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Italie: Giuseppe Conte, premier ministre pressenti, soupçonné d'avoir "gonflé" son CV

Mardi 22 Mai 2018

ROME (Reuters) - Giuseppe Conte, le professeur de droit que le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue ont choisi pour diriger le gouvernement italien, a été accusé mardi d'avoir embelli son curriculum vitae.

Le M5S a démenti, mais ces allégations sont venues alimenter les doutes quant au choix de cet universitaire sans expérience de la politique, d'autant que le programme qu'il devra mettre en oeuvre effraye l'Union européenne et les marchés financiers.

Matteo Salvini et Luigi Di Maio, chefs de file de La Ligue et du M5S, ont recommandé lundi au chef de l'Etat de le nommer à la présidence du Conseil, mais Sergio Mattarella a souhaité consulter au préalable les présidents des deux chambres.

Depuis, plusieurs CV de Giuseppe Conte, dans lesquels il dit avoir "approfondi ses études de droit" dans de nombreuses universités étrangères, dont celles de New York, de Cambridge et de la Sorbonne, à Paris, ont été passés au crible.

"Ce nom n'apparaît dans aucun de nos registres des étudiants ou du corps professoral", a déclaré au New York Times une représentante de la première, sans exclure qu'il ait pris part à des formations d'un ou deux jours, qui ne donnent lieu à aucun enregistrement.

Dans le CV publié sur le site internet du Parlement, Giuseppe Conte dit avoir étudié au moins un mois tous les ans à l'université de New York entre 2008 et 2012.

Lui-même n'a pas réagi, mais le M5S souligne dans un communiqué qu'il n'a jamais prétendu avoir suivi un cursus précis ni avoir obtenu le moindre diplôme à New York.

"Conte, comme tout chercheur, est allé à l'étranger pour étudier, approfondir ses connaissances, perfectionner ses compétences linguistiques en anglais. La presse internationale et la presse italienne se déchaînent donc pour des qualifications que Conte n'a jamais revendiquées", écrit le mouvement.

Matteo Salvini a pour sa part déclaré que Giuseppe Conte restait le candidat de la Ligue et a dit souhaiter que le ministère des Finances revienne à Paolo Savona, un économmiste italien connu pour son hostilité à l'euro.
 
LES MARCHÉS REPRENNENT LEUR SOUFFLE

A l'université de Cambridge, qu'il dit avoir fréquentée en septembre 2001, mois pendant lequel il n'y a d'ordinaire pas de cours, on se refuse à tout commentaire.

De source proche de l'établissement, on assure en revanche qu'il n'y a pas trace de son passage. Il est toutefois possible qu'il y ait assisté à une formation organisée par une tierce partie, a-t-on ajouté.

La Sorbonne fait quant à elle savoir que des vérifications sont en cours pour déterminer quelles recherches Conte a pu y mener.

"S'il n'a pas étudié à l'Université de New York, quelles sont les garanties que le reste du CV est vrai ? Commencer par un mensonge n'est certainement pas la meilleure façon de se présenter au chef de l'Etat en tant que candidat à la présidence du Conseil", a commenté Michele Anzaldi, député du Parti démocrate (centre gauche).

Dans l'attente de la décision de Sergio Mattarella, les marchés italiens ont fait une pause après six jours de forts dégagements dus aux inquiétudes suscitées par le "contrat" de gouvernement conclu par les contestataires du M5S et le parti d'extrême droite.

Les rendements italiens à dix ans ont progressé de près de 70 points de base depuis le début du mois, tandis que le coût de garantie contre le risque de défaut sur la dette italienne est à son niveau le plus haut depuis sept mois.

"Conte fait plutôt figure de marionnette chargée d'appliquer le programme des leaders du M5S et de la Ligue", a estimé Christoph Rieger, stratège chez Commerzbank.

L'intéressé, qui est âgé de 54 ans, a enseigné le droit dans plusieurs établissements italiens et possède une chaire à Florence. Il n'a ni doctorat ni master, mais a contribué à de nombreuses publications juridiques.

La presse italienne le dit proche du Vatican et disciple de Padre Pio, un moine mystique mort en 1968 et canonisé en 2002.
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