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Israël exige l’évacuation de la ville de Gaza, le Hamas refuse

Vendredi 13 Octobre 2023

Depuis le début des hostilités, déclenchées le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas, au moins 1200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées en Israël.  

 

Le Hamas détient depuis environ 150 otages, dont, a-t-il annoncé vendredi, 13, « incluant des étrangers », ont été tués dans des frappes israéliennes sur Gaza. Ces bombardements massifs, lancés en riposte sur l’enclave palestinienne ont fait 1537 morts, dont 500 enfants, selon un dernier bilan vendredi des autorités locales.  

 

L’armée israélienne « ordonne l’évacuation de tous les civils de la ville de Gaza de leurs domiciles vers le sud, pour leur propre sécurité et protection », a-t-elle annoncé vendredi à l’aube, dans une escalade de sa riposte. 

 

Les civils devront « se rendre dans le secteur au sud du Wadi Gaza », un ruisseau situé au sud de la ville de Gaza, a-t-elle précisé. Mais elle a ensuite admis que l’évacuation « prendra du temps », sans confirmer l’échéance de 24 heures.

 

Dans les rues de Gaza, des habitants commençaient dans la matinée à se diriger vers le sud, à pied en portant enfants et quelques biens, entassés sur des remorques de camions ou en voiture.  

 

« Notre peuple palestinien rejette la menace des dirigeants de l’occupation et ses appels à quitter leurs maisons et à fuir vers le sud ou l’Égypte », avait entretemps réagi le Hamas.

 

Le Hamas a aussi tiré dans la matinée des centaines de roquettes depuis Gaza vers le territoire israélien, selon une journaliste de l’AFP, l’armée israélienne confirmant des tirs.

 

« Conséquences dévastatrices »

 

Pour l’ONU, l’évacuation ordonnée par Israël concerne environ 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza, près de la moitié de la population totale de l’enclave.

Une évacuation d’une telle ampleur est « impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices », a averti le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric.

 

En conséquence, « les Nations Unies appellent fortement à ce que cet ordre […] soit annulé » a-t-il insisté, une réponse qualifiée de « honteuse » par l’ambassadeur d’Israël à l’ONU.  

 

Le roi Abdallah II de Jordanie a lui mis en garde vendredi contre « toute tentative de déplacer les Palestiniens », soulignant que le conflit « ne devait pas se propager aux pays voisins », selon le Palais.  

 

Jeudi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait appelé les Gazaouis à « rester sur leur terre », alors que les appels se multiplient pour que l’Égypte autorise un passage sécurisé pour les civils de l’enclave.

 

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé vendredi le transfert de son centre d’opérations et de son personnel vers le sud de la bande de Gaza.

 

Jeudi, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait promis, à l’issue d’un entretien à Tel-Aviv avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, d’anéantir le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans l’enclave palestinienne et classé « terroriste » par les États-Unis et l’Union européenne.

 

Le 7 octobre à l’aube, au dernier jour des fêtes juives de Souccot, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, pour tuer plus d’un millier de civils dans la rue, chez eux ou en plein festival de musique, semant la terreur sous un déluge de roquettes.  

 

Cette attaque d’une extrême violence a sidéré le pays et traumatisé survivants et secouristes.

 

« Nous ne savons pas où aller »

 

Dans la ville de Sdérot, proche de la frontière avec Gaza, Yossi Landau, un bénévole de l’organisation de secours israélienne Zaka, dit avoir été témoin d’une violence qu’il n’avait jamais vue.  

 

Pendant que les combats faisaient rage, « un tronçon de route qui aurait dû prendre 15 minutes nous a pris 11 heures parce que nous sommes allés chercher tout le monde et les avons mis dans des sacs », raconte cet homme de 55 ans. « J’ai senti que je m’effondrais », se souvient-il.  

 

Après l’attaque, l’armée a affirmé avoir récupéré les corps de 1500 combattants du Hamas infiltrés.

 

Des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps en cours d’identification.

 

Dans sa riposte, l’armée israélienne a annoncé jeudi avoir largué sur la bande de Gaza environ 6000 bombes pour un total de 4000 tonnes d’explosifs depuis samedi.

 

Dans l’enclave palestinienne, le fracas des explosions, des drones et autres déflagrations est incessant, de jour comme de nuit. L’armée israélienne a indiqué avoir ciblé dans la nuit 750 « cibles militaires », dont des « résidences de terroristes de haut rang utilisées comme centres de commandement militaire ».  

 

Des « frappes massives » ont ciblé le camp d’Al-Shati, le plus grand de la bande de Gaza, selon des journalistes de l’AFP sur place.  

 

« Nous ne savons pas où aller. Il n’y a pas d’endroit sûr », s’indigne vendredi matin, Mohamed Abou Ali, devant des décombres fouillés par des habitants de Gaza à la recherche de personnes ensevelies.  

 

« Il y a des cadavres sous les décombres. Nous ne savons pas où aller », abonde un autre habitant, Ahmed al-Naha.

 

Plus de 423 000 Palestiniens ont dû quitter leurs domiciles dans la bande de Gaza pour fuir les bombardements, selon l’ONU, qui a lancé un appel d’urgence aux dons.  

 

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) accueille environ 64 % de ces déplacés dans ses établissements.

 

Mais dans la bande de Gaza, territoire pauvre et exigu soumis depuis 2007 à un blocus terrestre, aérien et maritime, les 2,4 millions d’habitants sont privés d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.

 

« L’unique centrale électrique de la bande de Gaza s’est trouvée à court de carburant et a cessé de fonctionner, coupant la seule source d’électricité » de l’enclave dont la plupart des habitants « n’ont plus accès à l’eau potable », a rapporté le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

 

Selon cette organisation, un réservoir d’eau et une usine de dessalement ont été touchés par des frappes aériennes.
 

« L’UNICEF a indiqué que certains ont commencé à boire de l’eau de mer, très salée, et contaminée par 120 000 md’eaux usées non traitées chaque jour », ajoute le texte.

 

Outre les bombardements, l’armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour de l’enclave et à la frontière avec le Liban, pays depuis lequel le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, lance régulièrement des roquettes contre Israël.

 

Des milliers de personnes ont par ailleurs manifesté vendredi à Téhéran et à Bagdad en soutien aux Palestiniens, tandis que le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, en visite à Beyrouth, appelait les États-Unis à « contrôler Israël s’ils veulent éviter une guerre régionale.

 

Antony Blinken avait assuré jeudi à Tel-Aviv que les États-Unis seraient » toujours « aux côtés d’Israël. Il avait aussi indiqué avoir discuté » des moyens de répondre aux besoins humanitaires des habitants de Gaza afin de les protéger.

  

Le message de soutien américain doit être convoyé également par le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, venu lui aussi à Tel-Aviv vendredi pour rencontrer notamment M. Nétanyahou, et le ministre de la Défense, Yoav Gallant.

 

En Jordanie, où il était arrivé vendredi, M. Blinken a rencontré le roi Abdallah II et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il est ensuite attendu au Qatar, en Arabie saoudite, en Égypte et aux Émirats arabes unis.

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir vendredi pour aborder la situation à Gaza. Une première réunion du Conseil, le 8 octobre, n’avait abouti à aucune condamnation unanime de l’attaque du Hamas. [AFP]

 
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