Le président de la République a ordonné des « enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités liées » aux événements des premiers jours du mois de juin. L’annonce est contenue dans le communiqué du conseil des ministres du 7 juin 2023 et dans lequel Macky Sall « a réitéré sa détermination à protéger la nation, l’Etat, la République, ses valeurs et ses fondements. »
Dans la foulée, un « Mémorandum complet » sera produit pour recenser « les décès, actes de vandalisme et défiance vis-à-vis de l’Etat perpétrés à l’occasion de ces manifestations », rapporte la même source.
"Le chef de l’Etat a rappelé au Gouvernement l’impérative nécessité de protéger notre République et de préserver notre nation face aux attaques qui sont devenues récurrentes et multiformes visant la paralysie de notre économie, la mise à mal de l’image de marque de référence de notre pays, le Sénégal, qui demeure, avant tout, une grande démocratie."
Le président Sall a demandé au gouvernement d’établir « un bilan exhaustif des pertes économiques et des dégâts matériels causés » survenus dans la période concernée dans le but d’avoir « une évaluation exacte des préjudices subis. »
Dans cette logique, Macky Sall enjoint le gouvernement « de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assister les familles des victimes ainsi que les personnes et les entités ayant subi des préjudices. »
Les violences du mois de juin ont fait 16 morts, selon le ministre de l’Intérieur, 23 selon Amnesty International qui parle de « cas documentés ». Pour sa part, la Croix rouge sénégalaise a indiqué avoir secouru près de 400 personnes blessées à divers degrés. Du côté de la police, c’est le chiffre de 500 arrestations de manifestants qui a été avancé durant et après les événements.
Plusieurs organisations locales et internationales ont demandé au gouvernement sénégalais d’ouvrir des « enquêtes indépendantes et crédibles » sur ce qui s’est passé depuis le 31 mai dans le contexte de la condamnation d’Ousmane Sonko, principal opposant au président Sall, à une peine de deux ans de prison ferme par une chambre criminelle du tribunal régional de Dakar pour « corruption de la jeunesse » après avoir été acquitté des deux délits pour lesquels il était poursuivi.
En mars 2021, des manifestations violentes étaient également survenues après l’arrestation de Sonko. Elles avaient fait une quinzaine de morts. Les enquêtes judiciaires alors annoncées par le président Macky Sall pour « faire la lumière » sur ces événements n’ont jamais eu de suite dans l’opinion publique.