Le gouvernement Barnier n’aura finalement pas résisté au vote de la censure. Les députés du Nouveau Front Populaire et du Rassemblement National se sont alliés en votant la motion de censure déposée lundi par la gauche.
Après plusieurs mois de débats à l’Assemblée, au Sénat et en commission mixte paritaire, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025 aura eu raison de l’administration Barnier, après seulement trois mois. Le Premier ministre a voulu passer en force sa version du texte en utilisant l’article 49.3 de la Constitution, lui permettant de se passer du vote des députés. Cela l’a exposé à deux motions de censure : une déposée par le Rassemblement National, et l’autre par le Nouveau Front Populaire.
Le NFP avait prévenu qu’il ne voterait pas celle déposée par le RN, mais le groupe de Marine Le Pen a bien voté les deux. Unies face à l’alliance du gouvernement, la gauche et l’extrême droite ont réuni le nombre de voix nécessaires. Contrairement aux votes habituels à l’Assemblée, il fallait réunir la majorité des voix de tous les députés, et non pas seulement des députés présents au moment du vote, soit 288 actuellement. Ils ont réuni 331 voix.
La "mélenchonisation" du RN
Ce mercredi matin, Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé la participation du RN à la motion de censure déposée par le NFP. Il parle d'une "mélenchonisation" du Rassemblement national, assurant que les élus insoumis "veulent d'abord créer une situation de chaos économique et ensuite contraindre le président de la République à démissionner". Le RN avait pourtant également déposé une motion de censure.
Une première depuis 1962
La chute du gouvernement Barnier est une première depuis 1962 contre Georges Pompidou. À l’époque, le Général De Gaulle avait tenté de faire passer une révolution constitutionnelle, qui n’avait pas plu aux députés de gauche et centristes, qui ont finalement voté la censure. Après avoir été renversé par l’Assemblée, Georges Pompidou est allé remettre sa démission au président De Gaulle, qui l’a acceptée mais l’a rapidement renommé. En effet, rien n’empêche un président de nommer à nouveau un Premier ministre qui a été censuré par l’Assemblée.
Un choix que pourrait également faire Emmanuel Macron alors qu’aucun nom pour un nouveau Premier ministre ne semble pouvoir éviter une nouvelle censure. Le président de la République pourrait également décider de garder un gouvernement démissionnaire pendant plusieurs semaines, comme ce fut le cas avec Gabriel Attal cet été.
Mais ce scenario ne semble pas être le plus probable. Alors en visite en Arabie Saoudite, Emmanuel Macron a consulté ses proches sur le choix d'un, encore éventuel, prochain locataire de Matignon. Selon l'un d'eux, qui s'est confié à BFMTV, il souhaiterait nommer un nouveau chef de gouvernement "dans les 24 heures".
"Il ne veut pas apparaître sans gouvernement devant Trump ce week-end [en visite pour la réouverture de Notre Dame de Paris, NDLR]. C'est une question de crédibilité pour la France", ajoute ce proche anonyme. De son côté, la gauche, qui est le groupe majoritaire à l'Assemblée, réclame toujours un ou une Premier(e) ministre issu(e) de ses rangs. [6Medias]