Des « kamikazes » au Stade de France, des terrasses de bars et la salle du Bataclan mitraillées : près de six ans après, la justice replonge à partir de mercredi et pour neuf longs mois dans l’horreur des attentats djihadistes du 13-Novembre.
Ce procès hors-norme, la plus grande audience criminelle jamais organisée en France, doit s’ouvrir à la mi-journée dans l’historique palais de justice de Paris, sous sécurité maximale dans un contexte de menace terroriste toujours élevé.
La cour d’assises spéciale doit juger - jusqu’au 24 ou au 25 mai 2022 - 20 accusés, dont Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos téléguidés par le groupe État islamique (EI) qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis, et profondément traumatisé le pays.
Dix autres hommes, incarcérés pendant la durée du procès dans des prisons franciliennes, prendront place à ses côtés dans le box des accusés, jugés pour leur participation à ces attentats, les plus sanglants de l’après-guerre en France.
Trois accusés comparaîtront libres sous contrôle judiciaire, six autres seront jugés par défaut.
Au total, douze des vingt accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Ce procès « historique » est « celui de tous les superlatifs », a souligné lundi le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti après avoir visité la salle de 550 places construite spécialement pour les audiences, qu’il a qualifiées de « marathon judiciaire ».
Outre l’ampleur titanesque du dossier -542 tomes, soit 53 mètres linéaires-ce procès est inédit en matière criminelle par sa durée et le nombre de parties civiles, près de 1800.
« Immergés dans l’horreur »
« C’est un plongeon dans l’inconnu », estime Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association de victimes Life for Paris. « On a maintenant hâte que ça commence, mais avec cette question : comment ça va se passer pendant neuf mois ? ».
En raison de la « cohue » attendue mercredi et jeudi lors des deux premiers jours d’audience, essentiellement consacrés à l’appel des parties civiles, l’association a conseillé à ses membres « de ne pas venir » s’ils ont déjà un avocat.
Me Gérard Chemla a fait de même avec les 130 parties civiles qu’il représente : « on sait qu’on va être confrontés à des choses très douloureuses, on va être immergés dans l’horreur et on n’en sortira pas », redoute-t-il.
Un des premiers moments forts est attendu dès le 28 septembre avec le début des témoignages de quelque 300 proches de victimes et rescapés des attaques. Ils doivent se succéder à la barre pendant cinq semaines pour raconter cette nuit d’épouvante et ses séquelles, des drames personnels mêlés à un effroi collectif.
Il est 21 h 16 ce vendredi 13 novembre 2015 quand le pays bascule dans la terreur : un « kamikaze » vient de se faire exploser près du Stade de France, où se joue un match amical France-Allemagne.
Puis au cœur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l’arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d’un concert au Bataclan, où l’assaut sera donné peu après minuit.
Deux assaillants sont en fuite, la traque s’organise. Elle durera cinq jours : Abdelhamid Abaaoud, un des djihadistes les plus recherchés et chef opérationnel des attentats, et son complice sont tués le 18 novembre lors de l’assaut policier dans un immeuble de Saint-Denis où ils s’étaient retranchés.
Une enquête tentaculaire, en collaboration avec la justice belge, a permis de reconstituer largement la logistique des attentats, du parcours à travers l’Europe des membres des commandos, revenus de Syrie par la route des migrants, à leurs planques en Belgique et près de Paris.
Les investigations ont mis au jour une cellule bien plus importante derrière ces attaques, qui a également frappé l’aéroport et le métro de Bruxelles le 22 mars 2016 en faisant 32 morts.
« Pas un procès d’exception »
En l’absence du donneur d’ordres, le vétéran du djihad Oussama Atar, et d’autres gradés de l’EI comme les frères Fabien et Jean-Michel Clain, présumés morts et jugés par défaut, tous les regards seront tournés vers Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles.
La cour, qui ne les interrogera pas avant 2022, arrivera-t-elle à lever les dernières zones d’ombre du dossier, à commencer par le rôle exact joué par Salah Abdeslam, mutique pendant l’instruction ?
« Ce procès promet d’être chargé en émotions, la justice se devra toutefois de les tenir à distance si elle ne veut pas perdre de vue les principes qui fondent notre État de droit », mettent en garde les avocats de Salah Abdeslam, Olivia Ronen et Martin Vettes.
« Nous veillerons à ce que ce procès exceptionnel ne devienne pas un procès d’exception », soulignent-ils.
« Tout le monde a à cœur que ce soit un procès digne, et il le sera forcément si la place de la défense est préservée », renchérit une autre avocate de la défense, Fanny Vial.
Plus d’une centaine de témoins ont été cités, dont de nombreux enquêteurs français et belges, et l’ex-président François Hollande.
Ce procès sera le deuxième en matière de terrorisme, après celui des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, à être intégralement filmé au titre des archives audiovisuelles de la justice. (AFP)
Ce procès hors-norme, la plus grande audience criminelle jamais organisée en France, doit s’ouvrir à la mi-journée dans l’historique palais de justice de Paris, sous sécurité maximale dans un contexte de menace terroriste toujours élevé.
La cour d’assises spéciale doit juger - jusqu’au 24 ou au 25 mai 2022 - 20 accusés, dont Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos téléguidés par le groupe État islamique (EI) qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis, et profondément traumatisé le pays.
Dix autres hommes, incarcérés pendant la durée du procès dans des prisons franciliennes, prendront place à ses côtés dans le box des accusés, jugés pour leur participation à ces attentats, les plus sanglants de l’après-guerre en France.
Trois accusés comparaîtront libres sous contrôle judiciaire, six autres seront jugés par défaut.
Au total, douze des vingt accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Ce procès « historique » est « celui de tous les superlatifs », a souligné lundi le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti après avoir visité la salle de 550 places construite spécialement pour les audiences, qu’il a qualifiées de « marathon judiciaire ».
Outre l’ampleur titanesque du dossier -542 tomes, soit 53 mètres linéaires-ce procès est inédit en matière criminelle par sa durée et le nombre de parties civiles, près de 1800.
« Immergés dans l’horreur »
« C’est un plongeon dans l’inconnu », estime Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association de victimes Life for Paris. « On a maintenant hâte que ça commence, mais avec cette question : comment ça va se passer pendant neuf mois ? ».
En raison de la « cohue » attendue mercredi et jeudi lors des deux premiers jours d’audience, essentiellement consacrés à l’appel des parties civiles, l’association a conseillé à ses membres « de ne pas venir » s’ils ont déjà un avocat.
Me Gérard Chemla a fait de même avec les 130 parties civiles qu’il représente : « on sait qu’on va être confrontés à des choses très douloureuses, on va être immergés dans l’horreur et on n’en sortira pas », redoute-t-il.
Un des premiers moments forts est attendu dès le 28 septembre avec le début des témoignages de quelque 300 proches de victimes et rescapés des attaques. Ils doivent se succéder à la barre pendant cinq semaines pour raconter cette nuit d’épouvante et ses séquelles, des drames personnels mêlés à un effroi collectif.
Il est 21 h 16 ce vendredi 13 novembre 2015 quand le pays bascule dans la terreur : un « kamikaze » vient de se faire exploser près du Stade de France, où se joue un match amical France-Allemagne.
Puis au cœur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l’arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d’un concert au Bataclan, où l’assaut sera donné peu après minuit.
Deux assaillants sont en fuite, la traque s’organise. Elle durera cinq jours : Abdelhamid Abaaoud, un des djihadistes les plus recherchés et chef opérationnel des attentats, et son complice sont tués le 18 novembre lors de l’assaut policier dans un immeuble de Saint-Denis où ils s’étaient retranchés.
Une enquête tentaculaire, en collaboration avec la justice belge, a permis de reconstituer largement la logistique des attentats, du parcours à travers l’Europe des membres des commandos, revenus de Syrie par la route des migrants, à leurs planques en Belgique et près de Paris.
Les investigations ont mis au jour une cellule bien plus importante derrière ces attaques, qui a également frappé l’aéroport et le métro de Bruxelles le 22 mars 2016 en faisant 32 morts.
« Pas un procès d’exception »
En l’absence du donneur d’ordres, le vétéran du djihad Oussama Atar, et d’autres gradés de l’EI comme les frères Fabien et Jean-Michel Clain, présumés morts et jugés par défaut, tous les regards seront tournés vers Salah Abdeslam et Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles.
La cour, qui ne les interrogera pas avant 2022, arrivera-t-elle à lever les dernières zones d’ombre du dossier, à commencer par le rôle exact joué par Salah Abdeslam, mutique pendant l’instruction ?
« Ce procès promet d’être chargé en émotions, la justice se devra toutefois de les tenir à distance si elle ne veut pas perdre de vue les principes qui fondent notre État de droit », mettent en garde les avocats de Salah Abdeslam, Olivia Ronen et Martin Vettes.
« Nous veillerons à ce que ce procès exceptionnel ne devienne pas un procès d’exception », soulignent-ils.
« Tout le monde a à cœur que ce soit un procès digne, et il le sera forcément si la place de la défense est préservée », renchérit une autre avocate de la défense, Fanny Vial.
Plus d’une centaine de témoins ont été cités, dont de nombreux enquêteurs français et belges, et l’ex-président François Hollande.
Ce procès sera le deuxième en matière de terrorisme, après celui des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, à être intégralement filmé au titre des archives audiovisuelles de la justice. (AFP)