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En Ukraine, un premier Noël célébré le 25 décembre

Lundi 25 Décembre 2023

Les Ukrainiens se préparaient dimanche aux célébrations de Noël de manière synchrone avec le monde occidental pour la première fois de leur histoire, un signe de défi vis-à-vis de Moscou.

 

« Nous prions pour la fin de la guerre. Nous prions pour la victoire », a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une adresse exceptionnelle tournée depuis la Laure des Grottes de Kyiv, un majestueux monastère orthodoxe fondé au XIe siècle.

 

« Pour la paix, pour la justice », a-t-il poursuivi devant ce haut lieu religieux qui abritait jusqu’à fin 2022 le primat de l’Église orthodoxe ukrainienne dépendante de Moscou.

 

À Odessa, grande ville portuaire bordant la mer Noire, plusieurs dizaines de personnes se sont elles rassemblées pour l’office religieux dans la cathédrale de la Nativité du Christ. À l’intérieur du bâtiment, deux grands sapins de Noël habillés de guirlandes bleues et scintillantes trônent devant les icônes dorées.

 

C’est la première fois dans l’histoire moderne de l’Ukraine que les croyants orthodoxes vont fêter Noël de manière synchrone avec les catholiques mais aussi les orthodoxes grecs, roumains et bulgares le 25 décembre, et non le 7 janvier du calendrier civil comme il était de tradition jusque-là.

 

L’Église orthodoxe russe a en effet gardé pour les fêtes religieuses l’ancien calendrier julien, décalé de 13 jours, ce qui place le 25 décembre et la célébration de Noël au 7 janvier du calendrier civil.

 

« Nous voulons vraiment célébrer cette fête d’une nouvelle manière. C’est une fête avec toute l’Ukraine, avec notre Ukraine indépendante », explique à l’AFP Olena.

 

Son fils, dit-elle, s’est porté volontaire au sein de l’armée ukrainienne dès le premier jour de l’invasion russe le 24 février 2022 et se trouve actuellement dans la zone de Kherson comme infirmier militaire (Sud).

 

« Nous devons vraiment célébrer Noël avec le monde entier, loin, très loin de Moscou », lâche encore Olena, bonnet blanc sur la tête.

 

En juillet, Volodymyr Zelensky a officialisé le déplacement des célébrations de Noël du 7 janvier au 25 décembre, une décision qui fait partie d’une série de mesures prises par l’Ukraine pour se distancier de Moscou, en pleine invasion russe qui dure depuis près de deux ans.

 

Le texte voté par les députés ukrainiens expliquait alors que les Ukrainiens voulaient « vivre leur propre vie, avec leurs propres traditions, leurs propres fêtes ».

 

Un moyen, notait aussi le texte, d’« abandonner l’héritage russe qui imposait les célébrations de Noël le 7 janvier ».

 

Pour Oleksandre Boubnov, habitué de la cathédrale de la Nativité du Christ à Odessa, « si tout le monde accepte [le changement de date], cela se répandra facilement dans tout le pays » comme une nouvelle tradition. « La transition a été facile », assure-t-il.

 

« Rejoindre le monde civilisé »

 

La loi de juillet dernier illustre ainsi le fossé qui s’est creusé entre les églises de Kyiv et de Moscou depuis plusieurs années, renforcé par l’invasion russe.

 

À Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine et zone globalement épargnée par les frappes russes, Taras Kobza se réjouit lui du changement de date, « notre chemin », jure-t-il, pour s’éloigner de la Russie. « Nous devons rejoindre le monde civilisé », ajoute-t-il à l’issue d’une procession religieuse dans les rues de la ville, vêtu de son uniforme militaire.

 

« C’est vraiment génial », s’enthousiasme Tetiana, une chanteuse dans un groupe musical traditionnel. « Je suis très heureuse que nous célébrions enfin le réveillon et Noël avec le reste du monde », dit-elle.

 

« C’est naturel, c’est comme ça que ça doit être », enchaîne Zoryana, sa camarade, foulard coloré typique sur la tête.

 

Placée durant plusieurs siècles sous la tutelle religieuse de la Russie, l’Église orthodoxe ukrainienne a été déclarée autocéphale et indépendante du patriarcat de Moscou en 2019.  

 

En mai 2022, l’Église ukrainienne restée fidèle à Moscou a elle aussi déclaré son indépendance en réaction au soutien à la guerre exprimé par le patriarche russe Kirill.

 

Une poignée d’Églises orthodoxes dans le monde, dont celles de Russie ou de Serbie, emploient encore le calendrier julien pour leurs célébrations religieuses et non le calendrier grégorien, conçu à la fin du XVIe siècle.

 

À l’époque soviétique, les autorités prônaient l’athéisme, et les traditions de Noël, telles que les sapins et les cadeaux, ont été déplacées vers le réveillon du Nouvel An, qui est devenu la principale fête et l’est toujours pour de nombreuses familles ukrainiennes.

 

Lors du réveillon de Noël, les Ukrainiens ont pour tradition de passer à table le soir avec 12 plats sans viande, dont la « koutia », un entremets composé de grains de blé bouillis, de miel, de raisins secs, de noix concassées et de graines de pavot. [AFP]

 

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