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Policiers brûlés à Paris : cinq jeunes condamnés à de la prison ferme

Dimanche 18 Avril 2021

Le procès en appel des policiers brûlés près de Paris en 2016 s’est tenu à huis clos, trois des accusés étant mineurs au moment des faits.
 
La cour d’assises des mineurs de Paris a condamné en appel dans la nuit de samedi à dimanche cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion pour la violente agression de policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016, et en a acquitté huit autres, provoquant la colère des avocats des victimes.
 
La lecture du verdict a été interrompue par une bagarre générale dans le box des accusés, qui a nécessité l’intervention d’une trentaine de policiers et gendarmes. Les heurts se sont ensuite étendus dans la salle d’audience, où étaient présentes les familles des accusés. Le calme est revenu au bout d’une dizaine de minutes.
 
«Nous venons d’assister à un naufrage judiciaire (...) alors que l’on sait qu’il y avait 16 assaillants, on se retrouve avec cinq condamnations», a dénoncé Me Thibault de Montbrial, avocat de l’une des victimes, «effondrée», selon lui, par ce verdict en appel. «C’est un naufrage car au moment du verdict, le naturel a repris le dessus, une bagarre générale a éclaté, des accusés se sont pris à partie», a-t-il ajouté, expliquant n’avoir «jamais vu ça en 25 ans de cour d’assises».
 
Après 14 heures de délibération et six semaines d’audience à huis clos, les cinq condamnés ont été reconnus coupables de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Trois d’entre eux ont été condamnés à 18 ans de prison, un à 8 ans de prison, et le dernier à 6 ans. Ils encouraient la réclusion criminelle à perpétuité. Les huit autres accusés ont été acquittés.
 
Cocktails Molotov jetés dans les voitures
 
Au contraire des parties civiles, l’une des avocates de la défense, Me Mauger-Poliak, a salué «un soulagement pour la défense», et un «démenti total de l’enquête». «C’est la fin du cauchemar judiciaire pour mon client», qui avait déjà été acquitté en première instance, a pour sa part déclaré Me Arnaud Simonard.
 
En première instance, huit de ces jeunes avaient été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison. Cinq autres avaient été acquittés. Le parquet général de Paris avait fait appel du verdict alors que les avocats des parties civiles avaient dénoncé des peines «qui ne tiraient pas les conclusions» de la «gravité du crime» commis.
 
La cour n’a pas suivi les réquisitions de l’avocat général qui avait demandé mardi un acquittement et des peines de 12 à 25 ans de réclusion criminelle pour les 12 autres accusés, âgés aujourd’hui de 21 à 26 ans. «Sous des allures de grande humanité, ces réquisitions sont d’une incroyable sévérité», avait dénoncé Alexandre Simonin, l’un des avocats de la défense.
 
Les 13 jeunes, âgés de 16 à 21 ans au moment des faits, étaient accusés d’avoir fait partie de la vingtaine de personnes encagoulées qui, le 8 octobre 2016, avaient pris d’assaut en pleine journée deux voitures de police stationnées à proximité du quartier de la Grande Borne, une vaste cité d’habitat social considérée comme l’une des plus sensibles d’Île-de-France.
 
En quelques secondes, ils avaient brisé les vitres et jeté des cocktails Molotov dans les habitacles. Dans une première voiture, un adjoint de sécurité de 28 ans et une gardienne de la paix de 39 ans avaient pris feu. Le pronostic vital de l’adjoint avait été un temps engagé et il avait été plongé dans le coma pendant plusieurs semaines. Plus de quatre ans après les faits, il porte encore les marques de l’agression sur son visage.
 
«Marqués à vie»
 
Sa collègue avait été touchée par des pierres une fois sortie de la voiture transformée en torche, alors qu’elle avait le haut du corps en flammes. «J’ai des enfants, aidez-moi», l’avait entendu dire un de ses agresseurs présumés, qui avait confié plus tard à une amie que ça lui avait fait «un pincement au cœur».
 
Deux agents étaient parvenus à s’extirper de l’autre voiture, alors qu’un cocktail Molotov était tombé sur la banquette arrière. Ils avaient été blessés plus légèrement. «On attend une sanction juste et des peines exemplaires. Lors du premier jugement, nous avons trouvé les sanctions un peu trop légères», avait expliqué cette semaine à l’AFP Guillaume Roux, secrétaire départemental de l’Essonne du syndicat Unité SGP Police-FO, dénonçant la «barbarie de cet acte» et rappelant que «(ses) collègues sont marqués à vie».
 
À l’époque, l’affaire avait fait réagir l’ensemble de la classe politique, le président François Hollande fustigeant une agression «inqualifiable et intolérable» et réclamant «une peine à la mesure de la gravité» de l’acte. Selon l’enquête, les accusés, membres d’une bande de la Grande Borne, avaient planifié quelques jours auparavant de «niquer des keufs».
 
Cette grande cité, qui compte des milliers de logements, est «placée sous surveillance» ce week-end, a indiqué à l’AFP une source policière de l’Essonne. «Mais je ne pense pas que ce verdict aura une répercussion locale. Du temps est passé» depuis les faits, a ajouté cette source. (AFP)
 
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