M. Khan, une ancienne vedette de cricket reconvertie en politique et jouissant d’une immense popularité, est poursuivi dans plus de 200 affaires depuis qu’il a été chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022. Il considère qu’elles sont motivées par des considérations politiques visant à l’empêcher de se représenter.
« La détention d’Imran Khan […] a été prolongée de 14 jours », a déclaré à l’AFP l’un de ses avocats, Salman Safdar, devant la prison d’Attock, à environ 60 kilomètres de la capitale, dans laquelle il est détenu depuis le 5 août.
Mardi, un tribunal d’Islamabad a suspendu la condamnation à trois ans de prison pour corruption qui avait mené à son incarcération et à son inéligibilité pour les prochaines élections, et ordonné sa libération sous caution.
Mais malgré cette décision, M. Khan n’a pas été relâché, car il avait auparavant été écroué dans le dossier pour lequel il a comparu mercredi, sans que ses avocats en aient été informés.
La brève audience s’est tenue au sein même de la prison d’Attock et à huis clos, en vertu de la loi sur les secrets officiels datant de l’époque coloniale.
Imran Khan, 70 ans, est accusé d’avoir divulgué le contenu d’un câble diplomatique de l’ambassadeur pakistanais aux États-Unis et de l’avoir exploité politiquement.
Il avait affirmé que ce message prouvait que les États-Unis avaient ourdi une conspiration pour l’évincer du pouvoir. L’accusation avait été jugée fantaisiste par Washington et rejetée par l’armée pakistanaise.
Salman Safdar a indiqué que la législation utilisée dans ce cas servait habituellement pour les procès militaires et estimé que la décision de juger M. Khan à huis clos était « condamnable et inquiétante ».
« C’est une violation éhontée et flagrante de ses droits fondamentaux », a-t-il ajouté. « On ne lui accorde pas le droit à un procès libre. »
Le vice-président du parti de M. Khan, l’ancien ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi, a été placé en détention dans la même affaire.
M. Khan a été écroué dans ce dossier il y a près de deux semaines, mais l’information n’a été connue qu’après l’audience de mardi, selon ses avocats. L’un d’entre eux, Muhammad Shoaib Shaheen, avait dénoncé mardi auprès de l’AFP « une manipulation de la justice ».
Sa condamnation à trois ans de prison avait été prononcée par un tribunal qui l’avait reconnu coupable d’avoir reçu, lorsqu’il était au pouvoir, des cadeaux dont il avait sous-estimé la valeur avant de les revendre au prix fort.
La Commission électorale l’avait écarté quelques jours plus tard pour ce motif de toute participation à des scrutins électoraux pendant cinq ans.
Le Parlement a été dissous le 9 août et un gouvernement intérimaire, dirigé par des technocrates, a été chargé de superviser les prochaines élections, censées avoir lieu sous 90 jours selon la Constitution.
Mais le gouvernement sortant a laissé entendre que le scrutin pourrait être repoussé, car la commission électorale a besoin de temps pour redessiner les limites des circonscriptions électorales après la publication des données du dernier recensement effectué en mai. [AFP]