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Lanceurs d’alerte : la Pplaaf se veut une alliée des printemps africains

Samedi 25 Mars 2017

Après les affaires « Snowden », « Wikileaks » et « Panama Papers » qui ont secoué le monde entier et défloré les secrets de plusieurs Etats et de hauts dirigeants, une plateforme visant à protéger les lanceurs d’alerte a été lancée à Dakar sous l’impulsion de Me William Bourdon aux côtés d’experts aux compétences diverses. La Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique se veut un outil pour d’universalisation de la protestation et se considère comme une intolérance face à la mal gouvernance.


Initiée par l’avocat et président de l’Ong Sherpa, Me William Bourdon, la plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (Pplaaf) vient d’établir ses quartiers à Dakar en attendant son expansion en Afrique et ailleurs dans le monde. La Pplaaf est la convergence d’experts désireux d’apporter leur appui au lancement d’alerte, un phénomène consistant, pour un citoyen ou un employé public, à rendre publics des actes dissimulés de corruption, d’injustice, d’abus de pouvoir ou de menaces à la santé publique. Ce sont souvent des faits, actions ou commissions illégaux ou contraire à l’intérêt général ou à l’environnement.
 
Pour les initiateurs de la plateforme, le but est donc clairement affiché : il est urgent et nécessaire de soutenir tous ces citoyens qui s’engagent dans le renforcement de la justice à travers la défense du bien commun. Pour Me Bourdon et ses collaborateurs, toute personne s’activant dans le domaine du lancement d’alerte ne doit pas en payer le prix par sa citoyenneté, sa liberté, son emploi, sa sécurité, ses revenus ou sa vie.
 
« La Pplaaf, c’est un outil, une alliée de la liberté d’expression. C’est une allié de tous les printemps africains parce que cela brise les secrets que certains voudraient voir éternels pour se protéger et assurer leur impunité lorsqu’ils commettent le pire en prétendant protéger l’intérêt général alors qu’ils font l’inverse, à l’insu de leurs peuples, du consommateur et des contribuables », a indiqué l’avocat parisien.
 
« Les lanceurs d’alerte, c’est cette intolérance par rapport aux duplicités, ces sinistres qui ravagent l’action et la politique publique en Afrique et ailleurs. C’est une protestation universelle, » a ajouté le président de Sherpa, non sans promettre de « résister » à toutes les pressions.
 
Le choix du Sénégal
Mais pourquoi avoir choisi le Sénégal comme pays de lancement de la plateforme ? Selon le juge espagnol Baltasar Garzon, avocat de Julian Assange dans l’affaire Wikileaks, beaucoup d’experts ont convoqué la démocratie. « Le fait d’avoir choisi le Sénégal est dû à la solidité de son système démocratique. Un système dont nous pensons et espérons qu’il ira dans le sens des meilleures protections des lanceurs d’alerte », a expliqué le magistrat espagnol. « Nous n’hésiterons pas à user des mécanismes de droits locaux pour protéger et défendre les lanceurs d’alerte. »
 
Interpellé sur les moyens prévus pour protéger les lanceurs d’alerte dont certains sont souvent traqués au Sénégal, l’ancien bourreau du Chilien Augusto Pinochet a révélé que la Pplaaf mettra en place toute une panoplie de moyens juridico-techniques pour la protection des lanceurs d’alertes.
 
« Nous allons établir des relations de confidentialité avec les avocats et les conseillers juridiques qui seront à la disposition des lanceurs d’alerte. Nous adopterons toutes les mesures nécessaires pour protéger ceux qui fourniront des informations, garantir leur sécurité et les accompagner dans d’éventuels procès si les informations sont avérées. »
 
La plateforme étant un mécanisme de réception d’informations, Me Baltasar Garzon souligne que toute personne peut y être accueillie, qu’elle soit journaliste, fonctionnaire de l’Etat, acteur politique. « Ce qui est important, a noté l’avocat-magistrat, c’est l’analyse faite autour de la véracité de l’information diffusée et les mécanismes pour la valoriser. »
 
Intégrité du lanceur d’alerte
Invitée à expliquer les procédés par lesquels on peut déterminer l’intégrité d’un lanceur d’alerte, Khadija Sharife, journaliste d’investigation, chercheure et éditrice basée en Afrique du Sud, fait la part des choses dans le travail envisagé.
 
« Il y a un processus par lequel passe celui qui fournit une information donnée. Ce processus permet de déterminer la crédibilité de l’information. Ainsi, la personne est invitée à répondre à un certain nombre de questions. C’est pourquoi nous avons mis en place une équipe chargée de procéder à cette sorte d’enquête de moralité », a-t-elle souligné.
 
En outre, a ajouté celle qui travaille au département Afrique de l’Ong Organized Crime and Corruption Reporting Projetct (OCCRP), « nous signons un accord avec les médias avec lesquels nous travaillons pour préserver cet anonymat en ne diffusant aucune référence qui pourrait permettre d’identifier la source. Dans ce cas, le média qui veut faire une investigation n’aura d’autre interlocuteur que la plateforme », a défendu Khadija Sharife.
 
Rappelant l’expérience partagée avec les initiateurs depuis plus de deux décennies, le directeur exécutif d’Amnesty International, Alioune Tine, s’est engagé à accompagner l’initiative. «Nous partageons des valeurs et des principes avec Pplaaf qui peut compter sur Amnesty International. Cela fait plus de 20 ans que nous travaillons ensemble pour la protection des droits de l’homme, » a rassuré l’ancien président de la Raddho.
 
Charles Sanches, coordonnateur de la plateforme, a avoué sa fierté de pouvoir contribuer au renforcement de la démocratie, la liberté d’expression et de lutter contre l’impunité. « Je suis très content de travailler avec des personnes comme Khadija Sharife qui ont une réelle expertise sur les questions d’investigation. Cela va être intéressant puisque nous allons œuvrer à massifier les contre-pouvoirs en Afrique… » (El Hadji Cheikh Anta Seck)
 
 
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