Le président russe Vladimir Poutine s’est félicité lundi de l’accélération de l’avancée de son armée dans l’est de l’Ukraine, preuve selon lui que l’offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk lancée début août est vouée à l’échec.
L’Ukraine a, elle, essuyé dans la nuit une nouvelle attaque massive de missiles et de drones ayant notamment visé la capitale, Kyiv, qui y a fait au moins trois blessés et a endommagé un centre culturel islamique, selon les autorités.
Les forces ukrainiennes ont lancé le 6 août une attaque-surprise sur la région russe frontalière de Koursk, revendiquant rapidement s’être emparé de plus de 1000 kilomètres carrés et de plus de 90 localités, dont la petite ville de Soudja.
Si le discours officiel russe s’efforçait jusqu’ici de minimiser cette offensive ukrainienne, qui a pris Moscou au dépourvu, M. Poutine a clamé lundi qu’il fallait « s’occuper de ces bandits qui ont pénétré sur le territoire de la Russie ».
Il a toutefois estimé que l’armée de Kyiv n’avait « pas atteint la tâche principale [qu’elle] s’était fixée : arrêter l’offensive [russe] dans le Donbass », l’est industriel de l’Ukraine, où se déroule toujours l’essentiel des combats.
« Je suis donc certain que cette provocation échouera », a-t-il ajouté en évoquant l’opération ukrainienne à Koursk.
L’armée russe avance dans l’est de l’Ukraine depuis l’échec de la grande contre-offensive ukrainienne de l’été 2023 et la chute de la forteresse d’Avdiïvka en février, et cette avancée s’est sensiblement accélérée ces dernières semaines.
Les forces de Moscou revendiquent quasi quotidiennement la prise de nouveaux villages et se trouvent désormais à moins d’une dizaine de kilomètres de la ville de Pokrovsk, un important nœud logistique qui relie plusieurs places fortes ukrainiennes.
Pour les autorités ukrainiennes, qui ont affirmé que l’opération de Koursk visait, entre autres, à forcer la Russie à redéployer vers cette région des forces actuellement à l’offensive dans l’est, le pari semble donc perdu.
Selon M. Poutine, les troupes russes avancent désormais de plusieurs kilomètres carrés lors de chaque attaque, et non plus de quelques centaines de mètres comme auparavant. « Il y a longtemps que nous n’avions pas connu un tel rythme d’offensive dans le Donbass », a-t-il vanté.
Frappes à la chaîne
En Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a rapporté une nouvelle salve russe ayant impliqué 35 missiles et 23 drones, dont 22 et 20 respectivement ont été abattus.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a attaqué Kyiv et les régions de Soumy et Kharkiv (Nord-Est). Dans la capitale, trois personnes ont été blessées, d’après le chef de l’administration militaire de Kyiv, Serguiï Popko.
Pendant la nuit, de fortes explosions ont été entendues et aperçues à Kyiv, selon les journalistes de l’AFP, qui ont vu des personnes courir dans les rues pour trouver refuge.
Selon M. Zelensky, un centre culturel islamique de la capitale a été « sérieusement endommagé » par les frappes russes.
Dans la ville de Soumy (Nord-Est), un centre d’aide sociale et psychologique pour enfants et un orphelinat ont notamment été touchés dimanche soir par une frappe russe, faisant 18 blessés, a annoncé le ministère de l’Intérieur, sans préciser si elle faisait partie de la vague de la nuit ou s’il s’agissait d’une attaque isolée.
Dans la région de Kharkiv (Nord-Est), une femme de 65 ans a été tuée dans un bombardement qui a touché un immeuble résidentiel au petit matin à Koupiansk, a annoncé le gouverneur régional Oleg Synegoubov sur Telegram.
« Il y aura une réponse à tout. L’ennemi la sentira », a réagi Andriï Iermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne.
Сôté russe, pendant la nuit, le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a rapporté une attaque aérienne ukrainienne qui a fait une blessée et a endommagé, notamment, un jardin d’enfants.
La semaine dernière, la Russie avait mené plusieurs frappes massives au moyen de missiles et de drones sur le réseau électrique ukrainien et lourdement bombardé la ville de Kharkiv, faisant des morts et des dizaines de blessés, selon les autorités ukrainiennes.
L’Ukraine avait répliqué en bombardant la ville et la région de Belgorod, utilisant notamment des bombes à sous-munitions selon les autorités russes, et faisant également plusieurs morts et des dizaines de blessés. [AFP]