L’exécution du jeune garçon de 17 ans, Nahel, par un policier à Nanterre près de Paris est le résultat « de la construction d’un ordre policier qui rogne sur les droits et libertés des citoyens, les prive de l’accès à la justice et empêche un réel contrôle judiciaire de la police, au nom de la sécurité », indique le Syndicat de la magistrature dans une note publiée ce 30 juin 2023 à Paris.
Le SM (marqué à gauche) souligne que « l’autorité judiciaire pâtit, loi après, loi », de cette situation qui laisse libre cours aux services de police dans la gestion de l’ordre public. A cet effet, l’organisation syndicale demande la suppression de « l’alinéa 4 de l’article L-435-1 du code de la sécurité intérieure. » Cette disposition qui avait été votée dans le contexte des attentats ayant secoué la France en 2015, « permet l’usage des armes en cas de refus d’obtempérer. »
L’agent de police de 38 ans, inculpé vendredi 29 juin, est placé en détention préventive, en attendant sans doute une seconde mise en examen. Mais pour le SM, « au-delà de la question du traitement judiciaire de l’affaire, (le sujet) que pose la mort d’un adolescent tué par un policier après un refus d’obtempérer est bel et bien politique. »
En dépit de ses propres « défaillances dans le traitement des violences policières », l’institution judiciaire « ne peut rien, ou si peu, contre un discours politique délétère qui nie l’existence même des violations policières ou des pratiques discriminatoires des forces de l’ordre. »
« Ne nous y trompons pas, cette rhétorique du ‘’respect du travail de la justice’’, servie ad nauseam par le Gouvernement, le chef de l’Etat, certains syndicats de police et tous les détracteurs habituels de l’indépendance de la justice ne sert qu’un objectif : celui de ne pas regarder en face la question systémique que soulève, une fois encore, la mort d’un adolescent d’un quartier populaire sous les balles de la police », écrit le SM.
Après et avant cette affaire, le Syndicat de la magistrature juge indispensables « des réformes profondes dans les pratiques policières et judiciaires. » C’est la « seule voie « pour restaurer la confiance des citoyens dans leur police et leur justice. »