L’alliance nationale pour la cause palestinienne, qui regroupe plusieurs associations et Ong, a solennellement demandé au gouvernement sénégalais la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël, ainsi que « l’arrêt de toutes formes de coopération entre les deux pays. » L’ancp est l’initiatrice, aux côtés d’autres organisations, du rassemblement de soutien au peuple palestinien qui a eu lieu dans l’amphithéâtre de l’Ucad 2, en présence de plusieurs personnalités diplomatiques, religieuses, de la société civile…
Cette rencontre survient deux semaines après l’adoption historique de la résolution 2334 du conseil de sécurité des Nations-Unies intimant l’ordre à l’Etat juif de mettre un terme à la colonisation des terres palestiniennes. A cet effet, le rôle essentiel du Sénégal a été unanimement salué par la totalité des intervenants, ce que la « Déclaration de Dakar » traduit en ces termes : « Encourageons l’Etat du Sénégal dans sa position noble et juste à ne point transiger (avec Israël), et lui manifestons notre soutien indéfectible, en dépit des menaces du gouvernement sioniste d’Israël. »
« Israël n’a rien à faire au Sénégal »
Selon le Pr Boubacar Diop Buuba, au-delà de l’inutilité d’une ambassade israélienne à Dakar, il faut que le Sénégal pose deux actes fondamentaux. D’abord, faire comprendre aux autorités israéliennes que leur ambassadeur ne pourra pas revenir à Dakar tant que les résolutions de l‘Onu ne seront pas reconnues et appliquées par leur pays. Ensuite, pousser Dakar à nommer un ambassadeur en Palestine.
Dans cette lancée, Cheikh Makhtar Kébé, président du Rassemblement islamique du Sénégal (Ris) est monté d’un cran : « Nous ne voulons plus d’une ambassade d’Israël au Sénégal. » Mais il a également appelé les factions palestiniennes dont le Fath et le Hamas à une vraie réconciliation, à la hauteur des principes mis en œuvre par Yasser Arafat. Cheikh Tidiane Fall, représentant des associations islamiques à cette rencontre, a souligné que « Israël n’a pas sa place au Sénégal. Ceux qui assassinent chaque jour des musulmans qui défendent leurs droits sacrés ne peuvent qu’être détestés par les musulmans. »
« La colonisation, colonne vertébrale de l’existence d’Israël »
Dans un discours enflammé, la journaliste Hourèye Thiam, membre du Collectif des femmes pour le soutien à la cause palestinienne, a demandé à la Palestine de s’engager dans une dynamique de coopération élargie avec le Sénégal.
Si l’économiste Dame Ndiaye a démontré en quoi la question palestinienne est intimement liée à l’islam, notamment à travers le symbole coranique d’Al Aqsa, l’islamologue Assane Seck s’est employé à battre en brèche l’idée d’une antériorité juive en terre de Palestine. Dans une démonstration qui a très souvent fait appel à la littérature sioniste, il a mis en difficulté une « manipulation universelle » qui a fait croire que les juifs ont antérieurement vécu en Palestine que tout autre peuple. Dans une autre séquence, il a mis en exergue des propos de Théodor Herzl, le fondateur du sionisme : « la Palestine est une légende mobilisatrice (pour l’objectif que nous poursuivons). » C’est en cela, a-t-il indiqué, que « la colonisation juive des territoires palestiniens demeure la colonne vertébrale de l’existence d’Israël. »
« L’arme du boycott économique »
Cependant « la finalité d’une résolution, c’est d’être mise en application », a rappelé Mohamed Sall, secrétaire général du Mrds. Il a ainsi mis en parallèle la résolution 181 du 29 novembre 1947 actant le partage de la Palestine en deux Etats, juif et arabe, qui a effectivement bénéficié à Israël, d’une part, et d’autre part toutes les résolutions votées par l’Onu pour faire avancer la cause palestinienne et restées sans suite…
Chérif Mballo, du Comité Palestine, s’est rappelé au bon et beau souvenir de Nelson Mandela disant : « La libération de l’Afrique ne sera jamais complète tant que la Palestine ne sera pas libre. » A cet effet, il a formulé plusieurs préconisations dont une rue ou avenue Al Quds à Dakar.
Sur ce registre, le Pr Saïd Bâ a insisté sur l’importance capitale des mouvements de boycott, en particulier économique, contre Israël. Citant des rapports de l’Onu, il a indiqué que les chiffres d’affaires de compagnies israéliennes ont chuté d’environ 48% dans la période 2013 à 2014. Dénonçant « le blocus impitoyable de Gaza » depuis une quinzaine d’années et « les tentatives de légitimation » qui l’accompagnent, il a souligné que c’est là « un défi que les Palestiniens sont en train de relever. »
« On peut tout fabriquer en Chine. Mais le courage se fabrique en Palestine. »
Toutes ces initiatives proposées requièrent que les musulmans du Sénégal rendent opérationnelle leur unité, a plaidé Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy. Le représentant des familles religieuses, après avoir déploré que « la guerre des consciences ait été gagnée par Israël », a appelé à « s’inspirer de nos anciens » en termes d’éducation, de communication et de lobbying afin que la tendance soit inversée.
Pour l’ambassadeur de l’Etat de Palestine à Dakar, Safwat Ibrahigt, la posture diplomatique du Sénégal n’est pas étonnante, c’est la suite logique d’un engagement historique aux côtés de la cause palestinienne, et dont le symbole a été le passeport diplomatique offert par le président Senghor à Yasser Arafat. D’où sa conviction qu’« Israël ne peut pas marchander la dignité du peuple sénégalais », en référence aux représailles lancées par le gouvernement de Netanyahu au lendemain du vote de la résolution susmentionnée.
« La Palestine n’a jamais posé de problème au monde. C’est d’un problème israélien dont il est question », a rappelé le diplomate. « Par la terreur et le terrorisme de l’Etat d’Israël, a-t-il ajouté, les 2/3 du peuple palestinien sont en dehors de leurs terres natales. Une situation difficile certes, a reconnu Safwat Ibrahigt, rassuré par « la résilience » dont font preuve ses compatriotes, avec une formule bien appréciée par le public : « On peut tout fabriquer en Chine. Mais le courage se fabrique en Palestine. » (Momar Dieng)
Cette rencontre survient deux semaines après l’adoption historique de la résolution 2334 du conseil de sécurité des Nations-Unies intimant l’ordre à l’Etat juif de mettre un terme à la colonisation des terres palestiniennes. A cet effet, le rôle essentiel du Sénégal a été unanimement salué par la totalité des intervenants, ce que la « Déclaration de Dakar » traduit en ces termes : « Encourageons l’Etat du Sénégal dans sa position noble et juste à ne point transiger (avec Israël), et lui manifestons notre soutien indéfectible, en dépit des menaces du gouvernement sioniste d’Israël. »
« Israël n’a rien à faire au Sénégal »
Selon le Pr Boubacar Diop Buuba, au-delà de l’inutilité d’une ambassade israélienne à Dakar, il faut que le Sénégal pose deux actes fondamentaux. D’abord, faire comprendre aux autorités israéliennes que leur ambassadeur ne pourra pas revenir à Dakar tant que les résolutions de l‘Onu ne seront pas reconnues et appliquées par leur pays. Ensuite, pousser Dakar à nommer un ambassadeur en Palestine.
Dans cette lancée, Cheikh Makhtar Kébé, président du Rassemblement islamique du Sénégal (Ris) est monté d’un cran : « Nous ne voulons plus d’une ambassade d’Israël au Sénégal. » Mais il a également appelé les factions palestiniennes dont le Fath et le Hamas à une vraie réconciliation, à la hauteur des principes mis en œuvre par Yasser Arafat. Cheikh Tidiane Fall, représentant des associations islamiques à cette rencontre, a souligné que « Israël n’a pas sa place au Sénégal. Ceux qui assassinent chaque jour des musulmans qui défendent leurs droits sacrés ne peuvent qu’être détestés par les musulmans. »
« La colonisation, colonne vertébrale de l’existence d’Israël »
Dans un discours enflammé, la journaliste Hourèye Thiam, membre du Collectif des femmes pour le soutien à la cause palestinienne, a demandé à la Palestine de s’engager dans une dynamique de coopération élargie avec le Sénégal.
Si l’économiste Dame Ndiaye a démontré en quoi la question palestinienne est intimement liée à l’islam, notamment à travers le symbole coranique d’Al Aqsa, l’islamologue Assane Seck s’est employé à battre en brèche l’idée d’une antériorité juive en terre de Palestine. Dans une démonstration qui a très souvent fait appel à la littérature sioniste, il a mis en difficulté une « manipulation universelle » qui a fait croire que les juifs ont antérieurement vécu en Palestine que tout autre peuple. Dans une autre séquence, il a mis en exergue des propos de Théodor Herzl, le fondateur du sionisme : « la Palestine est une légende mobilisatrice (pour l’objectif que nous poursuivons). » C’est en cela, a-t-il indiqué, que « la colonisation juive des territoires palestiniens demeure la colonne vertébrale de l’existence d’Israël. »
« L’arme du boycott économique »
Cependant « la finalité d’une résolution, c’est d’être mise en application », a rappelé Mohamed Sall, secrétaire général du Mrds. Il a ainsi mis en parallèle la résolution 181 du 29 novembre 1947 actant le partage de la Palestine en deux Etats, juif et arabe, qui a effectivement bénéficié à Israël, d’une part, et d’autre part toutes les résolutions votées par l’Onu pour faire avancer la cause palestinienne et restées sans suite…
Chérif Mballo, du Comité Palestine, s’est rappelé au bon et beau souvenir de Nelson Mandela disant : « La libération de l’Afrique ne sera jamais complète tant que la Palestine ne sera pas libre. » A cet effet, il a formulé plusieurs préconisations dont une rue ou avenue Al Quds à Dakar.
Sur ce registre, le Pr Saïd Bâ a insisté sur l’importance capitale des mouvements de boycott, en particulier économique, contre Israël. Citant des rapports de l’Onu, il a indiqué que les chiffres d’affaires de compagnies israéliennes ont chuté d’environ 48% dans la période 2013 à 2014. Dénonçant « le blocus impitoyable de Gaza » depuis une quinzaine d’années et « les tentatives de légitimation » qui l’accompagnent, il a souligné que c’est là « un défi que les Palestiniens sont en train de relever. »
« On peut tout fabriquer en Chine. Mais le courage se fabrique en Palestine. »
Toutes ces initiatives proposées requièrent que les musulmans du Sénégal rendent opérationnelle leur unité, a plaidé Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy. Le représentant des familles religieuses, après avoir déploré que « la guerre des consciences ait été gagnée par Israël », a appelé à « s’inspirer de nos anciens » en termes d’éducation, de communication et de lobbying afin que la tendance soit inversée.
Pour l’ambassadeur de l’Etat de Palestine à Dakar, Safwat Ibrahigt, la posture diplomatique du Sénégal n’est pas étonnante, c’est la suite logique d’un engagement historique aux côtés de la cause palestinienne, et dont le symbole a été le passeport diplomatique offert par le président Senghor à Yasser Arafat. D’où sa conviction qu’« Israël ne peut pas marchander la dignité du peuple sénégalais », en référence aux représailles lancées par le gouvernement de Netanyahu au lendemain du vote de la résolution susmentionnée.
« La Palestine n’a jamais posé de problème au monde. C’est d’un problème israélien dont il est question », a rappelé le diplomate. « Par la terreur et le terrorisme de l’Etat d’Israël, a-t-il ajouté, les 2/3 du peuple palestinien sont en dehors de leurs terres natales. Une situation difficile certes, a reconnu Safwat Ibrahigt, rassuré par « la résilience » dont font preuve ses compatriotes, avec une formule bien appréciée par le public : « On peut tout fabriquer en Chine. Mais le courage se fabrique en Palestine. » (Momar Dieng)