« Ceux qui ont survécu aux bombardements courent désormais un risque imminent de mourir de faim et de maladie » : Save the children et d’autres ONG internationales alertent sur la situation « apocalyptique » dans la bande de Gaza, après soixante jours de siège israélien.
« Des centaines d’enfants faisant la queue pour une seule toilette », « des asticots dans des plaies », « des enfants amputés sans anesthésiant » : « nous manquons de mots pour décrire les horreurs qui se déroulent à Gaza », s’indigne Alexandra Saieh, de Save the children.
« Des enfants et des familles errent dans les rues de ce qui n’a pas été rasé, sans nourriture, sans nulle part où aller et sans rien pour survivre », poursuit-elle lors d’un briefing en distanciel d’une dizaine d’ONG avec la presse.
Israël impose un siège total au territoire palestinien depuis le 9 octobre, deux jours après l’attaque des commandos du Hamas, qui ont massacré 1200 personnes, surtout des civils, en Israël, et pris quelque 240 autres en otage.
En représailles, Israël a pilonné le territoire palestinien et lancé le 27 octobre une offensive terrestre, interrompue fin novembre par une semaine de trêve, au cours de laquelle 105 otages ont été libérés. Mais les hostilités ont repris depuis.
D’après le gouvernement du Hamas, plus de 17 000 personnes, dont 70 % de femmes et de mineurs, ont péri.
« Aucun endroit sûr »
« Aucun endroit n’est sûr » à Gaza, dénonce Shaina Low, du Norwegian Refugee Council. Plus de la moitié des logements y ont été endommagés ou détruits et 1,9 million d’habitants — sur un total de 2,4 — ont été déplacés par la guerre, selon l’ONU.
Des centaines de milliers de civils ont fui le nord du petit territoire, dévasté, pour chercher refuge dans le sud. Mais les opérations militaires israéliennes s’y intensifient aussi.
« Israël force les familles à se déplacer d’une zone dangereuse à une autre », s’insurge durant cette même vidéoconférence Mme Low, dont des collègues, à l’instar de milliers d’autres Gazaouis, « dorment dans les rues avec leurs nouveau-nés » faute d’abri sécurisé.
À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, un employé de Médecins du monde « a été blessé quand un char a attaqué une école », où il s’était réfugié, raconte Sandrine Simon, directrice santé de l’ONG.
« Les hôpitaux de Gaza sont en train de devenir des morgues », poursuit-elle, décrivant blessés allongés par terre et personnel épuisé.
Dans l’hôpital Al-Aqsa, au centre de Gaza, où travaille Médecins sans frontières, « 150 à 200 blessés de guerre arrivent chaque jour », mais mercredi, « ils ont reçu plus de morts que de blessés », soupire Isabelle Defourny, présidente de MSF France.
Et dans l’hôpital Nasser de Khan Younès, plus de 5000 blessés et 1400 morts ont été gérés par MSF depuis le 7 octobre, ce qui signifie que « 20 % des patients arrivés étaient déjà morts », dit-elle, dénonçant un « carnage indiscriminé » des troupes israéliennes.
Faim, maladies et « atteintes à la dignité »
La situation à Gaza « est apocalyptique », souligne Bushra Khalidi, d’Oxfam, dénonçant les restrictions israéliennes aux convois humanitaires entrant sur l’étroite bande de terre via le terminal de Rafah, frontalier avec l’Égypte.
Le Programme alimentaire mondial mettait en garde fin novembre contre un « haut risque de famine » pour les Gazaouis, notamment « les femmes et les enfants ».
Au même moment, le patron de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Ghebreyesus, listait sur X les maladies frappant le territoire, du fait de « la surpopulation, du manque d’eau, d’assainissement, et d’hygiène de base » : plus de 100 000 habitants souffraient alors de difficultés respiratoires aiguës, 75 000 de diarrhée, d’autres de gale…
Chiara Saccardi, d’Action contre la faim, dénonce les « atteintes à la dignité » faute d’hygiène, citant par exemple les femmes, aux robes tachées de sang quand elles ont leurs règles.
L’armée israélienne a demandé aux organisations humanitaires internationales leur « soutien » pour « aider à la mise en place des infrastructures » à Al-Mawasi, zone côtière du sud de la bande de Gaza, entre Khan Younès et Rafah, où Israël appelle les civils à se replier.
Mais la requête est jugée « inacceptable » par Danila Zizi, d’Handicap international, qui ne « répondra pas à cette demande ».
« Aucun service, aucune école, aucune structure de santé » n’est disponible dans cette zone et « il est attendu de la communauté humanitaire qu’elle construise tout », dénonce-t-elle. (AFP)