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ME WILLIAM BOURDON : (président de la Pplaaf) : «Un outil de bonne gouvernance et de la liberté d’expression»

Samedi 25 Mars 2017

Au Sénégal, de plus en plus de personnes qui ne sont ni journalistes ni militants de la société civile s’activent à divulguer des informations cachées au public. Allez-vous tenir compte de cette catégorie dans votre action ?
 
On n’a pas créé Pplaaf pour résoudre tous les problèmes de la planète et mettre un terme à toutes les controverses, que cela soit au Sénégal ou ailleurs. On n’a pas cette laïcité-là, une espèce d’instrument qui peut empêcher toutes les désinformations. Le sujet consiste à accueillir le plus intelligemment et le plus professionnellement possible des lanceurs d’alerte africains ou non africains dès lors qu’ils posteraient des informations ou des documents qui concerneraient l’intérêt général en Afrique.
 
C’est également de les accompagner dans un voyage qui s’avère très compliqué et parsemé d’embuches, de respecter leur anonymat quand ils l’exigeront. On sera intraitable pour ce qui est du respect de leur anonymat. Ensuite, nous les mettrons en contact avec toute une constellation d’Ong, des partenaires des médias qui sont identifiés sur le site, d’avocats s’ils le souhaitent. On usera également de la dimension bouclier de Plaaf qui consistera à les protéger s’ils font l’objet de persécution, et de mobiliser toute la société civile internationale s’ils sont en danger.
 
On mesure bien nos responsabilités parce qu’on s’attend à être confronté à des situations extrêmement difficiles. Maintenant il faut signaler que c’est une histoire africaine qui commence à Dakar. L’histoire de l’humanité a commencé en Afrique, Pplaaf également et il va comme une arborescence se diffuser dans le monde entier.
 
Ne pensez-vous pas avoir mis la charrue avant les bœufs en travaillant d’abord au renforcement de la démocratie, la liberté d’expression et d’opinion pour mieux travailler avec ceux qui s’activeraient dans Pplaaf ?
 
Ce n’est pas l’un contre l’autre. Le fait de créer Pplaaf ne va pas non plus faire disparaitre tout l’engagement des équipes avec lesquelles je travaille dans le cadre de la démocratie et de la liberté d’expression.  Par ailleurs, je fais observer que c’est bien un outil très protecteur et très promoteur des lanceurs d’alerte. Par exemple, prenez les « Panama Papers », ils ont font l’objet d’une utilisation mondiale par des dizaines et des dizaines de médias qui ont révélé des faits qui concernaient les dirigeants les plus influents de la planète.
 
C’est un outil, un allié de la liberté d’expression. (…) Les lanceurs d’alerte, c’est cette intolérance par rapport aux duplicités, ces sinistres qui ravagent l’action et la politique publique en Afrique et ailleurs. C’est une protestation universelle.
 
Au Sénégal par exemple, on oppose par exemple la fameuse « obligation de réserve » aux magistrats et à certains hauts fonctionnaires. Vous êtes-vous ouverts aux autorités publiques d’abord pour tenir compte des textes et législations locales dans le cadre de la protection de vos membres ?
 
Je suis en terre où je me sens bien, où j’ai beaucoup d’amis. J’ai rencontré le secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly et je l’ai informé de ce projet. Nous allons lui adresser dans les minutes qui viennent les documents de présentation du projet. On le fait de manière transparente. Il faut signaler que Pplaaf n’est pas une Ong contre tel ou tel gouvernement. On est des alliés de l’intérêt général ou l’intérêt public. Si un Etat souhaite nous rencontrer pour solliciter notre expertise ou élaborer une loi protectrice des lanceurs d’alerte, nous serons à sa disposition.
 
 
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