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L'imposante démonstration de force des Maliens contre la CEDEAO et la France

Samedi 15 Janvier 2022

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans la capitale malienne, Bamako, et dans plusieurs grandes villes de l’intérieur contre les sanctions imposées par les pays voisins au gouvernement militaire de transition pour avoir tenté de prolonger son maintien au pouvoir.
 
Les gens ont afflué sur la place de l'Indépendance, brandissant des pancartes "À bas la CEDEAO" et "À bas la France", pour protester contre les restrictions imposées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et soutenues par l'ancien maître colonial français.
 
Une junte militaire a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2020 et a initialement accepté d'organiser des élections en février. Elle a depuis fait marche arrière et a récemment proposé une nouvelle date, en décembre 2025.
 
Cette décision a suscité une condamnation internationale, mais de nombreux Maliens continuent de soutenir le président par intérim Assimi Goita, un colonel de l'armée dont le renversement d'Ibrahim Boubacar Keita a été largement populaire.
 
"Je suis ici pour dire que le Mali est d'abord pour les Maliens, ce n'est pas la CEDEAO ou la France qui vont prendre des décisions à notre place", a déclaré Adama Cissé, un enseignant de 40 ans dans la foule.
 
Parés des couleurs nationales vert, jaune et rouge, des milliers de manifestants ont commencé à se masser dans la capitale, sur la place de l'Indépendance pour la prière hebdomadaire ouvrant un après-midi de mobilisation orchestrée par les militaires.
 
Certains manifestants ont passé la nuit sur le boulevard desservant ce haut lieu des manifestations maliennes.
 
Grande affluence également à Tombouctou, sur la place Sankoré, devant la mosquée, ont indiqué plusieurs Tombouctiens.
 
Les sanctions ont laissé le pays enclavé isolé, ses voisins ayant annulé des vols, fermé des frontières et coupé son accès aux marchés financiers régionaux.
 
Les puissances occidentales ont exprimé leur soutien aux actions de la CEDEAO, et l'Union européenne a déclaré jeudi qu'elle imposerait également des sanctions.
 
Le Mali était déjà en bisbille avec ses alliés occidentaux, qui l'accusent d'engager des entrepreneurs militaires privés russes pour fournir des services de sécurité. Le gouvernement malien a déclaré que les Russes étaient des instructeurs venus avec du matériel acheté en Russie.
 
S'exprimant lors du rassemblement, le Premier ministre Choguel Maïga a félicité la Russie et la Chine pour avoir bloqué une proposition de déclaration au Conseil de sécurité de l'ONU cette semaine, soutenue par les pays occidentaux et africains, approuvant les sanctions de la CEDEAO.
 
"Aujourd'hui, la Russie et la Chine s'opposent à l'embargo illégal et illégitime contre notre pays et notre peuple", a déclaré à la foule Maïga, vêtu d'un treillis militaire bien qu'il n'ait jamais servi dans les forces armées.
 
"Aujourd'hui le monde entier voit où se trouve la légitimité populaire", a déclamé le Premier ministre de transition.
 
Les troupes françaises sont déployées au Mali depuis 2013 pour aider à combattre les groupes militants islamistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique. La mission de maintien de la paix de l'ONU, la MINUSMA, compte également environ 12 000 soldats au Mali pour tenter de contenir la violence.
 
Dans un autre signe de retombée, la Suède a déclaré vendredi qu'elle allait revoir sa contribution à la force de maintien de la paix de l'ONU, en plus de retirer ses forces cette année d'une mission des forces spéciales européennes au Mali, comme prévu précédemment.
 
Les partis d'opposition maliens ont également critiqué le gouvernement de transition pour avoir retardé les élections et lui ont fait porter la responsabilité des sanctions. (Reuters & AFP)
 
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