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L'Iran exécute un trader accusé de trafic d'or

Mercredi 14 Novembre 2018

Téhéran - L'Iran a exécuté mercredi deux personnes, dont un trader surnommé "le Sultan des pièces", pour leur implication dans un important trafic d'or, à hauteur de centaines de millions de dollars, en profitant de la crise de la monnaie nationale, a indiqué l'agence Mizan.

Vahid Mazloomin et son complice Mohammad Esmail Ghassemi ont été reconnus coupables de "corruption sur terre" --le plus grave chef d'accusation en Iran-- pour "avoir formé et géré un réseau visant à déstabiliser l'économie", et exécutés, a précisé Mizan, agence en ligne dépendante de l'autorité judiciaire.
 
L'Iran a souffert d'un net ralentissement économique cette année, à la suite notamment du retrait en mai des États-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015 et du rétablissement de sanctions unilatérales contre Téhéran.

De nombreux Iraniens se sont empressés de sécuriser leurs épargnes en achetant des devises étrangères et des métaux précieux, précipitant la dévalorisation du rial de près de 70% face au dollar et le quadruplement du prix des pièces d'or.

Les forces de police ont indiqué que M. Mazloomin, arrêté en juillet dernier, avait à cette date "amassé au moins deux tonnes de pièces d'or".

Les transactions de son réseau sont estimées à des centaines de millions de dollars.

"Ce réseau tentaculaire a déstabilisé l'économie par ses achats, ses ventes et sa contrebande de devises étrangères et pièces d'or", a écrit l'agence Mizan.

Les autorités et la presse iranienne ont fait état cette année de réseaux de trafiquants et d'intermédiaires qui manipulent les marchés en accumulant les dollars et les pièces pour faire grimper les prix.

En août, le guide suprême Ali Khamenei a approuvé une demande de la justice pour mettre en place des tribunaux révolutionnaires spéciaux afin de juger des personnes accusées de crimes économiques "urgemment et équitablement". Quelques procès télévisés ont déjà eu lieu.

M. Mazloomin et M. Ghassemi avaient été condamnés le 26 septembre et la peine de mort à leur encontre a été maintenue par la Cour suprême le 21 octobre.

Un autre co-accusé, Hamid Bagheri-Dermani, a également été condamné à la peine de mort pour "corruption" en première instance. Il doit être jugé en appel devant la Cour suprême.

En août, le gouverneur de la Banque centrale a été licencié à cause de sa gestion du rial, en chute libre, et son adjoint en charge des devises étrangères arrêté.

L'Iran ne publie pas de statistiques officielles sur les exécutions judiciaires. Mais selon un rapport publié en avril par Amnesty International, il figurait en 2017 au deuxième rang des pays ayant le plus appliqué la peine capitale, derrière la Chine: au moins 507 personnes ont été exécutées, dont six femmes.
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