La représentante de l’ANC à Paris, notre camarade communiste Dulcie September, froidement assassinée de 5 balles dans la tête devant son domicile à Paris par deux suspects en 1988 avait été judiciairement classé deux après sans suite. Le chef du parti fasciste FN qui avait sévi en Algérie, Jean-Marie Le Pen, avait diffusé son adresse postale.
Voilà que des déclarations récentes d’un ex-agent des services secrets français désignent la piste des services secrets étasunien et de l’apartheid sud-africain. Cette probable manifestation des contradictions montantes entre impérialismes yankee hégémonique et européens va-t-elle relancer l’exigence de vérité et justice pour Dulcie des milliers de militants et citoyens qui l’avaient accompagnée au cimetière du père Lachaise où sont enterrés aussi les Communards.
Confronté à l'intérieur à l'offensive du peuple Sud-Africain depuis la révolte populaire de la jeunesse à Soweto en 1976, à la lutte de libération nationale de la Namibie et de l'Angola, les troupes fascistes de l'apartheid furent encerclées et vaincues en 1988 par les Brigades Internationales Cubaines à Cuito Cuanavale envoyées par Fidel Castro et le Parti Communiste Cubain pendant que la mobilisation internationaliste de boycott des produits sud-africains et des groupes monopolistes impérialistes de leurs alliés étasuniens, britanniques, français et européens pesait de plus en plus lourdement sur l’économie de l’apartheid.
Tel est le contexte d’alors de la libération de Nelson Mandela et des négociations qui contraignirent à la suppression de l’apartheid politique par l’institution d’un humain = une voix.
Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que les impérialistes et les racistes ont, parallèlement aux négociations pour abolir l’apartheid politique, mené une vraie guerre secrète contre les communistes révolutionnaires en les tuant. Citons parmi eux Dulcie September et l’indomptable secrétaire général du Parti Communiste Sud-Africain (PCSA), Chris Hani, qui a succédé à Nelson Mandela comme chef de la branche armée Umkhonto We Sizwe de l’ANC.
Diviser et/ou éliminer les militants communistes révolutionnaires de l’ANC a été un plan exécuté par les services secrets des puissances impérialistes soutiens de l’apartheid. C’est cela que montre très clairement ces larges extraits du discours de Alfred Nzo, secrétaire général de l’ANC tenu à l’occasion du 65éme anniversaire du plus vieux parti communiste d’Afrique né en 1921, le PCSA :
« C'est pour nous un grand plaisir de transmettre les vœux fraternels du Comité Exécutif National et de l'ensemble des membres du Congrès National Africain à ce meeting de commémoration du 65e anniversaire du Parti Communiste Sud-Africain… L'anniversaire de votre parti a lieu un moment où des événements d'une très grande signification historique se déroule dans notre pays, l'Afrique du Sud. Franchissant les barrières étouffantes de l'illégalité, imposée par le régime fasciste de l'apartheid, l'ANC et le SACP se dressent comme des porte-drapeau intraitable marchant la tête des troupes de militants du mouvement démocratique à travers toute l'Afrique-du-Sud... proclament la chute imminente du régime de l'apartheid détesté et mourant… Le jour de la libération s'approche. Pourtant, camarades, parce que notre ennemi commun réalise que notre victoire est en vue, la période à venir verra le conflit s'intensifier entre les forces de progrès et de réaction, un conflit qui sera très coûteux en vies humaines. Pendant la période d'épreuves qui nous attend, nous sommes certains que l'expérience que le Parti communiste sud-africain a accumulé et la maturité qu'il a atteint seront d'un grand secours pour notre large mouvement de libération nationale. Importante composante de ce mouvement, le Parti communiste Sud-Africain est appelé à augmenter sa contribution la cause commune alors que nous marchons côte à côte pour détruire le système de l'apartheid et le gouvernement de la minorité blanche. Camarades la domination impérialiste sur notre pays a produit l'un des systèmes sociaux les plus horribles que l'humanité ait jamais connus.
Ce n'est pas un hasard si l'apartheid, comme le nazisme, a été considéré et dénoncé solennellement comme un crime conte l'humanité. Ce système, comme le nazisme, défend la théorie de la pratique de la négation de l'humanité d'un peuple tout entier. Ce qui se traduit par la perpétuation quotidienne du crime de génocide contre notre peuple...
Face à ce front, on trouve quelques-uns des éléments les plus réactionnaires de la politique internationale, comprenant les racistes de toutes catégories, les néo- nazis et ceux qui recherchent l'hégémonie impérialiste mondiale. Comme nous approchons du but, ces forces ( dont bien entendu le régime de Botha lui-même) travaillent avec plus de fébrilité. Ils veulent saper et briser cette unité pour immobiliser autant de forces antiraciste que possible, réduire l'isolement international du régime de l'apartheid et affaiblir notre mouvement en divisant et coupant ses liens avec l'Union Soviétique et les autres pays socialistes.
Comme le fit son père nazi, le régime de Pretoria soutenu par des alliés qui lui font écho, compte sur l'utilisation de l'anti-communisme, sa principale arme idéologique. Le but des attaques de ceux qui cherchent à nous maintenir en servitude est aujourd'hui axé sur le rôle et la position du SACP. dans la lutte Sud-africaine, sur l'extension et la profondeur de l'influence des communistes dans l'ANC… Cette contre-offensive est allée si loin qu'on a publié des études détaillées qui prétendent établir la position de chacun des membres de la direction de l'ANC, chacun d'entre nous, dirigeants de l'ANC, se trouve sommé avec une grande insistance, d'expliquer si nous sommes ou non membres du Parti Communiste.
De nombreux démocrates sud-africain ont été confronté à cette question au début des années 50. Aux termes de la ''loi sur la répression du communisme '', des personnes étaient obligées de se déclarer adversaires du communisme ou devaient affronter les conséquences : mise à l'index et interdiction d'être cité par les mass-médias. Ce n'est pas du tout par hasard que ces faits ont eu lieu en Afrique-du-sud au moment même où le Mc Carthysme aux États-Unis et aussi la guerre froide avaient atteint le sommet ; c'est révélateur quant à ce qui se passe aujourd'hui. Tout cela alimenté par un anti-communisme hystérique et enragé.
Alors, que la ''loi sur la répression du communisme'' était voté en 1950, le souvenir de la tyrannie nazie était toujours vivant dans l'esprit de notre peuple. Quand on leur demanda d'acheter une liberté limitée en dénonçant le communisme, tous les véritables démocrates africains refusèrent. Ils refusèrent parce qu'il se souvenaient que la dénonciation des communistes, la persécution et le meurtre des communistes seraient un prélude à la répression de notre mouvement démocratique tout entier. Aujourd'hui nous sommes encore sur cette position.
Des membres de notre Comité exécutif national ont été désignés pour être assassinés. Selon les plans de l'ennemi, on dira qu'ils ont été tués par des nationalistes anti-communistes appartenant à notre mouvement. L'espoir que les forces de la réaction entretiennent, c'est que s'ils peuvent faire accréditer cette histoire, ils peuvent aussi persuader l'ensemble de l'humanité d'accepter comme légitime une compagne intensifiée de terreur contre le mouvement de libération nationale de notre pays...
Comme nous le savons, les services spéciaux des Etats-Unis ainsi que ceux de la Grande Bretagne et d'autres pays impérialistes, y compris Israël sioniste, fournissent au régime de Pretoria les informations dont il a besoin pour mener bien des opérations de meurtre, bien organisées et exécutées avec précision contre des dirigeants du Congrès National Africain. Avec en arrière plan comme scénario, le régime de Botha offrant un ''rameau d'olivier'' à ceux , à l'intérieur des rangs du Congrès National Africain, qu'il considère comme des nationalistes modérés, en leur demandant de revenir en Afrique du Sud pour participer au processus constitutionnel progressif qui doit aboutir à la solution du problème sud-africain selon ses propres conditions. Il n'est pas nécessaire de répéter ici que ces manœuvres réactionnaires de division n'aboutiront pas. Le Congrès National Africain est solidement uni, ainsi que l'a démontré amplement la seconde conférence consultative nationale qui s'est tenue l'année dernière en Zambie.
On ne pourra d'aucune manière persuader l'ANC de rompre son alliance avec le Parti Communiste Sud-Africain, car l'histoire de notre lutte a indéniablement démontré que c'est cette unité inaltérable de toutes les forces démocratiques progressistes qui mobilisera avec succès et ralliera l'ensemble des masses opprimées de notre peuple pour détruire rapidement le régime détesté de l'apartheid. Il est utile de rappeler ici, la déclaration de notre Président, le camarade O.R. Tambo, qui, à l'occasion du 60ème anniversaire du Parti Communiste Sud-Africain, a affirmé en se référant à son alliance avec l'ANC, que ''celle-ci n'est pas simplement une alliance de papier, établie lors des conférences et concrétisée par la signature de documents représentants seulement l'accord des dirigeants. Notre alliance est un organisme vivant qui a grandi avec la lutte…
Aujourd'hui, nous devons défendre le peuple Palestinien comme nous défendons ceux de Namibie sous la direction de notre alliée, la SWAPO, du Nicaragua, du Salvador, du Timor-Oriental, d'Afghanistan, du Mozambique et d'Angola…
Le fait est que l'impérialisme s'oppose à l'ordre démocratique en Afrique-du-Sud. La démocratie effraie l'impérialisme parce qu'il ne veut pas que notre peuple puisse dans sa totalité choisir son destin...
Les révélations récentes, concernant le fait que les services secrets des Etat-Unis et de la Grande -Bretagne ont transmis des informations sur l'ANC à leurs confrères sud-africains, ne sont pas une surprise. Le fait même de l'existence d'une alliance contre la démocratie en Afrique du Sud exige que cette forme de coopération, et d'autres, doit exister entre le régime fasciste de Pretoria et les forces étatiques droitières des pays occidentaux quelles que soient leurs prétentions démocratiques...
Camarades, ... Aucun état d'urgence, aucun massacre, aucun assassinat, aucune arrestation ou détention n'arrêtera le mouvement en avant vers le transfert du pouvoir au peuple. Trois siècles et demi d'impérialisme arrivent maintenant à leur terme. Les premiers éléments du pouvoir du peuple commencent déjà à émerger grâce aux énormes sacrifices que notre peuple consent pour établir un ordre démocratique dans notre pays… Chers Camarades, En félicitant le Parti Communiste Sud-Africain à l'occasion de son 65ème anniversaire, nous appelons toutes les forces démocratiques antiracistes engagées à l'intérieur comme à l'extérieur du pays dans la lutte pour la destruction du régime criminel de l'apartheid à s'unir comme jamais auparavant. La route que nous devons poursuivre est peut-être difficile et sanglante, mais elle sera plus courte si nous la poursuivons dans l'unité. Longue vie au Parti Communiste Sud-Africain ! Longue vie à l'alliance antifasciste entre l'ANC et le Parti Communiste Sud-Africain ! Longue vie à l'unité de toutes les forces démocratiques et antiracistes ! ».
Certains débats sur l’expérience sud africaine ne tiennent nullement compte du rapport réel des forces dans le combat anti-colonial et anti-impérialiste. Ce texte a le mérite de resituer le contexte de victoire et de compromis dans lequel l’apartheid politique a été aboli. Le communiste Nelson Mandela, ex-dirigeant de la branche armée de l’ANC, a su aborder cette première étape de la marche du peuple sud africain vers l’abolition de l’apartheid socio-économique.
A la génération actuelle de la lutte révolutionnaire pour décoloniser économiquement et socialement l’ex-colonie des Boers et du Royaume Uni pour paraphraser Franz Fanon de l’accomplir.
Aux révolutionnaires anti-impérialistes, notamment communistes, des pays comme notre Sénégal ou encore l’AES, de garder en tête cette expérience dans leur marche vers la souveraineté politique, économique, monétaire, militaire et culturelle pour sortir du sous-développement consécutif à la surexploitation imposé par la colonisation et le néocolonialisme.
28/01/25
Diagne Fodé Roland