L’Ukraine a imposé d’urgence vendredi des coupures d’électricité dans plusieurs régions et a appelé les Occidentaux à l’aider à faire face à des attaques « barbares », après que de nouvelles frappes russes massives ont endommagé trois centrales thermiques.
Une attaque de drones distincte a par ailleurs causé la mort d’une civile et blessé un homme dans la localité de Myrivska, a annoncé le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk (centre-sud), Serguiï Lyssak.
Côté russe, un civil a été tué et deux autres blessés par un drone ukrainien qui s’est écrasé sur un immeuble d’habitation à Belgorod, une ville proche de l’Ukraine, a déclaré le gouverneur régional Viatcheslav Gladkov.
Les forces aériennes ukrainiennes ont pour leur part assuré avoir détruit la grande majorité des 99 missiles et drones russes – un chiffre particulièrement élevé – lancés au cours de cette nouvelle série de bombardements nocturnes.
Moscou a intensifié ses frappes aériennes contre l’Ukraine au cours des dernières semaines, s’en prenant en particulier au réseau énergétique et disant agir en représailles aux attaques de Kyiv dans ses régions frontalières.
Dans son compte-rendu quotidien, l’armée russe a confirmé avoir ciblé pendant la nuit des infrastructures énergétiques, mais également des « défenses antiaériennes » ukrainiennes avec des missiles, notamment hypersoniques, et des drones.
Au total, dix régions ont été visées à travers toute l’Ukraine et six personnes, dont un enfant, ont été blessées dans ces frappes, a souligné le ministère ukrainien de l’Intérieur.
Trois centrales touchées
Trois centrales thermiques ukrainiennes ont subi d’importants dommages après les tirs russes, a affirmé le fournisseur d’énergie ukrainien DTEK, sans donner la localisation de ces installations.
« Les occupants ont attaqué trois centrales thermiques DTEK. Les équipements ont été gravement endommagés », a déploré la compagnie dans un communiqué, précisant que ses ingénieurs avaient « rapidement » réagi pour faire face aux dégâts.
L’opérateur national Ukrenergo s’est quant à lui dit « contraint de procéder d’urgence à des coupures [de courant] jusqu’au soir » dans trois régions en raison du « manque de capacité de production » d’électricité à la suite de « l’attaque massive » russe. Des « restrictions » étaient déjà en place dans deux autres régions après de précédents bombardements.
Le ministère de l’Énergie a indiqué dans la soirée avoir procédé au total à des coupures de courant dans sept régions, et demandé aux Ukrainiens « leur compréhension pour ces difficultés temporaires ».
« L’ennemi espère semer la panique et le désespoir. Mais nous avons passé l’hiver dans la lumière et au chaud, et nous allons continuer », a-t-il ajouté dans un message sur Telegram.
Le ministre de l’Énergie Guerman Galouchtchenko avait auparavant annoncé qu’une « attaque massive » avait particulièrement ciblé des sites de production d’énergie dans les régions de Dnipropetrovsk, Poltava (centre) et Tcherkassy (centre).
Le premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, a dénoncé des « attaques barbares contre le système énergétique ukrainien ».
« L’Ukraine a besoin de davantage de systèmes de défense antiaérienne », a-t-il plaidé.
Kyiv réclame à ses alliés occidentaux de lui envoyer davantage d’aide, et plus vite. Mais, à Bruxelles comme à Washington, des divisions politiques ont enrayé la livraison d’armes et l’envoi de fonds ces derniers mois.
La Maison-Blanche a de son côté déclaré que les frappes russes étaient « un terrible rappel des efforts de Vladimir Poutine pour saper le moral des Ukrainiens et les plonger dans l’obscurité ». Dans le communiqué, Adrienne Watson, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a exhorté le Congrès à adopter le projet de loi pour financer l’aide américaine à l’Ukraine.
« Les besoins de l’Ukraine sont urgents et nous ne pouvons nous permettre aucun retard supplémentaire », a-t-elle ajouté.
Les responsables ukrainiens insistent notamment sur la fourniture de batteries Patriot supplémentaires. Ce puissant et coûteux système de défense antiaérienne a été pour la première fois livré à l’Ukraine au printemps 2023.
Le président Volodymyr Zelensky a ainsi évoqué vendredi la nécessité de « reconstituer plus rapidement les stocks » de la défense antiaérienne ukrainienne et dit « compter sur la réaction rapide » des alliés occidentaux de son pays.
Bombes planantes
Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, dans une interview diffusée vendredi, a de son côté relevé que l’avantage de l’armée russe en termes de munitions tirées de part et d’autre était de « six contre un ».
Selon lui, avec une meilleure défense antiaérienne et plus de munitions, l’Ukraine aurait « sans aucun doute » pu garder certaines des positions qu’elle a récemment perdues.
Il a en outre affirmé que la Russie avait « augmenté de façon significative l’activité de son aviation », utilisant notamment des bombes aériennes guidées « qui détruisent nos positions ».
Les forces aériennes ukrainiennes ont dit vendredi avoir intercepté « 84 cibles aériennes », soit 26 missiles et 58 drones Shahed de fabrication iranienne, sur les 99 engins lancés par les Russes.
L’armée russe envoie quasiment chaque nuit des missiles ou des drones sur le territoire de son voisin, mais leur nombre est généralement plus faible.
L’armée polonaise a quant à elle fait état d’une surveillance renforcée de l’espace aérien, quelques jours après qu’un missile russe tiré vers des villes de l’ouest de l’Ukraine a survolé pendant 39 secondes son territoire. [AFP]