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Yémen: premiers combats de rue dans un quartier résidentiel de Hodeida

Dimanche 11 Novembre 2018

Des premiers combats de rue ont éclaté dimanche dans un quartier résidentiel de l'est de la ville portuaire de Hodeida, au Yémen, où des forces progouvernementales tentent de briser la résistance des rebelles Houthis, ont indiqué à l'AFP des sources militaires.

Un responsable progouvernemental a affirmé que l'objectif était de "purger" ces rues de toute présence rebelle, tandis que la coordinatrice d'une ONG a indiqué qu'il y avait de plus en plus de civils blessés.

Hodeida, grande ville de l'ouest du Yémen sur la mer Rouge, revêt une importance stratégique car c'est le point d'entrée des trois-quarts des importations et de l'aide humanitaire internationale au Yémen.

Des combattants Houthis sont retranchés dans des rues et sur des terrasses d'immeubles, déterminés à empêcher la progression des forces loyalistes qui ont pénétré dans un quartier entre le sud de l'hôpital du 22-Mai --le plus grand de la ville-- et une grande avenue appelée Sanaa, selon des sources militaires. 

Des combats ont également eu lieu autour du complexe touristique Al-Waha (oasis).

Des habitants de plusieurs quartiers de la ville ont affirmé avoir vu des snipers sur des toits de bâtiments, ainsi que des tanks rebelles tirer à l'artillerie.

- "Dangereux de partir" -

"Trois personnes de notre quartier ont été blessées par des éclats d'obus et hospitalisées ce week-end", a dit Marwa, s'exprimant sous un pseudonyme. "Nous sommes vraiment fatigués. Cette fois, personne ne peut partir. Nous n'en avons pas les moyens et c'est dangereux".

Les rebelles, qui contrôlent également la capitale Sanaa, sont appuyés par l'Iran.

Avant les affrontements de dimanche, des sources militaires et hospitalières avaient indiqué qu'au moins 61 combattants --43 rebelles et 18 loyalistes-- avaient été tués ces dernières 24 heures.

Un médecin à Hodeida avait précisé que des dizaines de Houthis blessés avaient aussi été transportés vers la capitale Sanaa, à l'est, et la province d'Ibb, au sud. 

L'offensive sur Hodeida a été lancée en juin, mais elle s'est nettement intensifiée depuis le 1er novembre avec un bilan d'au moins 443 combattants tués jusqu'ici dans les deux camps. 

Le Yémen est le théâtre de la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU, qui précise que 14 millions de civils sont en situation de pré-famine.

De nombreuses organisations humanitaires se sont inquiétées de l'impact des combats sur des dizaines de milliers de civils piégés dans la ville, ainsi que sur la distribution de l'aide humanitaire à partir du port.

- "Le port est ouvert" -

Yahya Sharafeddine, directeur-adjoint du port de Hodeida, situé au nord de la ville, a déclaré dimanche à l'AFP que "jusqu'à présent, le port est ouvert et nous travaillons normalement".

Cependant, a-t-il ajouté, "nous ne pouvons prédire ce qui se produira à l'avenir".

"Bien que ciblés par plus de 50 obus ces derniers jours, les silos (du port) sont intacts et nous n'avons apparemment rien perdu de notre stock de plus de 50.000 tonnes de blé", a indiqué Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).

Selon lui, ces réserves de blé peuvent nourrir plus de 3,5 millions de personnes.

Selon des habitants, la coalition antirebelles sous commandement saoudien a recours à des avions de combat et à des hélicoptères d'attaque Apache pour pilonner les positions des Houthis, ayant pour leur part posé de nombreuses mines pour freiner l'avancée de leurs adversaires.

"La situation est vraiment mauvaise", a déclaré à l'AFP Mariam Aldogani, coordinatrice des opérations de terrain de l'organisation humanitaire Save the Children à Hodeida. "Il y a beaucoup de peur parmi les habitants" et les installations médicales "reçoivent un nombre croissant de civils blessés".

Dimanche soir, le roi Salmane d'Arabie saoudite a reçu à Ryad le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, homme fort des Emirats, sans que l'agence officielle saoudienne ne précise les sujets discutés.

La diplomatie saoudienne a été considérablement affaiblie par l'affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste saoudien tué dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre. Ryad avait déjà une mauvaise image en raison du grand nombre de civils yéménites tués depuis 2015 dans des frappes aériennes de la coalition qu'elle dirige. 

L'offensive sur Hodeida avait été suspendue l'été dernier pour permettre la tenue de pourparlers de paix début septembre à Genève, mais ce processus a échoué.

Dimanche, le ministre yéménite des Affaires étrangères Khaled al-Yemani a assuré que le gouvernement, appuyé par Ryad, "soutenait les efforts" de l'ONU pour un nouveau round de négociations "d'ici la fin de l'année".

Depuis 2015, les combats au Yémen ont fait quelque 10.000 morts, majoritairement des civils, et plus de 56.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé. Mais des responsables humanitaires estiment que le bilan réel des victimes est bien plus élevé.
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