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L'UA et les Etats-Unis tournent la page de la polémique sur les "pays de merde"

Jeudi 8 Mars 2018

Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a rencontré jeudi à Addis Abeba le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki, qui a appelé à tourner la page sur les propos attribués au président américain Donald Trump sur les "pays de merde".
 
Au cours d'une rencontre d'une heure au siège de l'UA dans la capitale éthiopienne, MM. Tillerson et Faki ont discuté de contre-terrorisme, sécurité, commerce, développement, corruption et conflits.
 
La visite de M. Tillerson s'inscrivait dans le contexte de la polémique sur les "pays de merde". Donald Trump aurait utilisé cette expression pour qualifier Haïti et des pays africains lors d'une réunion à huis clos mi-janvier, selon plusieurs médias et un sénateur qui y a participé.
 
Cette déclaration avait suscité un énorme tollé en Afrique, d'autant que M. Trump s'était ensuite défendu dans une formule alambiquée, reconnaissant uniquement avoir utilisé un langage "dur" mais pas ces mots précis.
 
Mais M. Faki a assuré que cette polémique faisait désormais partie du passé. "J'ai reçu une lettre du président Trump qui m'était adressée et j'en ai parlé à d'autres dirigeants africains. Je crois que cet incident appartient au passé", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe.
 
Cette première tournée africaine de M. Tillerson, qui doit se rendre vendredi à Djibouti et au Kenya, puis la semaine prochaine au Tchad et au Nigeria, autant d'alliés des États-Unis dans la lutte contre l'extrémisme islamiste, a été décrite par les analystes comme un "voyage d'écoute", qui ne devrait pas comporter d'annonce majeure.
 
"L'objectif de ma visite est d'écouter quelles sont les priorités des pays du continent et de voir où il y a des convergences" avec les positions américaines, a confirmé le secrétaire d’État à l'issue de sa rencontre avec M. Faki.
 
- Priorité à la sécurité –
 
Pour les observateurs, le choix des pays visités par M. Tillerson est le reflet de la volonté des États-Unis de se concentrer avant tout en Afrique sur les questions de sécurité.
 
Avec M. Faki, il a évoqué le soutien américain aux forces antiterroristes africaines déployées au Sahel ou en Somalie - pays dans lequel les États-Unis ont multiplié les opérations ces derniers mois -, mais aucun nouvel engagement concret n'a été annoncé.
 
M. Tillerson a estimé que la Mission de l'UA en Somalie (Amisom) était "clairement un exemple de (plusieurs) pays se rassemblant pour contrer le terrorisme, promouvoir la stabilité et permettre de fournir une aide absolument indispensable".
 
"Nous n'avons pas encore gagné la bataille en Somalie et nous devons continuer le combat", a-t-il ajouté.
 
Le déplacement du secrétaire d’État a aussi pour objet de contrer la perception que le continent est loin d'être une priorité pour l'administration Trump.
Il a assuré que sa visite était "une indication de l'importance que le continent tient dans l'avenir des États-Unis, tant du point de vue de la sécurité que de l'économie".
 
A cet égard, il a mis en garde les pays africains contre le risque de dépendance aux investissements chinois, même si les États-Unis "ne tentent en aucune façon de garder hors d'Afrique les dollars investis par la Chine".
 
M. Tillerson a appelé les pays africains à "considérer les termes de ces investissements", sans quoi ils risquent de "perdre leur souveraineté".
 
- M. Lavrov aussi en Afrique –
 
Il leur a aussi demandé de soutenir les efforts américains visant à convaincre la Corée du Nord d'abandonner sa quête de l'arme nucléaire. "Les pays africains peuvent jouer un rôle", a-t-il estimé.
 
Sur la question de la crise nucléaire dans la péninsule coréenne, il a estimé que "nous sommes encore loin de négociations" entre les États-Unis et la Corée du Nord, alors que Pyongyang a laissé entrevoir des signes d'ouverture sur un éventuel dialogue avec Washington.
 
La tournée africaine du secrétaire d’État américain coïncide avec celle du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en Angola, en Namibie, au Mozambique, au Zimbabwe et en Ethiopie.
 
La Russie avait proposé aux Américains une rencontre entre les deux hommes en Ethiopie. Mais ceux-ci n'ont pas donné suite, a expliqué M. Lavrov jeudi au Zimbabwe.
 
A l'issue d'une rencontre avec le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Workneh Gebeyehu, M. Tillerson a toutefois nié vouloir éviter M. Lavrov.
 
"Si ça ne se fait pas ici, lui et moi nous nous voyons suffisamment partout dans le monde, et nous avons chacun nos numéros de téléphone et nous pouvons les utiliser", a-t-il souligné.
 
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