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La Colombie propose au Venezuela d'affronter "ensemble" la guérilla de l'ELN

Samedi 25 Janvier 2025

Le président de la Colombie, Gustavo Petro, a proposé samedi au Venezuela d'affronter "ensemble" la guérilla de l'ELN, contre laquelle Bogota vient de lancer une offensive militaire à la frontière après des affrontements qui ont fait au moins 80 morts et 38.000 déplacés depuis une semaine.

 

M. Petro réagissait à une déclaration du ministre vénézuélien de la défense, Vladimir Padrino, qui a exprimé son intention de "collaborer" avec son voisin pour "consolider la paix".

 

"Il suffit de passer à la pratique ensemble. Le marteau et l'enclume" contre l'Armée de libération nationale (ELN), la dernière guérilla constituée comme telle en Colombie, a déclaré le président colombien sur X.

 

Bogota a annoncé vendredi avoir lancé une offensive militaire à la frontière avec le Venezuela contre les guérilleros d'extrême gauche de l'ELN, qui tente d'affirmer son contrôle sur une partie de la région frontalière du Catatumbo.

 

Depuis le 16 janvier, l'ELN a pris pour cible des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) non signataires de l'accord de paix en 2016, ainsi que des civils. Plus de 80 personnes ont été tuées et au moins 38.000 déplacées par ces violences.

 

L'armée colombienne a diffusé des images de tirs d'artillerie lourde et de l'arrivée à Catatumbo d'une douzaine de véhicules blindés. Elle dit avoir déployé plus de 9.000 soldats dans cette région qui abrite des routes du trafic de drogue et des plantations de coca, l'ingrédient principal de la cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial.

 

Son commandant, le général Luis Emilio Cardozo, a annoncé samedi qu'au moins 104 dissidents des FARC avaient remis leurs armes à l'armée, dont 65 au cours des dernières 24 heures. Dans ce groupe, 54 sont colombiens et 11 vénézuéliens, a-t-il précisé, ajoutant que ses soldats avaient à cette occasion saisi des dizaines d'armes, d'explosifs et des milliers de munitions.

 

L'armée colombienne a indiqué avoir mené dès vendredi de premiers combats dans cette zone montagneuse où des journalistes de l'AFP ont pu observer le régime de terreur imposé par les guérilleros.

 

La Colombie replonge ainsi dans l'une des pires crises sécuritaires de ces dernières années, anéantissant les espoirs du gouvernement de désarmer l'ELN avec laquelle il avait relancé des pourparlers de paix en 2022.

 

- Soupçons mutuels -

 

Depuis le 16 janvier, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fuit les combats. Selon le bureau du médiateur des droits de l'homme, les déplacements de population actuels sont les plus importants depuis 1997, quand ces données ont commencé à être recueillies.

 

Une partie a franchi la frontière pour passer côté vénézuélien, où le gouvernement du président Nicolas Maduro a mis en place un plan d'aide pour ces déplacés.

 

Vendredi, le ministre vénézuélien de la défense avait rencontré son homologue colombien, Ivan Velásquez, dans la ville frontalière de San Cristóbal, pour parler des solutions à la crise humanitaire que traverse la Colombie à la suite de l'attaque de l'ELN dans le Catatumbo.

 

La Colombie tente toujours de comprendre comment l'ELN a pu mobiliser des troupes depuis le département voisin d'Arauca, son principal bastion à la frontière, sans que les autorités ne le découvrent.

 

Certains organisation pointent du doigt un soutien du régime vénézuélien à l'ELN, qui opère selon des experts des deux côtés de la frontière. L'ONG Human Rights Watch affirme par exemple que les forces de sécurité vénézuéliennes ont "mené des opérations" main dans la main avec la guérilla.

 

M. Padrino, qui dément que le Venezuela serve de base arrière aux groupes armés, comme l'en soupçonnent depuis des années les services de renseignement colombiens, a indiqué avoir mobilisé des soldats le long de la frontière et qu'il ne permettrait pas "l'action d'un groupe armé quel qu'il soit".

 

Les attaques de l'ELN mettent à rude épreuve les relations entre Petro, premier président de gauche en Colombie, et le Venezuela, qui se sont détériorées après la réélection contestée de M. Maduro à la présidence en 2024.

 

Le président colombien n'a pas assisté à son investiture, le 10 janvier, et se réfère désormais à lui comme "la personne qui exerce la présidence" du Venezuela. Le Venezuela accuse pour sa part la Colombie de fournir un "abri" aux chefs du Tren de Aragua, un des plus grands gangs vénézuéliens. [AFP]

 
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