États-Unis soutiennent qu’en dépit de sanctions prises à l’ONU, le Pyongyang envoie de l’armement en Russie pour soutenir son assaut en Ukraine, possiblement en échange d’une aide technique concernant son programme de satellite-espion. Moscou rejette ces accusations.
Des analystes ont récemment averti que la Corée du Nord pourrait tester des missiles de croisière avant de les envoyer en Russie pour les utiliser en Ukraine.
Son dirigeant Kim Jong-un s’est rendu en Russie en septembre pour rencontrer le président Vladimir Poutine, qui devrait en retour se rendre à Pyongyang. [AFP]