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Emeutes: plus de 1.300 interpellations lors d'une quatrième nuit de violences, début des obsèques de Nahel

Samedi 1 Juillet 2023


Les obsèques du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier, ont débuté samedi à Nanterre, quelques heures après une quatrième nuit consécutive de violences urbaines et de pillages dans toute la France au cours de laquelle plus de 1.300 personnes ont été interpellées.
 
Samedi en fin de matinée, la foule s'est pressée au funérarium de Nanterre pour la levée du corps du jeune homme, dans un climat très tendu, ont constaté des journalistes de l'AFP. Nahel doit être inhumé en début d'après-midi au cimetière du Mont-Valérien tout proche, dans la plus stricte intimité familiale. 
 
"Paix à son âme, que justice soit faite", a lancé sous couvert d'anonymat à l'AFP une Nanterrienne en sortant du funérarium. "Je suis venue soutenir la maman, elle n'avait que lui, la pauvre".
 
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort de l'adolescent ont continué à embraser de nombreuses villes du pays, malgré les "moyens exceptionnels" déployés par les forces de l'ordre pour tenter d'enrayer la spirale de la violence. 
 
Au moins 1.311 personnes ont été interpellées dans la nuit, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur, dont 406 à Paris et en proche banlieue.
 
Quelque 1.350 véhicules ont été incendiés, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, et 2.560 feux comptabilisés sur la voie publique, selon Beauvau, des chiffres en net recul par rapport à ceux de la nuit précédente. 
 
En déplacement dans la nuit à Mantes-la-Jolie (Yvelines), Gérald Darmanin a fait état de violences d'une "intensité moindre". 
 
Son ministère a par ailleurs recensé dans la nuit 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de police municipale et 11 de casernes de gendarmerie, et fait état de 79 policiers et gendarmes blessés.
 
Selon une source policière, Lyon et Marseille ont été les deux agglomérations les plus touchées.
 
- Incendies et pillages -
 
Sur les bords du Rhône, une trentaine de magasins du centre-ville ont été victimes des pilleurs.
 
"Lundi (...) je mets tout en vente, ça suffit", lançait, dépitée, la patronne d'une boutique de lingerie dans une rue piétonne jonchée de débris. "Il faut partir, c'est tout ce qu'il reste à faire", a renchéri le gérant d'un petit hôtel proche.
 
A Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, un émeutier a tiré au fusil à grenailles en direction de trois policiers qui ont été blessés, a rapporté une source policière.
 
Marseille a à nouveau été le théâtre de heurts et de scènes de pillages, du centre-ville puis plus au nord dans ces quartiers populaires longtemps laissés pour compte que le président Emmanuel Macron a visités en début de semaine.
 
Quelques armes de chasse ont également été dérobées dans une armurerie mais sans munition, selon la préfecture de police.
 
La région parisienne n'a pas été épargnée par les flammes, notamment Colombes (Hauts-de-Seine), enveloppée d'une forte odeur de brûlé, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
 
A Saint-Denis, un centre administratif a été incendié, et dans le Val-d'Oise, la mairie de Persan-Beaumont et le poste de police municipale ont été en partie détruits par les flammes. "Un acte inqualifiable", a dénoncé sur place le ministre délégué au Logement, Olivier Klein. 
 
La nuit a été plus calme à Bordeaux, Dunkerque (Nord) ou Calais (Pas-de-Calais) mais de nombreuses villes ont été touchées par les incidents comme Evreux (Eure), où un hypermarché a été pillé, et Lens, dont la mairie a été prise pour cible.
 
Afin de tenter d'enrayer la spirale des émeutes, Gérald Darmanin avait annoncé vendredi la mobilisation "exceptionnelle" de 45.000 policiers et gendarmes.
 
- Concerts annulés, couvre-feux -
 
Le ministre de l'Intérieur avait également demandé aux préfets l'arrêt des bus et tramways dans toute la France après 21h00. Et de nombreuses communes avaient instauré un couvre-feu.
 
Des manifestations "contre le racisme, les crimes et les violences policières" ont également été interdites vendredi soir à Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux ou Toulouse. 
 
Le gouvernement a aussi décidé l'annulation d'événements "de grande ampleur", notamment les concerts de Mylène Farmer au stade de France vendredi et samedi.
 
La cellule interministérielle de crise s'est réunie une nouvelle fois samedi matin,  autour du directeur de cabinet de la Première ministre, Elisabeth Borne pour faire le point de la situation. Les ministres ont pour leur part été priés de rester à Paris ce week-end.
 
La question de l'état d'urgence reste posée et scrutée à l'étranger, d'autant plus que la France accueille à l'automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l'été 2024.
 
Les joueurs de l'équipe de France de football ont envoyé dans la soirée un "appel à l'apaisement". "Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction", ont exhorté les Bleus. 
 
Cette spirale de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005 après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
 
L'étincelle a été cette fois le drame survenu mardi non loin du centre des affaires de La Défense, lors d'un contrôle de police sur la voiture conduite par Nahel, un mineur connu pour des refus d'obtempérer.
 
Le policier de 38 ans auteur du coup de feu mortel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi après-midi.
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