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Brésil: Volkswagen, 2e constructeur automobile mondiale, accusé de pratiques "esclavagistes" durant la dictature

Dimanche 29 Mai 2022

Le groupe allemand Volkswagen, deuxième constructeur automobile mondial, fait face à de nouvelles accusations liées à la dictature au Brésil, cette fois pour pratiques "esclavagistes" entre 1974 et 1986, affirment dimanche plusieurs médias allemands. 
 
Selon la chaîne de télévision publique ARD et le quotidien Süddeutsche Zeitung, Volkswagen est convoqué le 14 juin devant un tribunal des Prud'hommes à Brasilia, suite à une notification qui lui a été envoyée par la justice locale le 19 mai.
 
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Volkswagen a assuré que l'entreprise prenait "très au sérieux"" cette affaire ainsi que les "éventuels incidents" qui se seraient produits "et sur lesquels se basent les investigations des autorités judiciaires brésiliennes".
 
Le groupe n'a toutefois pas voulu à ce stade en dire plus "en raison d'une possible procédure judiciaire".
 
Les faits qui lui sont reprochés remontent à la période 1974-1986, durant la dictature militaire qui a sévi au Brésil entre 1964 et 1985. Cela fait déjà plusieurs années que d'anciens employés du groupe durant cette période demandent des indemnisations, mais jusqu'ici sans succès.
 
- "Traite d'humains" -
 
Les plaintes examinées par la justice brésilienne font état, selon les médias allemands, de recours par le constructeur automobile à des "pratiques esclavagistes", à de la "traite d'êtres humains" et accusent le groupe d'avoir été complice de "violations systématiques des droits de l'Homme".
 
A l'époque le groupe avait eu pour projet de construire un grand site agricole au bord du bassin amazonien pour le commerce de viande, la "Companhia Vale do Rio Cristalino". 
 
Des centaines d'ouvriers journaliers et intérimaires furent recrutés pour des travaux de déforestation notamment sur 70.000 hectares, via des intermédiaires, mais, selon les médias allemands avec probablement l'assentiment de la direction du constructeur.
 
Selon ces médias, qui ont pu consulter plus de 2.000 pages de témoignages et de rapports de police, les ouvriers étaient parfois victimes de sévices et de violences de la part des intermédiaires et des gardiens armés du chantier.
 
Les témoignages font notamment état de mauvais traitements contre les ouvriers qui tentaient de s'enfuir, voire de disparitions suspectes. La femme de l'un d'eux a été violée comme punition, selon les médias allemands. Une mère affirme que son enfant est décédé des suites de violences.
 
- "Esclavagisme moderne" -
 
"C'était une forme d'esclavagisme moderne", a déclaré aux médias allemands le procureur brésilien de Rio en charge de l'enquête, Rafael Garcia. 
 
Il évoque des conditions de travail inhumaines sur le site, "avec des ouvriers qui avaient la malaria, pour certains d'entre eux en mourraient et étaient enterrés sur place sans que les familles soient informées".
 
"VW a manifestement non seulement accepté cette forme d'esclavagisme mais l'a aussi encouragée, car c'était de la main d'oeuvre bon marché", a ajouté le procureur.
 
Volkswagen a déjà eu dans le passé maille à partir avec la justice brésilienne pour l'époque de la dictature.
 
En 2020, le groupe a accepté de payer 36 millions de réais (5,5 millions d'euros) pour indemniser des familles d'ex-ouvriers torturés ou assassinés durant cette période.
 
Les anciens employés et leurs familles faisaient valoir que le service de sécurité de VW au Brésil avait collaboré avec les militaires pour identifier de possibles suspects, qui par la suite ont été arrêtés et torturés. Une collaboration confirmée par un rapport indépendant commandé par l'entreprise en 2016. (AFP)
 
 
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