Cette zone du front est l’axe d’attaque en direction des villes de Tokmak puis Melitopol, afin de tenter de rompre l’unité des territoires occupés par la Russie dans le sud et l’est du pays avec la Crimée, annexée en 2014.
La Russie a elle poursuivi ses bombardements à travers le pays, tuant au moins deux personnes dans un village du centre, dans la région de Poltava.
Depuis le lancement de leur contre-offensive en juin, les forces ukrainiennes n’avancent que lentement, car elles sont confrontées à des lignes de défense fortifiées extrêmement denses.
La Russie, Vladimir Poutine le premier, affirme infliger des pertes considérables à son ennemi, assurant que la contre-offensive est un échec.
À Kyiv, on souligne que l’assaut relève d’une stratégie de longue haleine, et que l’armée avance lentement mais sûrement.
Avec la prise de Robotyne, l’armée ukrainienne espère cependant être en position pour enfoncer un coin du front, même si devant elle se dressent toujours des tranchées, des fortifications antichars et des champs de mines.
« Robotyne a été libéré. Nos forces avancent au sud-est de Robotyne et au sud de Mala Tokmachka » a déclaré à la télévision la vice-ministre de la Défense ukrainienne, Ganna Maliar, au sujet des deux localités situées dans la région de Zaporijjia.
« L’ennemi subit d’énormes pertes dans ces directions, mais il essaie d’y concentrer ses forces afin de ne pas abandonner ses positions », a-t-elle ajouté.
Quantité considérable
L’Institute for the Study of War (ISW), un centre d’analyse pro-occidental, estime que la Russie avait alloué des moyens importants pour défendre les positions qu’elle est en train de céder, et s’interroge quant à la capacité de Moscou de faire de même pour les lignes défensives suivantes.
« Les forces russes ont engagé une quantité considérable de matériel, d’efforts et d’hommes pour tenir des positions défensives que les forces ukrainiennes sont en train de pénétrer », relève l’ISW.
« Il n’est pas clair si les forces russes vont pouvoir conserver leur avantage (défensif) si elles ne sont pas en mesure d’engager autant de moyens et de personnel sur les couches défensives suivantes », poursuit l’institut.
En tout cas, pour les autorités ukrainiennes, chaque village reconquis représente un coup porté aux ambitions du président russe, un an et demi après son invasion de l’Ukraine.
« Toute la légitimité de Poutine auprès de l’élite russe est qu’il n’a pas encore perdu la guerre. Plus la Russie perd le contrôle de territoires occupés, plus vite le soutien pour le régime déclinera », a estimé sur X, l’ex-Twitter, Mikhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.
Signe de la difficulté de l’offensive ukrainienne, les avancées se comptent souvent en quelques centaines de m2, au mieux quelques km2.
Sur le front est, les troupes ukrainiennes ont repris au sud de Bakhmout – capturée en mai par les Russes – un kilomètre carré au cours de la dernière semaine de combats.
Reprendre l’initiative
En outre, l’Ukraine est à la lutte pour tenir ses lignes face à une offensive russe dans le nord-est, qui grignote du terrain depuis des semaines.
La crainte est de voir désormais la Russie lancer des dizaines de milliers d’hommes sur cet axe afin de percer le front et de forcer l’Ukraine à se détourner de ses axes d’attaques principaux dans le sud.
Ilia Ievlach, porte-parole du commandement est de l’armée ukrainienne, a assuré dimanche que Moscou avait massé 45 000 soldats dans le secteur de Koupiansk et 48 000 autres dans celui de Lyman, un peu plus au sud.
Samedi soir, le ministère britannique de la Défense avait indiqué dans un rapport quotidien que les gains ukrainiens pourraient conduire la Russie à tenter « de reprendre l’initiative » en décuplant leurs opérations offensives.
« Koupiansk-Lyman est une zone potentielle pour cela », selon cette source.
L’Ukraine s’efforce, elle, de maintenir la pression sur la Russie en multipliant les attaques de drones en territoire russe, certains volant jusqu’à Moscou, et contre la Crimée, base arrière-clé pour l’approvisionnement des troupes russes.
Enfin, en dépit de la guerre qui y fait rage, la Russie compte organiser le 10 septembre des scrutins régionaux dans la partie des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson qu’elle occupe et dont M. Poutine a revendiqué l’annexion en septembre dernier.
La Commission électorale russe a indiqué que le vote par anticipation y débutera le 30 août.
Pour l’Ukraine et l’essentiel de la communauté internationale, ces opérations électorales n’ont aucune légitimité. [AFP]