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Ouganda: assassinat d'un célèbre député du parti présidentiel

Samedi 9 Juin 2018

Kampala - Le député ougandais Ibrahim Abiriga, figure connue du grand public qui avait milité en faveur d'une loi controversée supprimant la limite d'âge pour devenir président, a été assassiné vendredi avec son garde du corps par des "assaillants inconnus", a annoncé la police.

Renommé pour ses vêtements et sa voiture Volkswagen Beetle jaunes vifs, en hommage à la couleur du parti présidentiel, le Mouvement de résistance nationale (NRM), le député "a été assassiné ce soir près de sa demeure à Kawanda", au nord de la capitale Kampala, a tweeté le chef de la police ougandaise, Okoth Ochola.

Ce dernier n'a pas précisé les circonstances de l'assassinat, commis par des "assaillants inconnus".

Des médias locaux ont eux rapporté que le député, 62 ans, avait été abattu par des hommes à bord de motos, un modus operandi déjà utilisé à plusieurs reprises par le passé en Ouganda pour des assassinats de personnalités haut placées.

Le président ougandais Yoweri Museveni a immédiatement réagi à l'annonce, évoquant un "meurtre insensé" et souhaitant à M. Abiriga que son "âme repose en paix". "J'ai donné comme instruction aux agences de sécurité de trouver très vite ces tueurs", a-t-il déclaré sur Twitter.

Ancien rebelle opposé à Museveni lors de ses premières années à la tête de l'Ouganda, M. Abiriga est ensuite devenu un des alliés les plus fidèles du président, au point d'être considéré comme un "fanatique" du chef de l'Etat.

Député d'une circonscription du nord-ouest du pays, proches des frontières congolaise et sud-soudanaise, M. Abiriga avait été un des plus fervents défenseurs de la réforme adoptée en décembre 2017 et supprimant la limite d'âge de 75 ans pour devenir président.

Cette réforme constitutionnelle controversée, dont l'examen par le Parlement avait dégénéré en pugilat entre députés, réintroduit une limite au nombre de mandats présidentiels qui avait été supprimée en 2005.

Mais cette limite, fixée à deux mandats de cinq ans, n'entrera en vigueur qu'après la prochaine élection, ce qui pourrait permettre à M. Museveni, 73 ans et au pouvoir depuis 1986, de se présenter à nouveau à deux reprises.

Le meurtre du député Abiriga, un ancien rebelle, n'est pas le premier d'un haut responsable en Ouganda.

En mars 2017, le porte-parole de la police ougandaise Andrew Kaweesi avait été abattu devant son domicile à Kampala à bord de son véhicule, avec deux autres policiers, par des hommes lourdement armés installés à l'arrière de deux motos et qui avaient criblé de balles son véhicule.

En novembre 2016, le commandant Sulaiman Kiggundu, intégré à l'armée ougandaise après avoir quitté la rébellion des Forces démocratiques Alliées (ADF) qui opèrent en République démocratique du Congo voisine, avait également été tué dans des circonstances similaires.

En mars 2015, Joan Kagezi, directrice adjointe du ministère public ougandais en charge du dossier sur le double attentat jihadiste qui avait fait 76 morts à Kampala en 2010, avait été abattue par des hommes à moto alors qu'elle rentrait à son domicile.

Ces trois meurtres n'ont à ce jour pas été résolus.
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