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L’administration Trump enterre publiquement le département de l’Éducation

Jeudi 20 Mars 2025

Donald Trump doit signer jeudi un décret visant à démanteler le département de l’Éducation, un projet attendu et applaudi par la droite américaine, en particulier chrétienne, qui a fait des écoles un champ de bataille contre les idées progressistes.

 

Le président, en s’attaquant à ce département qui joue un rôle limité dans l’éducation aux États-Unis, « vole au secours des enfants américains », a déclaré sa porte-parole Karoline Leavitt jeudi sur Fox News.

 

Elle a confirmé que le décret, dont la signature est attendue à 16 h locale, demanderait à la secrétaire à l’Éducation Linda McMahon de « démanteler cette bureaucratie fédérale qui a coûté plus de 3000 milliards de dollars aux contribuables américains depuis sa création en 1979 » sans, selon elle, améliorer les performances scolaires.

 

Donald Trump « rend l’éducation au peuple », a encore dit Karoline Leavitt, pour qui le département « n’a jamais éduqué un seul enfant. Tout ce qu’il a fait, c’est voler l’argent des contribuables. »

 

« Quelle belle journée pour supprimer le département de l’Éducation », s’est réjoui sur X la Heritage Foundation, un cercle de réflexion très conservateur.  

 

Une suppression définitive doit être décidée par le Congrès, mais Donald Trump et son allié Elon Musk ont déjà démantelé d’autres structures fédérales sans attendre de feu vert parlementaire.

 

Cette décision s’inscrit aussi dans la volonté du président républicain de tailler dans les dépenses publiques.

 

L’impact de ce démantèlement annoncé n’est pas comparable avec ce qu’il serait dans un pays centralisé où l’éducation est gérée au niveau national, comme la France. Aux États-Unis, ce domaine relève déjà largement des autorités locales.

 

Eleves pauvres

 

Mais le rôle du département de l’Éducation américain n’est pas pour autant anecdotique.

 

Les subventions fédérales jouent un rôle important pour les écoles situées dans des zones défavorisées sur le plan économique et social, ainsi que pour les élèves ayant des troubles de l’apprentissage.

 

Plusieurs programmes clés doivent toutefois être épargnés, tels que ceux qui fournissent des bourses aux étudiants et des fonds aux écoles à faibles revenus à travers le pays, ont rapporté de nombreux médias.  

 

Le département de l’Éducation ne peut pas être complètement démantelé sans l’adoption d’une loi nécessitant 60 votes au Sénat, où les républicains disposent actuellement de 53 sièges.

 

La décision de Donald Trump suscite la colère d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants ainsi que de nombreux parents qui y voient une attaque inédite contre l’enseignement public, doublée d’une entreprise de promotion des idées conservatrices.

 

« Encore des conneries. Donald Trump, vous ne pouvez pas fermer ce département et vous le savez », a lancé la sénatrice démocrate Tina Smith sur le réseau social X.

 

« Monsieur le président, rendez-vous au tribunal » a écrit sur la même plateforme Randi Weingarten, dirigeante du grand syndicat d’enseignants AFT.

 

Evangéliques

 

Une initiative similaire visant à démanteler l’agence américaine de développement, l’USAID, a été jugée mardi « probablement » inconstitutionnelle par un tribunal fédéral.

 

La droite dure américaine, et en particulier les mouvements évangéliques, accuse les écoles publiques d’endoctriner les enfants en diffusant des idées « woke ».

 

Ce terme péjoratif fourre-tout est utilisé par les conservateurs pour dénoncer aussi bien des politiques de promotion de la diversité que des courants de recherche universitaire sur le genre ou les discriminations raciales.

 

Dans certains États conservateurs, des contenus pédagogiques ayant trait à l’esclavage ont été modifiés et des romans traitant d’homosexualité ou de racisme ont été retirés des bibliothèques scolaires.

 

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a déjà multiplié les mesures supprimant des financements fédéraux aux écoles, collèges, lycées et universités.

 

Il s’est aussi emparé d’un rapport publié fin janvier sur le niveau des élèves américains, montrant que leurs performances scolaires n’étaient pas revenues aux niveaux pré-COVID-19 et continuaient de se dégrader, particulièrement en lecture.

 

Certains experts ont mis en cause l’exposition toujours plus précoce et prolongée des enfants aux écrans. Mais selon le président américain, ces mauvais résultats prouvent surtout que les financements fédéraux sont inutiles. [AFP]

 
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