Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a été tué mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël par le mouvement islamiste palestinien et l’Iran, qui ont promis de venger sa mort, faisant craindre un embrasement de la région en pleine guerre à Gaza.
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque d’une ampleur sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre, et a riposté avec une offensive d’envergure dans la bande de Gaza, dévastée et meurtrie par près de dix mois de guerre.
Chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, 61 ans, avait participé mardi à Téhéran à la cérémonie d’investiture du président réformateur Massoud Pezeshkian, dont le pays est l’ennemi juré d’Israël et un allié du Hamas et du Hezbollah libanais.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé que les États-Unis, principal allié d’Israël, n’avaient été ni « mis au courant » ni « impliqués » dans sa mort.
Quelques heures avant l’attaque à Téhéran, l’armée israélienne a annoncé avoir « éliminé » près de Beyrouth le commandant du Hezbollah responsable selon elle de l’attaque meurtrière de samedi à Majdal Shams sur le Golan occupé.
Elle n’a pas commenté dans l’immédiat l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, qui avait été élu chef du bureau politique du Hamas en 2017 et vivait en exil au Qatar. « Ismaïl Haniyeh est mort dans une frappe sioniste contre sa résidence à Téhéran », a indiqué le Hamas.
Selon des médias iraniens, il « se trouvait dans l’une des résidences spéciales pour les vétérans de guerre dans le nord de Téhéran, lorsqu’il a été tué par un projectile aérien » vers 2 h locales (18 h 30 [heure de l’Est] mardi).
« Notre devoir »
Cet assassinat « aura d’énormes conséquences pour toute la région », a averti la branche armée du Hamas.
L’attaque « ne restera pas sans réponse », a menacé Moussa Abou Marzouk, un responsable du mouvement palestinien.
« Avec cet acte, le régime sioniste criminel et terroriste a préparé le terrain pour un châtiment sévère pour lui-même, et nous considérons qu’il est de notre devoir de venger le sang (de Haniyeh) versé sur le territoire de la République islamique », a déclaré le guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Ismaïl Haniyeh sera enterré vendredi à Doha après des funérailles officielles jeudi à Téhéran. L’Iran a décrété trois jours de deuil.
Principal médiateur dans les négociations sur une trêve à Gaza, le Qatar s’est interrogé sur l’opportunité de poursuivre la médiation. « Comment une médiation peut réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie », a dit le premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
L’Autorité palestinienne, la Chine, la Russie, la Turquie, la Jordanie, la Syrie et l’Irak ont condamné l’assassinat de Haniyeh, de même que les rebelles yéménites houthis et le Hezbollah. Ces deux derniers forment avec le Hamas ce que l’Iran appelle « l’axe de résistance » contre Israël.
« Coup de tonnerre »
« Un coup de tonnerre, quelque chose d’incroyable », a lâché Waël Qoudayh, un habitant de Gaza, en commentant l’assassinat de Haniyeh.
Dans son offensive à Gaza, l’armée israélienne a tué plusieurs membres de la famille du chef du Hamas, dont trois de ses fils et quatre petits-enfants.
Début juillet, elle avait dit que « de plus en plus de signes » laissaient présager que le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, avait été tué dans une frappe qu’elle avait menée dans la bande de Gaza. Mais aucune confirmation de sa mort n’a été annoncée.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.
L’offensive israélienne a fait 39 445 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne pas d’indications sur le nombre de civils et de combattants morts.
Des Israéliens se sont dits inquiets pour les otages à Gaza après la mort d’Ismaïl Haniyeh. « […] Cela met en péril la possibilité d’un accord » pour leur libération, estime Anat Noy, une habitante de Haïfa (nord).
« La réaction du Hamas et du Hezbollah »
Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza où la guerre continue de faire rage.
Sur le front nord d’Israël, au Liban, l’armée israélienne a affirmé avoir « éliminé le plus haut responsable militaire de l’organisation terroriste Hezbollah Fouad Chokr » dans une frappe dans la banlieue sud de Beyrouth.
Selon elle, il était « le commandant responsable » de l’attaque à la roquette samedi à Majdal Shams qui a tué 12 jeunes sur un terrain de football. Deux femmes et deux enfants ont péri dans la frappe israélienne, selon les autorités libanaises. Le Hezbollah n’a pas confirmé la mort de Fouad Chokr, mais a affirmé qu’il se trouvait dans l’immeuble visé.
« Ce qui me stresse maintenant, c’est la réaction du Hamas et du Hezbollah. Mon compagnon est réserviste et mobilisé dans le nord (d’Israël), et on lui a dit d’être en alerte », a dit Shahar Binyamini, une habitante de Haïfa. [AFP]