Connectez-vous

Carmen Franco, fille unique du dictateur espagnol, décédée à 91 ans

Vendredi 29 Décembre 2017

La fille unique de Franco voulait bien admettre qu'il avait été un chef de famille autoritaire et machiste. Mais jusqu'à sa mort vendredi à 91 ans, Carmen Franco aura défendu l'oeuvre du dictateur espagnol.

Grand-mère élégante à la chevelure châtain et au regard pétillant, Carmen Franco Polo restait la présidente d'honneur de la Fondation nationale Francisco Franco, créée pour célébrer la figure du "Généralissime, Caudillo par la grâce de Dieu", mort de maladie en 1975 après 36 ans au pouvoir.

Jusqu'à l'année dernière, quand elle sortait d'une messe à la mémoire de son père, les participants faisaient encore le salut fasciste sur le parvis de l'église, en plein Madrid.

"Mon père, c'est à l'Histoire de le juger, pas à moi", s'est-elle justifiée cette année dans l'épilogue d'une biographie romancée - autorisée - écrite par la journaliste Nieves Herrero sur la base de conversations avec elle. "Quand on me dit qu'il était un dictateur, je ne le nie pas mais ça ne me plaît pas parce que c'est dit souvent comme une insulte alors que pour moi, ça ne semble pas si grave".

- Comme une princesse -

"Carmencita" - comme la surnommait la presse franquiste - fut élevée "dans du coton" mais confinée dans des casernes puis des palais où des gouvernantes françaises l'éduquèrent, a relaté sa biographe, soulignant que "jamais Carmen n'alla à l'école, jamais elle n'entra dans une cuisine".

Vainqueur en 1939 d'une guerre civile sanglante, Franco s'installa, avec sa femme et sa fille dotées du même prénom, dans une résidence royale près de Madrid: le palais du Pardo et son immense domaine.

C'est là que "Carmencita" pria pour son père quand il allait rencontrer le Fuhrer du Reich allemand Adolf Hitler, en France, en 1940.

C'est là qu'elle apprit à chasser, rare activité commune avec son père qu'elle a par ailleurs décrit en chef de famille "machiste comme les hommes de son époque" et qui "aimait commander en tout".

C'est aussi dans l'église du domaine que, coiffée d'un diadème, elle se maria en 1950 avec le marquis de Villaverde, Cristobal Martinez Bordiu, lors d'une cérémonie grandiose.

Le couple s'en alla vivre dans un autre palais et eut sept enfants.

Après la mort de Franco en 1975, "la fille du généralissime" devint "la fille du dictateur".

Mais le roi de la nouvelle démocratie espagnole, Juan Carlos Ier - que Franco avait choisi pour lui succéder - la fit "duchesse de Franco" et veilla à ce qu'on n'importune ni sa mère ni elle, selon sa biographe.

Carmen put continuer à chasser, monter à cheval, jouer aux cartes ou multiplier les voyages avec un passeport diplomatique accordé par le souverain, parcourant le monde jusqu'aux Philippines quand sa famille était proche de celle du dictateur Ferdinand Marcos.

- Fortune incalculable -

Dans une Espagne mal guérie de sa guerre civile et de la dictature, ses enfants et petits-enfants - à la vie parfois tapageuse - font à présent encore l'objet d'une curiosité constante de la presse "people", qui les traite comme n'importe quelle célébrité.

Mais la famille se voit régulièrement reprocher de profiter de la fortune opaque du dictateur - dont un très grand nombre de biens immobiliers - que des journalistes évaluent en centaines de millions d'euros.

"Carmen Franco a été l'administratrice de tout ce qu'avaient volé son père et sa mère, une fortune qui n'était pas légale", dit Emilio Silva, un fondateur de l'Association pour la récupération de la mémoire historique.

Un patrimoine dont Carmen assurait pourtant qu'il n'était "pas aussi spectaculaire que les gens le pensaient". (AFP)
 
 
 
Nombre de lectures : 125 fois











Inscription à la newsletter