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Gaza, « un lieu de mort » devenu « inhabitable », selon l’ONU

Samedi 6 Janvier 2024

Théâtre samedi de nouvelles frappes israéliennes, la bande de Gaza est devenue un « lieu de mort » tout simplement « inhabitable », alerte l’ONU après quasiment trois mois de bombardements intensifs qui pourraient embraser la région.

 

Selon des journalistes de l’AFP, des frappes israéliennes ont retenti tôt samedi à Rafah, ville à la pointe sud de la bande de Gaza où se sont réfugiés ces dernières semaines des centaines de milliers de Palestiniens qui tentent d’échapper aux affrontements.

 

Vendredi, des sources hospitalières ont fait état de 35 morts à Deir al-Balah (centre) alors que dans le nord de Gaza, où l’armée israélienne avait lancé son opération terrestre fin octobre, les bombardements se poursuivent. « Tout le quartier est détruit et je ne sais pas où les gens vont retourner. Où allons-nous vivre ? », a dit à l’AFP un habitant de Jabaliya (nord) après une frappe israélienne.  

 

« Regardez cette destruction, mais malgré cela, nous resterons déterminés. Nous n’avons pas fui vers le sud ou ailleurs, nous sommes restés à al-Sika (quartier de Jabaliya), là où se trouvaient nos maisons », a-t-il ajouté.  

 

La bande de Gaza est « tout simplement devenue inhabitable », et ses habitants « font face à des menaces quotidiennes sous les yeux du monde », a résumé le coordinateur des affaires humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths.  

 

Selon l’UNICEF, les affrontements, la malnutrition et la situation sanitaire ont créé « un cycle de la mort qui menace plus de 1,1 million d’enfants » dans ce territoire paupérisé avant même le début de la guerre.

 

Israël a juré de « détruire » le Hamas – mouvement islamiste classé comme terroriste par les États-Unis et l’Union européenne – après son attaque inédite sur le sol israélien le 7 octobre, fatale à 1140 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien. Environ 250 personnes ont été prises en otage, dont une centaine libérées lors d’une trêve fin novembre.

 

Les opérations militaires israéliennes ont fait 22 600 morts à Gaza, majoritairement des femmes et mineurs, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

 

« Nous continuons de demander une fin immédiate au conflit non pas seulement pour la population de Gaza et ses voisins menacés, mais pour les générations à venir qui n’oublieront jamais les 90 jours d’enfer et d’attaques sur les principes les plus fondamentaux de l’humanité », a déclaré M. Griffiths.

 

« Riposte inéluctable »

 

Israël a toutefois martelé que son opération à Gaza allait se poursuivre jusqu’au « retour » des otages et « l’élimination » des capacités militaires du Hamas qui restent d’ailleurs « importantes », selon son allié américain.  

 

« 2024 sera une année de combats », a prévenu le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari, en faisant état aussi « d’un très haut niveau de préparation » des troupes à la frontière avec le Liban, théâtre quasi quotidien depuis le 8 octobre d’échanges de tirs avec le Hezbollah, mouvement soutenu par l’Iran comme le Hamas.

 

Ces tensions sont allées crescendo cette semaine avec l’élimination, dans une frappe attribuée à Israël, du N. 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, dans un quartier sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.  

 

« La riposte est inéluctable […] Nous ne pouvons pas garder le silence sur une violation de cette magnitude car cela signifierait que tout le Liban serait exposé » à l’avenir, a déclaré vendredi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « Nos combattants dans l’ensemble des zones frontalières […] répondront à cette dangereuse violation », a-t-il ajouté.

 

En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires des États-Unis, principal allié d’Israël, ont bondi ces dernières semaines tandis qu’au Yémen les rebelles houthis, aussi soutenus par l’Iran, ont multiplié les tirs en mer Rouge afin d’y freiner le trafic maritime international en « soutien » aux Palestiniens de Gaza.

 

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell doit s’entretenir ce week-end avec des responsables au Liban alors que le secrétaire d’État américain Antony Blinken est en Turquie pour une tournée régionale qui doit aussi le conduire en pays arabes et en Terre sainte dans l’espoir d’éviter un embrasement régional.  

 

Gaza après la guerre

 

Autre élément possible à son programme : l’avenir à plus long terme de Gaza. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a dévoilé jeudi son premier plan pour l’après-guerre qui prône la mise en place d’une administration sans le Hamas, mais sans présence civile israélienne.

 

« Les habitants de Gaza sont Palestiniens. Par conséquent des entités palestiniennes seront en charge [de la gestion] à la condition qu’il n’y ait aucune action hostile ou menace contre l’État d’Israël », a souligné M. Gallant, dont le plan n’a pas reçu à ce stade l’aval du gouvernement israélien divisé sur cette question épineuse.  

 

« Gaza est une terre palestinienne qui a vocation à faire partie du futur État palestinien […] il ne revient pas à Israël de décider de l’avenir de Gaza », a déclaré vendredi à CNN la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna.

 

Pour Ziad Abdo, 60 ans, un Palestinien qui a fui les combats pour se réfugier à Rafah, « l’avenir, ce sera surtout la reconstruction. Regardez les hôpitaux détruits, les écoles en ruines. Il ne reste plus rien ».

 

Mais pour deux ministres israéliens d’extrême droite – Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich – le futur de Gaza passe plutôt par le départ de Palestiniens sur place et le retour de colons juifs.

 

D’ailleurs en Cisjordanie occupée, le nombre de nouvelles colonies sauvages et de routes pour les colons a connu une progression « sans précédent » depuis le début de la guerre à Gaza, soutient dans une étude l’ONG israélienne Peace Now (La Paix Maintenant).

 

« Les trois mois de guerre à Gaza sont instrumentalisés par des colons afin de créer un état de fait sur le terrain et ainsi prendre le contrôle de plus larges pans » de la Cisjordanie, souligne l’ONG, citant un « environnement politique » favorable aux colons. [AFP]

 

 

 

 

 

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