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Cisjordanie occupée - Des Palestiniens chassés de leurs villages dans l’ombre de la guerre

Dimanche 29 Octobre 2023

En une heure, un hameau de Cisjordanie occupée s’est complètement vidé de ses habitants. Ils sont partis à pied, avec leur chèvres et leurs moutons.

 

Cinq jours après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, les habitants palestiniens disent que des dizaines de colons israéliens, sont arrivés dans le village de Wadi al Seeq, accompagnés de policiers et de soldats israéliens.  

 

Ils ont donné une heure aux 200 habitants de cette communauté bédouine pour quitter leurs terres, affirment leurs représentants.  

Sollicitée à plusieurs reprises, l’armée n’a pas répondu.

 

« On a payé pour ce qui s’est passé chez eux », juge Abou Bachar, réfugié avec une dizaine de familles sur un terrain privé de Taybeh (centre de la Cisjordanie).

 

L’éleveur caprin de 48 ans fait référence aux attaques du Hamas sur le sol israélien, inédites par leur violence et leur ampleur depuis la création de l’État d’Israël en 1948 : selon le bilan israélien, plus de 1400 personnes, en majorité des civils de tous âges, ont été tuées.

 

Depuis, Israël est en guerre avec le Hamas et pilonne sans interruption la bande de Gaza. Plus de 8000 personnes ont été tuées dans le petit territoire côtier, là encore principalement des civils, d’après le décompte du ministère de la Santé du Hamas.

 

Parallèlement, la Cisjordanie occupée depuis 1967 par Israël, déjà théâtre d’affrontements fréquents, est en proie à une flambée de violences : plus de 110 personnes y ont été tuées depuis le début de la guerre.

 

La cohabitation entre les trois millions de Palestiniens et plus de 490 000 colons israéliens, dont l’installation est illégale au regard du droit international, est particulièrement tendue avec une moyenne de huit incidents par jour selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) : intimidations, vols, agressions…  

 

« On ne dort plus, c’est un cauchemar », raconte Alia Mlihat, une habitante de Mu’arrajat, un autre hameau bédouin entre Ramallah et Jéricho.

 

À 27 ans, elle a peur que son village soit le suivant sur la liste : « Avec la guerre, on voit que les colons ont plus d’armes, c’est très difficile, on se demande ce qui va se passer ».

 

« Nous vivons une nouvelle “Nakba”, à cause des colons et de l’armée », poursuit-elle en référence au terme « catastrophe » en arabe, qui désigne le déplacement et l’expulsion de plus de 760 000 Palestiniens lors de la création d’Israël en 1948.

 

Cette année-là, les Mlihat, comme la plupart des bédouins palestiniens, avaient quitté le désert du Néguev.

 

Depuis le 7 octobre, 607 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été déplacées au sein de la Cisjordanie, selon l’OCHA. Les 18 mois précédents, 1100 personnes avaient déjà dû quitter leur terre.

 

Saccage

 

Abou Bachar ne pense qu’à revenir. « Je n’ai pas d’autre endroit où aller », explique-t-il, « nous avons toutes nos affaires là-bas, les denrées que nous achetons en gros, nos tracteurs, nos panneaux solaires… »

 

Il souhaite que « les colons [le] laissent vivre en paix », mais n’y croit pas.

 

« Il y a un plan à long terme pour nous chasser et récupérer nos terres, et ils ont saisi cette occasion pour le faire, pendant que tout le monde regarde Gaza. »

 

Militant israélien de défense des droits de la personne, Guy Hirschfeld, estime que « les colons profitent de la guerre pour finir de vider des personnes non juives la zone C », une partie de la Cisjordanie occupée administrée par l’armée israélienne. Il affirme que 150 kilomètres carrés de terre ont été vidés de leurs habitants.

 

Les colons de Cisjordanie sont loin de pouvoir se prévaloir d’un soutien majoritaire de l’opinion publique. Mais celui de responsables de premier plan, y compris au sein du gouvernement de Benyamin Nétanyahou soutenu par l’extrême droite, leur est acquis.  

 

« L’armée n’est pas toujours présente aux côtés des colons [lors des raids], mais quand elle l’est, généralement, elle n’intervient pas » et « sa présence a tendance à générer plus de violence », note Allegra Pacheco, directrice du Consortium de protection de la Cisjordanie, un groupement d’ONG coordonnant l’aide humanitaire. [AFP]

 

 

 

 

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