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Le député Aymeric Caron accuse le "colonialisme occidental" pour les souffrances des Palestiniens

Mardi 1 Octobre 2024

Le député français Aymeric Caron
Le député français Aymeric Caron

Lors d'une interview accordée à la chaîne francophone « Thinkerview », Aymeric Caron, député apparenté La France insoumise (LFI), a dénoncé ce qu’il appelle l’« imposture occidentale » et son rôle historique dans la création d’Israël, qu'il considère comme une injustice fondamentale envers le peuple palestinien.

 

Selon Caron, pour comprendre le conflit actuel, il est impératif de revenir un siècle en arrière et d’examiner la genèse de cette crise. "On doit revenir à la manière dont Israël a été créé, expliquer l'injustice qui a été faite, originellement, au peuple palestinien", a-t-il déclaré, accusant les puissances occidentales d'avoir "sacrifié" ce peuple pour "expier" leurs fautes passées.

 

En remontant aux origines du conflit, Caron cite la promesse non tenue des Britanniques envers le shérif Hussein Ben Ali en 1916, qui espérait la création d’un royaume arabe après avoir combattu aux côtés des Alliés contre l’Empire ottoman. "Cette promesse ne sera jamais respectée", affirme-t-il, soulignant que dès 1917, avec la Déclaration Balfour, les Britanniques avaient déjà l’intention d'établir un foyer national juif en Palestine. Il ajoute que les accords Sykes-Picot de 1916, signés entre la France et la Grande-Bretagne pour diviser le Proche-Orient, ont également trahi ces promesses arabes.

 

Caron considère ces actions comme le début d'une "colonisation" et d'un processus d'expropriation du peuple palestinien, un processus qui se poursuit depuis plus de 70 ans. "Un peuple s’est fait virer, coloniser, et depuis plus de 70 ans réclame ses droits", a-t-il expliqué, faisant référence à la situation des Palestiniens depuis le plan de partage des Nations unies de 1947.

 

Caron n’hésite pas à imputer une part de responsabilité à l’ensemble de la communauté internationale, mais surtout aux pays occidentaux, pour avoir voulu résoudre la "question juive" après la Shoah en établissant l'État d'Israël. 

 

"Il a été décidé par la communauté internationale de dire, 'on va offrir ce territoire au peuple juif'", déclare-t-il, tout en rappelant que cette décision fut prise sans consulter la population arabe locale. Pour lui, le plan de partage imposé aux Palestiniens en 1947 était une "injustice flagrante". 

 

"Forcément, ils étaient opposés", ajoute-t-il, comparant cette situation à un individu à qui on demanderait de céder une partie de son appartement à des étrangers sans consultation préalable.

 

Le député critique également la façon dont l'Occident a cherché à se racheter après avoir failli à protéger les juifs durant la Seconde Guerre mondiale. 

 

"Il y a un peuple qui a été complètement oublié, qui a été sacrifié, le peuple palestinien, pour expier nos péchés, pour expier nos fautes", accuse-t-il, faisant notamment référence à l'antisémitisme persistant en Europe au début du XXe siècle et à l'inaction des puissances occidentales face à la Shoah.

 

Concernant la situation actuelle, Caron est particulièrement virulent à l’égard des actions israéliennes dans la bande de Gaza, qu’il décrit comme une violence systémique visant à faire fuir les Palestiniens. "On sait qu'il y a une volonté très claire, aujourd'hui, de récupérer la bande de Gaza, de faire fuir les Palestiniens qui y vivent", affirme-t-il, ajoutant que l’objectif est de rendre cette région invivable pour ses habitants.

 

Le député va plus loin en accusant Israël de violer le droit international humanitaire et les Conventions de Genève en attaquant les civils. 

 

"On n'a pas le droit de s'en prendre aux civils", martèle-t-il. Il rejette également les justifications avancées par certains, selon lesquelles les civils palestiniens sont des "dommages collatéraux" des frappes visant des cibles militaires. 

 

"Un civil, un innocent, ne doit jamais être pris pour cible", insiste-t-il, avant de souligner que même les accusations selon lesquelles des combattants palestiniens se cacheraient dans des hôpitaux doivent être corroborées par des enquêtes indépendantes. 

 

"Je n'ai pas vu les preuves", dit-il en référence aux déclarations de l'armée israélienne, dont il se méfie, en rappelant que "le mensonge fait partie de leur stratégie".

 

Pour Caron, la question de Gaza est aussi une question morale et humanitaire cruciale, et il déplore l’indifférence de nombreux pays occidentaux face à cette situation, tandis que d'autres, comme l’Afrique du Sud ou l’Espagne, ont pris des positions plus engagées. "Tout à coup, on se dit, mais alors attends, notre histoire d'intervention pour les droits de l'homme, pour la démocratie… C'est du pipeau", accuse-t-il, en faisant référence à l’inaction des pays occidentaux face à la souffrance palestinienne.

 

En conclusion, Aymeric Caron appelle à une révision totale des politiques actuelles, insistant sur la nécessité de cesser les bombardements et d’accorder des droits fondamentaux aux Palestiniens. 

 

"L'urgence, c'est bien évidemment qu'on arrête le suicide à Gaza", a-t-il déclaré, exhortant à la fin des colonisations en Cisjordanie et au retrait de l'armée israélienne. Il rappelle aussi que les violences actuelles ne datent pas du 7 octobre, mais s'inscrivent dans un cycle de répression et d'injustice bien plus ancien. 

 

"Quelqu'un qui ne considérerait pas que la vie d'un enfant est notre priorité absolue, je considère que nous n'appartenons pas à la même humanité", conclut-il, exprimant son désarroi face à ce qu’il perçoit comme une faillite morale collective.

 

Ainsi, Caron appelle à une prise de conscience globale sur le conflit israélo-palestinien, qu’il décrit comme un enjeu crucial pour l’avenir de l’humanité.

 

Pour rappel, les bombardements israéliens se poursuivent depuis plus de 11 mois dans la bande de Gaza, suite à une attaque transfrontalière du Hamas le 7 octobre 2023. Plus de 42 050 Palestiniens, essentiellement des enfants et des femmes, ont été tués dans la guerre menée par Israël, et plus 95 000 autres blessés, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

 

Israël fait également face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans la bande de Gaza. [AA]

 
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