L'armée russe a effectué mercredi des frappes sur Odessa qui ont fait cinq morts au moment où le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis étaient en déplacement dans ce grand port du sud de l'Ukraine.
"Nous confirmons l'attaque contre les infrastructures portuaires de la ville d'Odessa. Nous confirmons la mort de cinq personnes. Il y a également des blessés", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la marine ukrainienne Dmytro Pletenchuk.
"À la toute fin (de la visite, ndlr), nous avons entendu le son des sirènes antiaériennes et des explosions tout près de nous. Nous n'avons pas eu le temps de nous mettre à l'abri", a raconté M. Mitsotakis à l'issue des bombardements, évoquant "une expérience impressionnante".
Les militaires russes "ne se soucient pas de savoir si (les cibles) sont des militaires ou des civils (...), de savoir s'il s'agit d'invités internationaux. Ces gens s'en moquent", a pour sa part réagi M. Zelensky.
A Moscou, le ministère russe de la Défense a revendiqué un tir de missile sur une zone portuaire commerciale d'Odessa, affirmant y avoir touché un "hangar" dans lequel "des drones navals étaient préparés pour le combat par les forces armées ukrainiennes".
Plusieurs régions d'Ukraine ont par ailleurs été visées par des attaques de drones russes dans la nuit de mardi à mercredi.
De leur côté, les Ukrainiens intensifient leurs actions à l'arrière des lignes russes avec l'assassinat présumé mercredi en zone occupée, à Berdiansk, d'une responsable chargée par les autorités russes des élections, morte dans l'explosion de sa voiture, et une attaque de drone sur un dépôt pétrolier dans la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine.
Selon les enquêteurs, "un engin explosif artisanal a été placé sous le véhicule" de cette membre de la commission électorale locale.
Lorsqu'elle "est montée dans la voiture (...) l'engin a explosé", ont-ils ajouté dans un communiqué.
Le dirigeant local de l'occupation russe dans cette région du sud de l'Ukraine, Evguéni Balitski, a dénoncé sur Telegram "un acte terroriste" et "une tentative d'intimidation" à une semaine de l'élection présidentielle russe des 15-17 mars, qui se déroulera aussi dans les territoires occupés.
- Dépôt en feu -
Plusieurs responsables de l'occupation russe ou collaborateurs en Ukraine, y compris en Crimée annexée, ont été tués ou blessés ces deux dernières années dans des attaques et des attentats imputés à Kiev.
Quelque 600 km plus au nord, dans la région russe de Koursk, c'est un dépôt pétrolier qui a été incendié mercredi à la suite d'une attaque de drones ukrainiens, un type d'opération également de plus en plus fréquent.
Depuis quelques mois, une partie de la stratégie militaire de Kiev consiste à attaquer l'arrière, loin du front, un moyen de dérégler la logistique de l'armée russe qui approvisionne ses unités en munitions et en carburant via les régions frontalières.
"Une attaque de drone ukrainien dans le district de Jeleznogorskiï a provoqué aujourd'hui un incendie dans un dépôt de carburant et de lubrifiants", a expliqué mercredi sur Telegram le gouverneur de la région russe de Koursk, Roman Starovoït.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent au moins une cuve endommagée d'où jaillissent d'imposantes flammes et de la fumée noire.
Selon M. Starovoït, un "deuxième drone ukrainien" a "touché" le dépôt pétrolier, assurant que, là encore, l'attaque n'avait "pas fait de victimes".
Depuis le début de l'assaut russe en Ukraine, en février 2022, la Russie est régulièrement la proie de frappes imputées à Kiev qui ciblent en particulier, ces dernières semaines, des dépôts de pétrole et des raffineries.
Dans l'est de l'Ukraine, des responsables russes ont affirmé que deux personnes avaient été tuées dans des tirs de l'artillerie ukrainienne sur Kreminna, une ville occupée de la région de Lougansk où cinq autres ont péri lorsqu'un bus a explosé sur une mine à Kirovsk.
- Grossi en Russie -
L'armée de l'air ukrainienne a quant à elle affirmé mercredi que les drones lancés par les Russes dans la nuit avaient visé une dizaine de régions d'Ukraine, faisant au moins sept blessés dans la ville de Soumy (nord-est).
"Les forces d'occupation ont attaqué avec cinq missiles guidés S-300 (...) et 42 +Shahed+", dont 38 ont été détruits, a déclaré l'armée de l'air, faisant référence aux drones explosifs de fabrication iranienne utilisés par Moscou.
Sur le terrain, l'état-major de l'armée ukrainienne a diffusé une vidéo sur laquelle on peut voir des tranchées fortifiées récemment creusées, "sur la deuxième ligne de défense" dans la zone d'Avdiïvka (est), comme en réponse à de récents commentaires sur la faiblesse des lignes de défense ukrainiennes, voire leur absence par endroits.
Parallèlement, le directeur de de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, se trouve mercredi dans la station balnéaire de Sotchi dans le sud-ouest de la Russie pour y rencontrer le président russe Vladimir Poutine, pour la première fois depuis octobre 2022.
Parlant avec l'AFP avant la réunion, M. Grossi a rejeté les suggestions russes selon lesquelles la centrale nucléaire ukrainienne occupée de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, pourrait être remise en service.
"Ce n'est pas imminent", a-t-il dit. "Tout d'abord, il s'agit d'une zone de combat active (...). Deuxièmement, cette usine est à l'arrêt de manière prolongée", a ajouté le responsable. [AFP]