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FORUM DE TANA 2017 - L’urgence de tomber enfin dans la bénédiction des ressources naturelles

Mardi 17 Janvier 2017

Le principe de malédiction qui est très souvent accolé à la découverte de ressources naturelles en Afrique n’est pas une fatalité. Et le lien supposé qui relierait l’exploitation de ces ressources aux conflits violents encore moins. C’est la posture «afroptimiste» adoptée par une frange significative du leadership africain depuis plusieurs années à travers le Forum de haut niveau de Tana (Ethiopie) dont la sixième édition se prépare activement.
 
Comment sortir du guêpier infernal dans lequel l’Afrique est enserrée depuis plusieurs décennies et qui a été relevé par la Banque africaine de développement (Bad), à savoir que : «au cours des 60 dernières années, entre 40 et 60% des conflits armés internes étaient liés aux ressources naturelles» ? L’équation perdure et ne semble pas devoir être résolue de sitôt.
 
C’est pourtant la tâche essentielle que se fixe le Forum de Haut niveau sur la sécurité en Afrique dont la sixième édition aura lieu du 20 au 23 avril prochains à Tana. Dans ce havre naturel du septentrion éthiopien qui trône à 1800 mètres d’altitude, d’éminents experts, décideurs et dirigeants africains se penchent cette année sur le thème : «Gouvernance des ressources naturelles en Afrique.»
 
La note de cadrage du Forum est sans équivoque : «le continent, à lui seul, détient 12% des réserves mondiales de pétrole, 40% des gisements d’or du monde et environ deux tiers des terres du monde les plus appropriées pour l’agriculture et les forêts.» Entre un potentiel partiel aussi gigantesque et les réalités quotidiennes des populations africaines, notamment celles au sud du Sahara, le fossé est abyssal.
 
Cette situation atypique est d’autant plus insupportable, poursuit la note, que «la mauvaise évaluation» desdites ressources naturelles en Afrique «entraîne une perte de 50 milliards de dollars US par an», c’est-à-dire «plus que l’investissement direct étranger et l’aide au développement réunis en Afrique.»
 
Ce paradoxe est bien africain avec des conséquences liées aux conflits violents, au phénomène de la corruption des élites dirigeantes, aux inégalités dans la société, au chômage massif des jeunes, à la casse ininterrompue de l’environnement et des écosystèmes. «Il est donc évident que l’un des problèmes les plus importants et litigieux auxquelles l’Afrique est confrontée actuellement dans le secteur des ressources naturelles est de savoir comment inverser les malheurs» induits par des formes d’exploitation non conformes aux bonnes pratiques «afin que les avantages découlant des richesses providentielles du continent créent de nouvelles opportunités et des effets multiplicateurs positifs pour les citoyens.»
 
La réponse au «comment» passerait, entre autres pistes, par la restauration d’une gouvernance qui ne se limiterait plus seulement à «faire une fixation» sur les ressources naturelles extractives. En effet, le Forum de Tana estime utile et nécessaire d’inclure dans son agenda des questions liées également à la «gouvernance d’autres ressources naturelles» dont la terre, l’eau, les mers, les forêts et la biodiversité. Le but visé est de chercher «à comprendre pourquoi l’exploitation de ces ressources est de plus en plus source de tension et de violence.» Tension et violence, deux phénomènes «qui ont des répercussions dramatiques sur la paix et la stabilité sur le continent», lit-on dans la note de cadrage.
 
Interrogations concrètes, réponses urgentes
Pour des solutions concrètes et efficaces, Tana 2017 veut dépasser «le récit dominant et parfois trompeur» qui encadre jusqu’ici la malédiction supposée des ressources. Il s’agira d’alors de voir plus loin que l’appétit dominateur de puissances étatiques ou de multinationales prédatrices sur le continent. Par exemple, qu’en est-il de «la relation opaque, parasitaire et incestueuse soutenue par l’Etat qui exerce un contrôle», de «la tendance généralisée à fonctionner comme une «"économie enclavée" qui peut être physiquement dans un pays et fonctionner largement en dehors des lois et règlements nationaux», des normes doubles des opérations et pratiques dans lesquelles s’engagent les acteurs externes qui dominent le secteur» ?
 
Ces interrogations demandent réponse urgente car l’existant à travers le continent est problématique, même si des efforts de médiations tendent à neutraliser les velléités armées. Le potentiel  d’instabilités lié aux conflits concernant les industries extractives, les difficultés de partage des richesses hydriques entre communautés nationales, transfrontalières ou entre pays limitrophes, les contraintes propres à la gestion de la biodiversité, etc. représentent des menaces permanentes.
 
C’est pourquoi l’édition 2017 du Forum de Tana «sollicitera des points de vue alternatifs et intégrés» sur les modes de gestion des ressources naturelles, notamment dans les espaces éloignés et pour la plupart non gérés en Afrique, mais en plus, elle «facilitera le débat sur la manière de concevoir, de planifier et de mettre en œuvre de nouveaux cadres de gouvernance (…) pour améliorer ou mettre fin aux contradictions récurrentes» dans ledit secteur. (Momar DIENG)
 
 
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