Le verdict est tombé ! Après plusieurs mois d'enquête, l'Union européenne a décidé d'imposer, dès le mois de juillet, de lourdes surtaxes pour les véhicules produits en Chine. Une mesure temporaire, sous réserve de discussions avec Pékin...
Avec des voitures - électriques pour la plupart - aux rapport prix/prestations plus que compétitifs par rapport à leurs rivales occidentales, les marques chinoises vivaient jusqu'à présent un long fleuve tranquille dans nos contrées. Au niveau européen en tout cas, puisque, en France, les nouvelles règles du bonus écologique 2024 rendaient inéligibles les véhicules assemblés dans l'Empire du milieu. Mais ça bouge en Europe ! La Commission européenne enquête depuis plusieurs mois sur des soupçons d'ingérence du gouvernement chinois vis-à-vis de ses constructeurs automobiles nationaux. Ingérence qui se présenterait sous la forme d'investissements massifs, leur permettant, entre autres, de proposer des véhicules à des prix défiant toute concurrence...
Jusqu'à 38% de taxe additionnelle pour MG
Ces soupçons n'en sont visiblement plus, puisque la Commission européenne sévit un grand coup aujourd'hui, en annonçant, et c'est inédit, des droits de douanes additionnels et spécifiques aux modèles produits en Chine. Ils étaient déjà taxés à hauteur de 10% à leur entrée dans l'espace européen, mais ce chiffre sera prochainement assorti d'une hausse allant jusqu'à 38% ! Au cas par cas et constructeur par constructeur, l'UE va en effet taxer plus lourdement les marques accusées des plus grosses malversations, de 21% en moyenne. BYD écopera ainsi de 17,4% d'augmentation (en plus des 10% déjà appliqués, entendons-nous), Geely de 20%, et le groupe SAIC (propriétaire de MG, florissante sur le continent) de 38%. Ce dernier est le plus lourdement pénalisé et pour cause : c'est un constructeur appartenant à l'État chinois, et l'une des oies s'étant le plus gavée ces dernières années (du moins d'après les pontes de l'Union européenne).
Le groupe de Shanghai verra donc ses taxes d'importation passer de 10% jusqu'à présent...à 48% !
Discuter avec la Chine, plutôt qu'attaquer
Cette nouvelle mesure sera mise en place dès le 5 juillet 2024, mais ces montants ne seront réclamés qu'en octobre ou novembre prochain, lorsque les résultats définitifs de l'enquête européenne seront connus.
L'UE, avec ces quatre mois de sursis, espère ainsi raisonner le gouvernement de Xi Jinping, pour réfléchir ensemble à des solutions qui mettraient fin à ces pratiques anti-concurrentielles. Car il ne faut pas se leurrer non plus, l'Europe est extrêmement dépendante de la Chine pour sa filière automobile, le « grenier du monde » d'où proviennent la plupart de nos batteries, puces et composants électroniques, indispensables aux voitures électriques qui se multiplient sur notre marché.
D'autant que, en riposte, le pays avait déjà annoncé vouloir mettre en place des contre-mesure si ces taxes étaient effectivement appliquées. Dans le viseur ? De nombreuses denrées alimentaires européennes dont les consommateurs chinois sont friands : vin, spiritueux, produits laitiers et porc, entre autres... [6Medias]