L’Ukraine continuait samedi de compter ses morts après des attaques intenses menées la veille par la Russie sur plusieurs de ses villes, dont la capitale Kyiv, tuant une trentaine de personnes et en blessant des dizaines d’autres, selon les autorités.
La vague de frappes, l’une les plus violentes depuis le début de la guerre il y a bientôt deux ans, a ciblé des immeubles, une maternité ou encore un centre commercial, mais aussi des infrastructures industrielles et militaires.
« Il s’agit de l’attaque de missiles la plus massive », à l’exclusion des premiers jours de la guerre, a déclaré le porte-parole de l’armée de l’air, Iouri Ignat.
Les frappes russes de vendredi ont fait au moins 39 morts, selon un nouveau bilan annoncé samedi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
« À l’heure actuelle, on dénombre malheureusement 39 morts », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, présentant ses « condoléances » aux proches.
L’administration locale a annoncé dans la matinée qu’au moins 16 personnes avaient été tuées la veille dans la capitale, où les frappes meurtrières étaient devenues plus rares ces derniers mois.
Cette attaque a été « la plus importante en termes de victimes civiles », a affirmé samedi le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, déclarant un « jour de deuil » pour le 1er janvier.
« Tous les types d’armes »
Le président Volodymyr Zelensky a assuré que la Russie avait « utilisé presque tous les types d’armes de son arsenal ».
Selon l’état-major ukrainien, Moscou a tiré près de 160 engins, dont des missiles de croisière et des drones explosifs Shahed. La défense antiaérienne est parvenue à abattre 88 missiles et 27 drones.
Plusieurs frappes de l’armée de Kyiv ont fait quatre morts, dont trois enfants, et des blessés dans deux régions russes frontalières de l’Ukraine, ont indiqué les autorités samedi, au lendemain d’une vague d’attaques russes massives sur le territoire ukrainien.
« Deux enfants », dont l’âge n’a pas été précisé, ont été tués dans le centre-ville de Belgorod, a indiqué sur Telegram le gouverneur local, Viatcheslav Gladkov, ajoutant que l’attaque avait également fait des blessés.
Plus tôt, il avait annoncé qu’une frappe nocturne sur un immeuble résidentiel avait causé la mort d’un homme et blessé quatre personnes.
Dans la région de Briansk, elle aussi frontalière de l’Ukraine, les villages de Kister et Borchevo ont été bombardés, ce qui a causé la mort d’« un enfant né en 2014 », selon le gouverneur Alexandre Bogomaz.
Le ministère russe de la Défense a indiqué que les systèmes de défense anti-aérienne avaient détruit 13 missiles au-dessus de cette région.
Il a par ailleurs annoncé que 32 drones ukrainiens avaient été neutralisés au total dans les secteurs de Briansk, Koursk et Orel, au nord de la frontière ukrainienne, ainsi que de Moscou.
La Pologne, pays membre de l’OTAN, a elle dénoncé vendredi une « violation » de son espace aérien « par un missile de croisière », appelant la Russie à « cesser immédiatement de genre d’opération ».
En novembre 2022, un missile ukrainien était tombé sur le village polonais de Przewodow, près de l’Ukraine, tuant deux civils et suscitant brièvement les craintes d’une extension du conflit.
Appel au Congrès
Les frappes ont provoqué de fermes condamnations internationales, le secrétaire général de l’ONU s’élevant contre des « attaques effroyables ».
Cela vient clore une année difficile pour l’Ukraine, marquée par l’échec de sa contre-offensive estivale et une reprise d’initiative des forces de Moscou, qui ont revendiqué cette semaine la prise de la ville de Marinka sur le front est.
Des nouvelles d’autant plus inquiétantes pour Kyiv que l’aide occidentale commence à s’essouffler, en Europe comme aux États-Unis, faisant entrevoir le risque d’un assèchement du flot de munitions et de fonds.
« Le monde doit voir que nous avons besoin de plus d’aide et de moyens pour arrêter cette terreur », a plaidé sur Telegram Andriï Iermak, le chef de cabinet de M. Zelensky.
Un propos repris par le président américain Joe Biden, qui a appelé le Congrès, qui refuse pour l’heure d’allouer plus d’argent à Kyiv, à « agir sans plus attendre » après ces « bombardements massifs ».
Volodymyr Zelensky a exhorté une nouvelle fois jeudi les États-Unis à maintenir leur assistance « essentielle », après le déblocage d’une nouvelle tranche de 250 millions de dollars, la dernière sans un nouveau vote au Congrès américain, qui refuse pour l’instant d’allouer davantage d’aide.
Le premier ministre hongrois Viktor Orban a lui mis son veto à une nouvelle enveloppe d’aide de l’UE, un problème que les Européens espèrent régler lors d’un sommet début février 2024.
La Russie a affirmé avoir visé lors de plus de 50 frappes, dont une « d’envergure » en Ukraine entre le 23 et 29 décembre, des infrastructures militaires, dépôts de munitions et lieux de déploiement des soldats ukrainiens.
À Kyiv, un hangar de 3000 m2 a été la proie des flammes dans le quartier de Podil. Une station de métro utilisée comme abri antiaérien a été endommagée, ainsi que plusieurs immeubles d’habitations et des hangars.
Une maternité de Dnipro a aussi été « gravement endommagée », mais sans victimes, selon le ministère de la Santé. [AFP]