La vie politique n’est pas uniquement limitée à l’exécutif et aux assemblées législatives, au partage ou à la contestation du pouvoir par les différentes forces politiques et courants d’opinion. Il existe toute une série de micro-pouvoirs, de dispositifs, d’interactions individuelles et collectives. La politique au sens large ne se limite pas à la « pensée organisée» et aux actions rationnelles, construites logiquement. Dans son épaisseur, mais aussi dans son ambivalence, elle interroge la vie en société, son organisation et les divers événements que les individus et les groupes cherchent à inscrire dans une filiation pour leur donner du sens.
Des indépendances à nos jours, la question du pouvoir occupe une place centrale puisqu’il s’agit d’inventer la démocratie et d’adopter un modèle républicain durable. Dans cette quête, il n’y a rien de linéaire et de déterminé.
Les acteurs ne savent pas quelle sera la marche de « l’advenir » ni la portée des décisions prises. Ce qu’ils vivent et ce qu’ils ont vécu sont l’objet d’interprétations et de réévaluations, faisant appel à des grilles de lectures plus ou moins élaborées.
Mais une absente demeure empêchant d’avoir accès à une compréhension plus globale : il s’agit de la haine qui affleure parfois dans les analyses réfléchies, dans les anathèmes adressés à tel ou tel adversaire, dans les discussions collectives et les pensées personnelles.
Une haine qui n'est plus refoulée, plus intériorisée, qui s'exprime presque sans explication consciente et qui répond pourtant à un programme si elle ne constitue pas le programme en soi.
Moustapha Diakhaté, ou la haine érigée en programme
La haine est bien une composante de la vie politique au Sénégal mais au lieu d'être sourde, souterraine, elle donne lieu à publication. Les descriptions y sont trépidantes, les formules assassines, les élans lyriques, les récits aux allures d’épopées qu'on veut coûte que coûte faire porter par la mémoire collective et l’imaginaire politique.
Parlant de Moustapha Diakhaté, l’analyse de son cas se présente comme une sorte de constat désabusé. Il n’y a rien à faire. La haine est chez lui une forme de sadisme.
Depuis 2014, le Sieur Moustapha Diakhaté, théoricien et instigateur de la radiation d'Ousmane SONKO, n'a cessé d'instrumentaliser une haine politique si intense contre ce dernier, que la proscription qu'il en a fait d’un adversaire devient une jouissance. L’homme haineux éprouve du plaisir à voir souffrir sa victime et au même titre tous ceux qui ont de la sympathie pour Sonko. Sa haine baveuse a transmuté en une réponse à la crainte de la reddition ou à l’effroi que l’autre peut provoquer.
L'autre ou la figure de l’ennemi, dont on cherche à se venger, même si on parvient à le repousser, est bien sûr celle du révolutionnaire, issus d’un passé proche de victime expiatoire d'un régime froid et démocraticidaire, devenu par la grâce des urnes détenteur actuel du pouvoir décisionnel.
La morale de l'histoire montre aisément que même si la haine ne peut s'accommoder de décence et de hauteur, le temps finit toujours par faire advenir une certaine justice divine car aussi patient qu'Il soit, Dieu n'est pas passif pour autant. L'opprobre par Son fait se pare de lumière et auréole son objet de gloire...
C'est ainsi, que de manière plus subtile, Il exerce une violence mesurée de telle sorte que des logiques violentes apparaissent en pleine lumière, avec leurs racines, leur machine à broyer, mais aussi leur échec inéluctable.
Et l'effet boomerang de la haine est assuré. C'est cet objet aux propriétés aérodynamiques qui le fait revenir vers le lanceur, après le jet aux relents putrides !
Engager la responsabilité pénale des propagateurs de haine
Les injures et les diffamations haineuses restent avant tout des injures et des diffamations au sens du droit. Les éléments constitutifs de ces délits ou de ces contraventions doivent donc être caractérisés. Toutefois, ces infractions contiennent, toujours en droit, un élément supplémentaire tenant à une «identité » de la personne ou du groupe de personnes visé (l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, à une nation, à une race, à une religion déterminée, le sexe, le handicap, l’orientation sexuelle). Et en ce sens, Ousmane Sonko n'a échappé à aucune forme de ravalement.
La responsabilité pénale et le jugement des allégations criminelles par les tribunaux sont importants car ils exigent que les individus soient jugés pour ce qu'ils font. Nous devons encourager la prise de toutes les mesures possibles dans ce sens.
Forger une communauté à visage plus humain
Il faut que s’ouvre la possibilité d’une résistance turbulente et opiniâtre à la haine. Être ensemble dans cette lutte permet de puiser dans les rires, la force de mettre le tragique à distance, de rendre l’absurde, le méchant délibérément visible, de le tourner en ridicule pour mieux le renverser, le désarmer jusqu’à faire surgir la figure d’une autre communauté possible, une communauté à visage plus humain.
Le dernier mot reste bien sûr le devoir de lucidité et d'appartenance à un destin commun où la haine quelle que soit sa forme et ses moyens d'expression puisse être désactivée.
Contre la haine et ses mots, sa voix, et à la fulgurance qu’elle introduit dans le monde du seul fait d’être envers et contre tout, doit nous inviter à nous emparer du pire dans une radicalité inventive et ainsi, peut-être, esquisser les conditions d’une possible nécessaire réparation.
Voilà, en somme, le pari de la démocratie à gagner.
Khady Gadiaga, 24 novembre 2024
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