Connectez-vous

Loin d'un virage social, Macron annonce une amplification

Mardi 10 Juillet 2018

VERSAILLES, Yvelines (Reuters) - Loin du “virage social” prôné par une partie de sa majorité, Emmanuel Macron a affiché lundi sa volonté d’amplifier son projet de transformation de la société française par la création d’un “Etat-providence du XXIe siècle”, dans lequel les devoirs et les responsabilités des citoyens seraient renforcés.

Le chef de l’Etat a commencé son discours devant le Congrès réuni à Versailles (Yvelines) en disant n’avoir “rien oublié des peurs, des colères” qui avaient propulsé la candidate du Front national, Marine Le Pen, face à lui au second tour de la présidentielle en avril 2017.

Sa première année à l’Elysée aura été “celle des engagements tenus”, a déclaré Emmanuel Macron, égrenant les réformes votées par le Parlement et mettant surtout en avant un redressement de l’économie française par rapport à sa situation un an plus tôt.

“Ce que nous avons dit, nous l’avons fait”, a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que l’intégralité des résultats de sa politique n’était pas encore visible.

“Les Français en voient les premiers fruits (...). Mais ce sont seulement les premiers fruits, je suis parfaitement conscient du décalage entre l’ampleur des réformes engagées et le résultat ressenti”, a-t-il expliqué, alors que les sondages montrent une nette érosion de sa popularité.

“Il faut du temps et parfois un long temps pour que la transformation initiée s’imprime dans la réalité du pays”, a-t-il ajouté, comme en écho aux sondages d’opinion récents dans lesquels sa popularité est en berne.
 
L’ÉCONOMIE, “SOCLE DE NOTRE PROJET DE SOCIÉTÉ”

Balayant les appels à infléchir une trajectoire de réformes, perçue, y compris dans sa majorité, comme très libérale, le président il a dit qu’il continuerait à creuser le même sillon, en privilégiant le renforcement de l’économie.

“La force de notre économie, quand nous l’aurons pleinement retrouvée, c’est le socle même de notre projet de société.”

Emmanuel Macron a défendu des premiers choix fiscaux diversement appréciés dans l’opinion - la réforme de la fiscalité du capital et de l’ISF - en répétant qu’ils visaient à renforcer la capacité productive en soutenant les entreprises.

“Une politique pour les entreprises, ce n’est pas une politique pour les riches !”, a-t-il dit. “La création de richesses, la prospérité d’une nation, sont le socle de tout projet de justice et d’équité.”

“Si l’on veut partager le gâteau, la première condition c’est qu’il y ait un gâteau, et ce sont les entreprises (...) les producteurs, qui font ce gâteau et personne d’autre.”

Il a annoncé que l’Etat ferait “des choix forts et courageux” pour maîtriser la dépense publique et soutenir la politique de baisse de la fiscalité.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, présentera “dans quelques semaines de nouvelles décisions permettant de tenir les engagements de baisse des dépenses publiques”, a-t-il précisé.
 

ASSURANCE CHÔMAGE ET NOUVELLE PHILOSOPHIE


Poursuivant la salve de réformes économiques et sociales engagée depuis son élection, il a proposé aux partenaires sociaux de réviser les règles de l’assurance chômage “afin que (...) nous puissions non seulement nous assurer qu’elles récompensent bien davantage la reprise d’activité mais aussi qu’elles incitent à la création d’emploi de qualité”.

“Le projet de loi ‘Avenir professionnel’ sera modifié en ce sens dans les prochains jours. (...) Ces règles seront négociées dans les prochains mois par les partenaires sociaux afin qu’une telle réforme puisse entrer en vigueur au printemps 2019.”

Pour Emmanuel Macron, “la priorité de l’année qui vient est simple : nous devons construire l’Etat-providence du XXIe siècle”. “Un Etat-providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant.”

A cet égard, la réforme du financement de l’assurance chômage par la suppression des cotisations salariales “conduit à transformer la philosophie même de notre solidarité sociale”, a-t-il dit.

Avec cette réforme, “il n’y a plus un droit au chômage au sens où on l’entendait classiquement”, a souligné Emmanuel Macron. “Financée par l’ensemble des contribuables, (la solidarité) implique des droits et des devoirs car chacun est alors comptable de tous et tous de chacun”.

“C’est là que se joue la véritable transformation mais aussi la véritable dignité : tout le monde doit être protégé mais chacun a sa part de responsabilité dans la société”, a-t-il poursuivi.

“C’est pourquoi nous allons transformer notre système de solidarité pour le rendre tout à la fois plus universel et plus responsabilisant”, a précisé le chef de l’Etat, une “philosophie qui sera mise en oeuvre dans la réforme de l’assurance chômage comme dans celle des minima sociaux”.

Le plan de lutte contre la pauvreté, qui sera finalement présenté en septembre, ne créera pas de nouvelles aides mais “un accompagnement réel”, a-t-il précisé.

La réforme des retraites, qui devra être votée l’an prochain, remplacera quant à elle progressivement la quarantaine de régimes actuels par un système “juste, unique, transparent”.

Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, pourtant bras droit en 2017 d’un François Fillon qui voulait une révolution thatchérienne en France, a estimé après avoir entendu le discours à Versailles qu’Emmanuel Macron n’était “pas au rendez vous de ses promesses”.

“Où est la justice sociale dont le président nous a parlé?”
Nombre de lectures : 106 fois











Inscription à la newsletter