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Risque d’un conflit en Ukraine - «La situation dans la région est périlleuse», selon l’OSCE

Jeudi 13 Janvier 2022

La secrétaire générale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a souligné jeudi l’urgence «d’enrayer l’escalade» entre la Russie et l’Ukraine.
 
Après les réunions de Genève et de Bruxelles, l’OSCE a clos jeudi à Vienne un ballet diplomatique intense pour désamorcer le risque d’un conflit en Ukraine. Elle a souligné «l’urgence» à relancer le dialogue sur la sécurité en Europe.
 
Moscou a de son côté dressé un constat de blocage et a dit ne pas voir d’utilité à de nouveaux pourparlers avec les Occidentaux «dans les prochains jours», tant les divergences sont profondes. Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ceux-ci ont promis des réponses écrites la semaine prochaine aux exigences de son pays.
 
«La situation dans la région est périlleuse», a déclaré la secrétaire générale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) Helga Schmid à l’ouverture de son Conseil permanent.
 
«Il est impératif de trouver, par la voie diplomatique, un moyen d’enrayer l’escalade et de commencer à rebâtir la confiance, la transparence et la coopération», a-t-elle ajouté, évoquant «un besoin urgent» face à «un environnement imprévisible».
 
L’OSCE, une plateforme multilatérale de discussions Est-Ouest issue de la guerre froide, «est un lieu unique pour cela», a-t-elle insisté. Cette instance est en effet un des rares forums d’échanges dont les États-Unis et la Russie sont tous les deux membres.
 
La Pologne, qui prend après la Suède la présidence annuelle tournante de l’OSCE, a également exprimé son inquiétude, à l’instar d’autres pays d’Europe de l’Est autrefois soumis à l’autorité de Moscou. «Il semble que le risque de guerre dans la zone de l’OSCE n’ait jamais été aussi intense au cours des 30 dernières années», a souligné le ministre polonais des Affaires étrangères Zbigniew Rau.
 
Soldats russes à la frontière
 
Les Occidentaux accusent Moscou d’avoir massé ces dernières semaines environ 100’000 soldats, des chars et de l’artillerie à la frontière avec l’Ukraine pour préparer une attaque contre ce pays, une intention niée par les autorités russes.
 
Ces mouvements de troupes «font partie de la pression» exercée par Moscou pour obtenir satisfaction à ses demandes, mais il n’est «pas question de négocier sous la pression», a affirmé jeudi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
 
Il s’exprimait avant le début d’une réunion informelle avec les ministres de la Défense des États membres de l’UE à Brest (ouest de la France), visant à «élaborer la position de l’Union européenne (…) face à la crise». Aucune décision n’était prévue jeudi.
 
«Ce n’est pas que nous voulons que l’Ukraine devienne membre de l’OTAN. Mais nous ne voulons pas qu’on dise qu’un État souverain ne peut pas prendre certaines décisions et cela vaut pour l’Ukraine, la Finlande, la Suède et tout autre État souverain», a ajouté Josep Borrell. La Finlande et la Suède ne sont pas membres de l’OTAN.
 
Les discussions avec Moscou vont continuer, mais «ces demandes-là ne pourront pas être acceptées et nous, Européens, partageons ce point de vue», a-t-il insisté. «Nous avons reçu l’assurance que rien ne sera décidé ni négocié sans les Européens et la coordination avec les Américains est absolument parfaite», a ajouté Josep Borrell.
 
Washington «prêt» à tous les scénarios
 
Les États-Unis sont «prêts» à tous les scénarios avec la Russie, qu’il s’agisse de poursuivre le dialogue ou d’apporter une «réponse ferme» en cas d’attaque contre l’Ukraine, a déclaré de son côté un proche conseiller de Joe Biden, Jake Sullivan. «Nous allons maintenant réfléchir et nous consulter avec nos alliés et partenaires», a-t-il ajouté.
 
Selon le renseignement américain, les Russes n’ont pas encore «pris une décision définitive» sur une éventuelle invasion du pays voisin, a-t-il fait valoir. L’UE aide l’Ukraine pour renforcer sa capacité logistique militaire et va lui accorder un soutien pour faire face aux cyberattaques, a précisé Josep Borrell.
 
De son côté, la Russie affirme que le déploiement militaire est une réaction à la présence jugée croissante et menaçante de l’Otan dans ce qu’elle considère comme sa zone d’influence. Elle refuse par ailleurs tout élargissement de l’Alliance atlantique à des pays situés selon elle dans son pré carré, comme l’Ukraine.
 
«Déception»
 
Face à l’accueil glacial réservé aux propositions du Kremlin, le représentant russe à l’OSCE, Alexandre Loukachevitch, a fustigé «l’absence de réponse appropriée» des Occidentaux.
 
«Tout a tourné autour de leurs inquiétudes et du soi-disant comportement agressif de la Russie», a-t-il regretté à l’issue de la réunion de l’OSCE. «C’est clairement une déception».
 
«On n’a jamais espéré qu’il y aurait une sorte d’accord aujourd’hui», a tempéré l’ambassadeur américain à l’OSCE Michael Carpenter. «C’est l’annonce du début d’un processus» qui va se traduire par des consultations et un cycle de réunions, a-t-il dit.
 
Dégradation sur le terrain
 
Sur le terrain, les conditions se sont dégradées pour les observateurs de l’OSCE dans les zones contrôlées par les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, a par ailleurs déploré l’ambassadeur américain, se disant «extrêmement inquiet».
 
«Les missions de surveillance n’ont pour l’instant rien détecté d’anormal sur le territoire», mais à la frontière, «il nous est impossible de savoir ce qui se passe», a-t-il averti. Depuis 2014, l’OSCE est chargée de contrôler le respect des accords de paix de Minsk dans la partie orientale rebelle de l’Ukraine. (ATS)
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