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L’Elysée rend visite à Ousmane Sonko : le «monopole» relationnel de Macky Sall cassé sur l’axe Paris-Dakar

Samedi 1 Avril 2023

Désormais, la France parle ouvertement avec Ousmane Sonko qui a adouci sa virulence à son égard. A Dakar, par l’entremise d’une figure de la cellule Afrique l’Elysée. A Ziguinchor, par l’intermédiaire d’agents de renseignements. Elle préférerait sans doute continuer avec Macky Sall, président accommodant et familier, qu’aller à l’aventure avec un souverainiste incontrôlable. Sa diplomatie manœuvre sous un régime de neutralité dynamique.


Le président Macky Sall (g) et Ousmane Sonko
Le président Macky Sall (g) et Ousmane Sonko
 
C’est notre confrère « Le Monde » qui nous l’apprend : Nadège Chouat, numéro deux de la Cellule africaine de l’Elysée (Cellule Afrique), s’est entretenue pendant deux bonnes heures environ avec le chef de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko le 23 mars dernier à Dakar. Le président du parti Pastef-Les Patriotes a réaffirmé devant son hôte la nécessité de réformer le caractère « asymétrique » des relations entre la France et le Sénégal pour les rendre plus équitables.
 
Le 9 mars dernier, sept leaders de l’opposition dont Ousmane Sonko ont été reçus par les ambassadeurs de l’Union européenne - dont le Français Philippe Lalliot - au siège de la Délégation de l’UE. Cette rencontre faisait suite à un coup de gueule du même Sonko reprochant  à l’UE et à d’autres représentations diplomatiques leur frilosité à prendre langue avec l’opposition sénégalaise. Plus énigmatique par contre est ce rendez-vous organisé au début de cette année entre des agents des services de renseignements français et l’opposant sénégalais à Ziguinchor, ville du sud dont il est le maire, ajoute le journal.
 


Ces contacts divers entre Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle du 25 février 2024, et des émissaires français sont une brèche de taille dans le monopole relationnel dont disposait le président Macky Sall sur la ligne Dakar-Paris. Officiellement, l’axe Sall-Macron est toujours été d’excellente qualité, les deux hommes étant même assez familiers dans leurs échanges réguliers. A l’Elysée, le numéro 1 sénégalais est considéré comme un interlocuteur accommodant, regardant sur les intérêts économiques, financiers et stratégiques de la France au Sénégal. Dans le fragile contexte sécuritaire ouest-africain, il est vu comme un élément stabilisateur fiable de ce qui reste du fameux pré-carré français.
 
Candidature « hypothétique »
 
Néanmoins, au nom du principe « les hommes passent, les institutions restent », l’Elysée ne veut rien s’interdire en termes d’options pour le futur. Il se prépare à toutes éventualités d’autant plus que la candidature du président Sall reste « hypothétique », selon le mot de la porte-parole du Quai d’Orsay. Le futur président sortant va devoir faire face à de nombreux barrages de la part des partis politiques et des mouvements de la société civile sénégalaise s’il décidait de franchir le Rubicon et son potentiel de violences. En 2011-2012, dans une posture à peu près similaire, son prédécesseur Abdoulaye Wade avait choisi le passage en force avec l’appui du conseil constitutionnel pour briguer en vain un troisième mandat. Derrière lui, une quinzaine de morts lors de manifestations diverses contre sa candidature auxquelles... Macky Sall avait pris une part active.
 
 « Nous cherchons à écouter. Ousmane Sonko incarne une jeunesse qui est derrière lui. Notre intérêt est de comprendre ce qu’il se passe. La réalité est telle qu’elle est. » (source de l'Elysée cité par ''Le Monde''.)

 Ousmane Sonko – en attendant que son horizon judiciaire s’éclaircisse ou s’obscurcisse - est donc devenu un interlocuteur important, pour ne pas dire incontournable, sur l’échiquier politique sénégalais, en dépit d’une posture indépendantiste et souverainiste qui ne plaît pas forcément à Paris. Mais la France a-t-elle le choix de ses partenaires (futurs) dans un pays comme le Sénégal où le phénomène Pastef a radicalement fait basculer le rapport de force politique en s’appuyant sur une jeunesse revendicatrice d’un rééquilibrage substantiel et global de la coopération avec l’ancienne métropole ?
 
Neutralité dynamique
 
Aujourd’hui, c’est en pleine tempête politico-judiciaire que l’Elysée multiplie les contacts informels avec le leader de l’opposition sénégalaise, mais aussi avec la présidence sénégalaise. Sur son compte Twitter, l’avocat franco-espagnol Juan Branco révèle que des émissaires de l’Elysée et du Quai d’Orsay ont effectué une mission secrète auprès du président sénégalais quelques jours avant le procès en diffamation intenté contre Sonko par le ministre sénégalais du Tourisme le jeudi 30 mars. Branco qui devait faire partie du pool défense de l’opposant a été rapatrié à Paris sitôt après avoir débarqué à Dakar pour des propos jugés irrespectueux envers le chef de l’Etat sénégalais. Macron voulait-il signifier à Sall une ligne rouge à ne pas franchir dans ledit procès ?
 
En parlant « avec tout le monde » tout en restant à équidistance des acteurs politiques concurrents, la France ne souhaite clairement pas insulter l’avenir, soucieuse juste de préserver des intérêts et de l’influence au Sénégal. Ce que l’Elysée appelle « neutralité ». Mais avec les incertitudes politiques et judiciaires au Sénégal, cette neutralité semble plutôt dynamique. Elle s’active en secret à travers une diplomatie d’anticipation prête à composer avec la mouvance politique que les Sénégalais se donneront eux-mêmes en février 2024.
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1.Posté par Me François JURAIN le 02/04/2023 10:05
Bien difficile de savoir ce que sera la position de la France, dans les mois à venir, mais que des émissaires Français rencontrent des membres de l'opposition d'un pays ami, c'est une pratique diplomatique courante, et il ne faut y voir là rien d'anormal. Quant à la position Macroniste, elle est déjà connue: Monsieur MACRON ne dit jamais ce qu'il pense (pense-t-il d'ailleurs?) mais ce que ses interlocuteurs ont envie d'entendre: Donc, à Macky SALL, il lui dira que ce troisième mandat sera une bonne chose pour le Sénégal, et à Ousmane SONKO, qu'il est contre les mandats à répétition, et souhaite une alternance, représentée par ce leader!

En fait, derrière tout ça, le duel SALL-SONKO continue, contre vents et marées, et seul le gagnant en sortira vainqueur. Le plus dur, pour nous autres simples citoyens, c'est d'avoir à supporter le tissu d'âneries que l'on nous distille à longueur de temps: la dernière en date (où peut être l'avant-dernière?) étant celle du conseil constitutionnel, relayée par un garde des sceaux qui a oublié qu'il avait été aussi un constitutionnaliste digne d'intérêt: "en fait, Macky SALL n'a fait qu'un seul mandat, qui court de 2012 à 2024! celle là, il fallait y penser!

Il va nous en falloir, du courage, pour supporter tout ça encore dix mois!!!
Me François JURAIN

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