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Les Croates votent après une campagne insolite et des injures en pagaille

Mercredi 17 Avril 2024

Deux ennemis jurés, un président-candidat contre l'avis des juges, et la droite nationaliste qui se rêve faiseur de roi: la Croatie a commencé à voter mercredi pour des élections législatives insolites, qui pourraient pourtant donner un Parlement quasiment identique au précédent.

 

Premiers rôles de ces élections, le président de gauche aux accents populistes Zoran Milanovic et le Premier ministre conservateur sortant Andrej Plenkovic, deux ennemis jurés de la politique croate, n'ont cessé d'échanger des noms d'oiseaux au fil de la campagne.

 

Accusant Plenkovic d'être un "parrain" à la tête "du gouvernement le plus corrompu de l'histoire de la Croatie", Milanovic a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption, pointant notamment la nomination à un poste clef d'un juge soupçonné de liens avec des criminels. "Le [parti conservateur] HDZ fonctionne selon le principe d'un cartel. Il n'y a juste pas de bombes ni de meurtres. Tout le reste, ça fonctionne comme un cartel, comme un narco-cartel", a-t-il lancé lors de son dernier meting de campagne.

 

Tout en faisant fi de l'avis des juges qui ont estimé sa candidature inconstitutionnelle tant qu'il ne démissionnait pas de la présidence.

 

La corruption a longtemps été le talon d'Achille du parti conservateur (HDZ), dont plusieurs ministres ont dû démissionner ces dernières années. Mais le Premier ministre a répondu aux attaques en accusant son rival de violer la Constitution, de mépriser l'arène politique en utilisant un vocabulaire inapproprié, et d'être un "lâche".

 

Plenkovic, en poste depuis 2016, a aussi vanté son rôle dans l'entrée de la Croatie et ses 3,8 millions d'habitants dans la zone euro, puis l'espace Schengen. "Nous avons stratégiquement placé la Croatie vers l'ouest", a-t-il martelé.

 

Mais avec un salaire mensuel moyen de 1.240 euros, le pays reste l'un des plus pauvres de l'Union européenne.

 

- Les "bras de la Russie" -

 

Plenkovic a aussi fait campagne en accusant le président de vouloir "pousser la Croatie et le peuple croate dans les bras de la Russie".

 

Milanovic, qui fut Premier ministre de 2011 à 2016, est depuis février 2022 un critique de la position européenne face à l'invasion russe de l'Ukraine, expliquant qu'il veut éviter que le pays ne soit "entraîné dans la guerre".

 

"Ce n'est pas notre conflit, tout comme ne l'est pas celui en Ukraine", a-t-il ainsi déclaré dimanche à propos de l'attaque iranienne contre Israël.

 

Les sondeurs, qui ont longtemps donné le HDZ de Plenkovic grand gagnant, ont été secoués par l'entrée en lice de Milanovic mi-mars.

 

Le président, parmi les hommes politiques les plus populaires du pays, a redonné de l'élan aux sociaux-démocrates du SDP. Sans leur permettre de prendre la tête des intentions de vote, mais en compromettant le raz-de-marée auparavant promis aux conservateurs.

 

Selon les derniers sondages, le HDZ pourrait recueillir 30% des voix, suivis par le SDP, avec 20% - insuffisant, dans les deux cas, pour avoir la majorité des 151 sièges du Parlement.

 

Le parti nationaliste de droite Mouvement patriotique se hisse à la troisième place et espère être le faiseur de roi. Depuis 2020, le HDZ s'allie au Parlement avec les libéraux et des députés représentant les minorités pour avoir la majorité.
 

Les bureaux de vote ont ouvert à 05H00 GMT et fermeront 12 heures plus tard. [AFP]

 
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