L’idée funeste dite de patrimonialisation du pouvoir qui a fait florès sous le règne des Wade semble être en fin de compte une constante chez les politiciens gâteux de la République. Le candidat Macky Sall qui avait fait mille et une promesses autour des biens publics est lui aussi passé à la trappe, un peu plus vite qu’on ne l’aurait imaginé. Des textes de loi sur la transparence ont certes été votés par l’assemblée nationale sur instigation du palais de la République, mais une cohérence globale fait défaut aux intentions annoncées. Le sabordage volontaire et impitoyable de l’Ofnac, juste 4 ans après sa mise sur pied, est le symbole vivant de cette boulimie destructrice des espoirs de bonne gouvernance entrevus.
La patrimonialisation des biens publics s’est donc institutionnalisée dans nos mœurs gouvernantes, incrustée quelque part dans cet espace complexe qu’est le cerveau humain. Le dernier exemple en date concerne bien évidemment le chef de l’Etat sénégalais dans sa façon curieuse de «gérer» le «cas» Karim Wade. Le 23 mars 2015, ce dernier a été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à six ans de prison et à une amende de 138 milliards de francs Cfa pour le délit d’enrichissement illicite.
Quinze mois plus tard, en juin 2016, l’ex ministre d’Etat est exfiltré de la prison de Rebeuss, nuitamment, pour être déposé au Qatar. La présidence sénégalaise indique que Karim Wade a demandé et obtenu la grâce du chef de l’Etat. Une grâce dont les termes non encore rendus publics semblent avoir imposé l’exil au fils de l’ancien chef de l’Etat, sous la supervision de l’Emirat gazier du Golfe. Novembre 2018, le dossier est devenu une patate chaude pour le président de la République, englué dans ses réflexes politiciens d’enfer, à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle.
La grâce présidentielle «offerte» à Karim Wade dans cette affaire est objet de divergences. Mais c’est l’autre versant de la sentence prononcée par la Crei qui interpelle : l’amende de 138 milliards de francs Cfa. Elle est devenue l’arme de chantage contre Karim Wade auquel des autorités centrales et périphériques promettent l’application rigoureuse de la contrainte par corps. Le message à l’endroit du fils Wade ne comporte aucune ambiguïté : ne remettez pas les pieds au Sénégal et on passera l’éponge sur votre dette.
C’est donc d’un bien public (l’amende en question) dont le président de la République se sert pour combattre un adversaire politique transformé en exilé de luxe. Macky Sall peut-il mettre en gage des deniers supposément publics en échange de sa propre tranquillité, pour ses ambitions personnelles ? Si tant est que Karim Wade a été justement condamné par la Crei, si tant est que son procès n’a pas été une parodie judiciaire, pourquoi la plus haute autorité politique se permet-il une si grande légèreté dans la gestion de ce dossier ? Dans aucun pays démocratique respectable, une telle confusion des genres ne saurait être admise par les institutions de contre-pouvoir. Mais quand un système de patrimonialisation est en vigueur, rien n’est impossible.
La patrimonialisation des biens publics s’est donc institutionnalisée dans nos mœurs gouvernantes, incrustée quelque part dans cet espace complexe qu’est le cerveau humain. Le dernier exemple en date concerne bien évidemment le chef de l’Etat sénégalais dans sa façon curieuse de «gérer» le «cas» Karim Wade. Le 23 mars 2015, ce dernier a été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à six ans de prison et à une amende de 138 milliards de francs Cfa pour le délit d’enrichissement illicite.
Quinze mois plus tard, en juin 2016, l’ex ministre d’Etat est exfiltré de la prison de Rebeuss, nuitamment, pour être déposé au Qatar. La présidence sénégalaise indique que Karim Wade a demandé et obtenu la grâce du chef de l’Etat. Une grâce dont les termes non encore rendus publics semblent avoir imposé l’exil au fils de l’ancien chef de l’Etat, sous la supervision de l’Emirat gazier du Golfe. Novembre 2018, le dossier est devenu une patate chaude pour le président de la République, englué dans ses réflexes politiciens d’enfer, à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle.
La grâce présidentielle «offerte» à Karim Wade dans cette affaire est objet de divergences. Mais c’est l’autre versant de la sentence prononcée par la Crei qui interpelle : l’amende de 138 milliards de francs Cfa. Elle est devenue l’arme de chantage contre Karim Wade auquel des autorités centrales et périphériques promettent l’application rigoureuse de la contrainte par corps. Le message à l’endroit du fils Wade ne comporte aucune ambiguïté : ne remettez pas les pieds au Sénégal et on passera l’éponge sur votre dette.
C’est donc d’un bien public (l’amende en question) dont le président de la République se sert pour combattre un adversaire politique transformé en exilé de luxe. Macky Sall peut-il mettre en gage des deniers supposément publics en échange de sa propre tranquillité, pour ses ambitions personnelles ? Si tant est que Karim Wade a été justement condamné par la Crei, si tant est que son procès n’a pas été une parodie judiciaire, pourquoi la plus haute autorité politique se permet-il une si grande légèreté dans la gestion de ce dossier ? Dans aucun pays démocratique respectable, une telle confusion des genres ne saurait être admise par les institutions de contre-pouvoir. Mais quand un système de patrimonialisation est en vigueur, rien n’est impossible.