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Guerre en Ukraine, jour 509 - Moscou stoppe l’accord céréalier, Kyiv frappe le pont de Crimée

Lundi 17 Juillet 2023

Moscou a refusé lundi de reconduire en l’état l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, crucial pour l’alimentation mondiale, quelques heures après une attaque ukrainienne qui a partiellement détruit pour la deuxième fois le pont stratégique reliant la Russie à la péninsule de Crimée qu’elle a annexée en 2014.
 
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a réagi à la décision russe, soulignant que « des centaines de millions de personnes font face à la faim » et qu’elles allaient en « payer le prix ». L’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield a accusé Moscou de « prendre l’humanité en otage », et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, rejointe par Londres, Paris et Berlin notamment, a condamné une décision « cynique ».
 
Moscou, qui « est seule responsable du blocage de la navigation dans cet espace maritime et impose un blocus illégal aux ports ukrainiens » doit « cesser son chantage sur la sécurité alimentaire mondiale », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.
 
Quant à l’Ukraine, elle a affiché sa volonté de continuer à exporter ses céréales par la mer Noire, avec ou sans l’accord de Moscou sur la sécurité des navires. « Nous n’avons pas peur », a déclaré le président Volodymyr Zelensky, qui avait reçu au début du mois, lors d’une visite à Istanbul, le soutien appuyé du président turc Recep Tayyip Erdogan, au grand dam de Moscou.
 
Mais pour l’heure, le Kremlin a signifié une fin de non-recevoir aux appels qui s’étaient multipliés ces derniers jours pour la reconduction de l’accord, réclamant que des exigences concernant ses propres exportations de céréales et d’engrais soient satisfaites.
 
L’accord « s’est de facto terminé aujourd’hui », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que « dès que la partie concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l’accord sur les céréales ».
 
« Si les capitales occidentales apprécient vraiment l’initiative de la mer Noire, alors qu’elles envisagent sérieusement de remplir leurs obligations et retirent effectivement les engrais et les produits alimentaires russes des sanctions. Ce n’est que lorsque des résultats concrets seront obtenus, et non des promesses et des assurances, que la Russie sera prête à envisager de rétablir l’accord », a explicité le ministère russe des Affaires étrangères.
 
Cette annonce intervient quelques heures avant l’expiration de l’accord à minuit (17 h heure de l’Est) à Istanbul.
 
Signé en juillet 2022 sur les rives du Bosphore et déjà reconduit à deux reprises, l’accord a permis, sur l’année écoulée, de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, en dépit du conflit.
 
La Turquie, l’Ukraine et l’ONU ont été notifiées de la décision du Kremlin, a indiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
 
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit cependant convaincu que son « ami M. Poutine veut poursuivre l’accord » permettant l’exportation des céréales d’Ukraine en mer Noire.
 
Londres a estimé que « les discussions » vont se poursuivre, et Paris a exhorté Moscou à « revenir sur sa décision ».
 
Drones navals
 
L’annonce du Kremlin intervient quelques heures après une attaque ukrainienne par drone naval qui a partiellement détruit pour la deuxième fois le pont de Crimée, reliant la Russie à la péninsule ukrainienne annexée en 2014, et tué deux civils.
 
L’attaque a causé d’importants dégâts sur la section routière de l’ouvrage, qui sert notamment à acheminer du matériel militaire à l’armée russe combattant en Ukraine.
 
Elle a été menée par les services spéciaux et les forces navales ukrainiens à l’aide de « drones navals », a indiqué lundi à l’AFP une source au sein des services ukrainiens de sécurité (SBU).
 
Le Comité antiterroriste russe (NAK) a précisé dans un communiqué qu’elle avait eu lieu à 3 h 05 (20 h 05 heure de l’Est) et confirmé qu’elle avait été menée par des « drones navals de surface ».
 
Deux civils, un homme et une femme qui circulaient en voiture, y ont été tués, et leur fille blessée, a affirmé lundi le Comité d’enquête russe.
 
Sur Telegram, la chaîne de télévision publique Crimée-24 a publié une vidéo du pont montrant une portion de sa section routière partiellement effondrée.
 
Le pont en béton, long de 18 kilomètres, construit à grands frais sur ordre du président russe Vladimir Poutine et qu’il avait inauguré en 2018, consiste en deux ouvrages parallèles, l’un réservé à la circulation routière et l’autre au trafic ferroviaire.
 
La section ferroviaire du pont n’a pas été endommagée et la circulation y a repris dans la matinée, ont indiqué les autorités de Crimée.  
 
Des traversiers permettant de traverser le détroit ont repris leurs rotations. Mais le gouverneur russe de la péninsule annexée, Sergueï Aksionov, a invité les touristes russes devant repartir en voiture à le faire via les territoires sous contrôle russe de l’est de l’Ukraine, dont certaines portions sont sous le feu de l’armée ukrainienne qui pilonne les voies de ravitaillement russes.
 
Le viaduc de béton qui enjambe le détroit de Kertch avait déjà été endommagé le 8 octobre dernier par une puissante explosion attribuée par les autorités russes à un camion piégé par les services secrets ukrainiens. Il avait fallu des mois de travaux avant de le remettre pleinement en service.
 
Sur le front, où l’armée ukrainienne a décrit ces derniers jours des combats « intenses » entre ses forces engagées dans une contre-offensive et les soldats russes, c’est lundi le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, ancien prisonnier politique en Russie, engagé dans l’armée pour défendre son pays et tout juste décoré par la France de la Légion d’honneur, qui a révélé avoir été blessé dans la région de Zaporijjia (Sud).
 
Enfin, un avion d’attaque au sol russe Su-25 s’est abîmé dans la mer d’Azov, toute proche. Le pilote est mort. (AFP)
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