PROFIL - Antoine Félix Abdoulaye Diome. Le très contesté ministre sénégalais de l’Intérieur cultive –à son corps défendant peut-être mais il en est ainsi de la réalité – une curieuse proximité avec les événements sanglants qui ont cours au Sénégal. Depuis son arrivée inattendue au poste de premier flic du Sénégal en avril 2019, l’ex magistrat parquetier révélé au public lors du procès dit des « biens mal acquis » est empêtré dans le management catastrophique d’une spirale de violence à la dimension inédite. Nul ne sait aujourd’hui comment il pourrait s’en sortir à moins d’être limogé par le président de la république dont il a rapidement épousé la radicalité sans état d’âme, avec une perspicacité et une dévotion dignes d’un sujet royal. Cette issue le sauverait-il du tribunal de l’histoire ou, simplement, du jugement des hommes ?
Fiasco
Au premier jour des violentes manifestations ayant suivi la condamnation judiciaire de l’opposant Ousmane Sonko, le ministre de l’Intérieur annonce la mort de neuf personnes. Un bilan dont l’évolution sera officiellement bloquée à seize tués, les autorités sénégalaises étant peut-être soucieuses de limiter l’ampleur de la tragédie vécue. Si certains opposants avancent une trentaine de morts, Amnesty International dit avoir documenté 23 cas d’individus « essentiellement tués par balle » lors des manifestations.
A l’une des stations les plus politiques de la République, Antoine Diome ne semble pas toujours bénéficier de cette bonne vieille baraka qui, quelques fois, a rendez-vous avec des infortunés désespérés en quête de miracle. Ainsi, croyait-il naïvement (ou cyniquement) pouvoir surfer sur le dossier sulfureux des « nervis » dont un spécimen « armé et dangereux » se serait infiltré dans les manifestations de soutien à l’opposant Ousmane Sonko. Il envoie au charbon deux gradés pour étayer une théorie du complot visant à déstabiliser le Sénégal.
Cette opération de communication tourne au fiasco : le gouvernement sénégalais s’encombre d’un méga-scandale d’Etat qui fait le tour de la planète à la vitesse de la lumière et attise la curiosité de nombreux médias du monde sur les dessous du cas sénégalais. Une police discréditée et impuissante en fait les frais, victime d’une caporalisation politique qui ne semble lui laisser aucune marge de manœuvre. Le ministre de l’Intérieur apparaît comme le premier responsable de cette mascarade. Le charlatanisme a ses limites, surtout en communication de crise.
Mascotte
Antoine Diome a d’ailleurs un vrai problème avec ce qu’il appelle « forces occultes » - sa mascotte langagière préférée qui lui sert de voie de contournement spéculatif pour échapper à la réalité. Il en use quand, face à l’hyper puissance des contraintes politiques qui sur-dominent les faits, la vérité doit dégager pour faire place nette à la désinformation.
Comme de coutume, le ministre de l’Intérieur accuse encore une fois les dites forces d’avoir soutenu et/ou participé à l’explosion de colère des premiers jours du mois de juin 2023, ignorant au passage l’exaspération et la frustration des Sénégalais. Un narratif mal ficelé auquel le pouvoir tente d’attribuer un semblant de crédit, au détriment des vies humaines anéanties par la brutalité d’un système de maintien de l’ordre inquiétant pour les populations civiles.
A force de convoquer des « forces occultes » à tout va – sans doute pour soutenir un déni ou camoufler une part d'incompétence au poste – « Tony » en vient à suggérer lui-même un questionnement le concernant : est-il une force occulte à lui tout seul ? En mars 2021, dans le désarroi d’un pouvoir surpris par la vague contestataire née de l’arrestation de Sonko, que disait le ministre de l’Intérieur ? Des « forces occultes » qu’il a identifiées ont infiltré les manifestations. Cette dérive abstraite lui valut en son temps un démenti cinglant du chef du Centre de planification de conduite des opérations de l’armée sénégalaise. Le colonel Diouma Sow confiait à un confrère : « aucune menace n’est venue en dehors des frontières pour perturber la quiétude des Sénégalais (…) Les forces de sécurité et de défense ont la même mission de protéger les compatriotes de toutes forces occultes ou obscures. »
Antoine Félix Abdoulaye Diome. Dans son rôle de procureur adjoint à la Cour de répression de l’enrichissement illicite, il a souvent été brillant sans avoir toujours raison, teigneux dans ses plaidoiries et interventions devant la barre soutenue par un vrai talent oratoire. Avec une belle maîtrise de la rhétorique judiciaire, jamais énervé par ses contradicteurs de la défense, il complétait son statut de haut magistrat par une courtoisie et une sympathie dignes d’éloges. Mais en répondant aux sirènes de l'Intérieur, le parquetier de 49 ans semble avoir placé une part de son humanité à la bourse de la politique sénégalaise. Avec des dividendes à capter, qui sait, mais sans certitude aucune !
Fiasco
Au premier jour des violentes manifestations ayant suivi la condamnation judiciaire de l’opposant Ousmane Sonko, le ministre de l’Intérieur annonce la mort de neuf personnes. Un bilan dont l’évolution sera officiellement bloquée à seize tués, les autorités sénégalaises étant peut-être soucieuses de limiter l’ampleur de la tragédie vécue. Si certains opposants avancent une trentaine de morts, Amnesty International dit avoir documenté 23 cas d’individus « essentiellement tués par balle » lors des manifestations.
A l’une des stations les plus politiques de la République, Antoine Diome ne semble pas toujours bénéficier de cette bonne vieille baraka qui, quelques fois, a rendez-vous avec des infortunés désespérés en quête de miracle. Ainsi, croyait-il naïvement (ou cyniquement) pouvoir surfer sur le dossier sulfureux des « nervis » dont un spécimen « armé et dangereux » se serait infiltré dans les manifestations de soutien à l’opposant Ousmane Sonko. Il envoie au charbon deux gradés pour étayer une théorie du complot visant à déstabiliser le Sénégal.
Cette opération de communication tourne au fiasco : le gouvernement sénégalais s’encombre d’un méga-scandale d’Etat qui fait le tour de la planète à la vitesse de la lumière et attise la curiosité de nombreux médias du monde sur les dessous du cas sénégalais. Une police discréditée et impuissante en fait les frais, victime d’une caporalisation politique qui ne semble lui laisser aucune marge de manœuvre. Le ministre de l’Intérieur apparaît comme le premier responsable de cette mascarade. Le charlatanisme a ses limites, surtout en communication de crise.
Mascotte
Antoine Diome a d’ailleurs un vrai problème avec ce qu’il appelle « forces occultes » - sa mascotte langagière préférée qui lui sert de voie de contournement spéculatif pour échapper à la réalité. Il en use quand, face à l’hyper puissance des contraintes politiques qui sur-dominent les faits, la vérité doit dégager pour faire place nette à la désinformation.
Comme de coutume, le ministre de l’Intérieur accuse encore une fois les dites forces d’avoir soutenu et/ou participé à l’explosion de colère des premiers jours du mois de juin 2023, ignorant au passage l’exaspération et la frustration des Sénégalais. Un narratif mal ficelé auquel le pouvoir tente d’attribuer un semblant de crédit, au détriment des vies humaines anéanties par la brutalité d’un système de maintien de l’ordre inquiétant pour les populations civiles.
A force de convoquer des « forces occultes » à tout va – sans doute pour soutenir un déni ou camoufler une part d'incompétence au poste – « Tony » en vient à suggérer lui-même un questionnement le concernant : est-il une force occulte à lui tout seul ? En mars 2021, dans le désarroi d’un pouvoir surpris par la vague contestataire née de l’arrestation de Sonko, que disait le ministre de l’Intérieur ? Des « forces occultes » qu’il a identifiées ont infiltré les manifestations. Cette dérive abstraite lui valut en son temps un démenti cinglant du chef du Centre de planification de conduite des opérations de l’armée sénégalaise. Le colonel Diouma Sow confiait à un confrère : « aucune menace n’est venue en dehors des frontières pour perturber la quiétude des Sénégalais (…) Les forces de sécurité et de défense ont la même mission de protéger les compatriotes de toutes forces occultes ou obscures. »
Antoine Félix Abdoulaye Diome. Dans son rôle de procureur adjoint à la Cour de répression de l’enrichissement illicite, il a souvent été brillant sans avoir toujours raison, teigneux dans ses plaidoiries et interventions devant la barre soutenue par un vrai talent oratoire. Avec une belle maîtrise de la rhétorique judiciaire, jamais énervé par ses contradicteurs de la défense, il complétait son statut de haut magistrat par une courtoisie et une sympathie dignes d’éloges. Mais en répondant aux sirènes de l'Intérieur, le parquetier de 49 ans semble avoir placé une part de son humanité à la bourse de la politique sénégalaise. Avec des dividendes à capter, qui sait, mais sans certitude aucune !