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Quand l’égocratie supplante la démocratie

Mercredi 11 Juillet 2018

Le flagrant délit permanent ! Cette expression qui date de la fin des années 80 est attribuée au magistrat Abdoulaye Gaye, ancien procureur général, alors aux prises avec les turbulences démocratiques que l’opposant Abdoulaye Wade imposait à un Abdou Diouf impopulaire et reclus dans ses appartements du palais de la république. Ce «délit» théorisé de toutes pièces a servi à condamner le chef du Sopi tout en lui imposant des «compromis» politiques qui n’empêcheront pas pour autant la chute du régime socialiste.
 
Trente ans plus tard, le flagrant délit permanent s’est mué en dogme politique œuvre du régime incarné par le chef de l’Etat élu en 2012. Un virage qui installe le pays et ses institutions dans un ridicule dont il sera difficile de trouver un pendant dans l’histoire. En fait, Macky Sall, en lieu et place de la démocratie, impose peu à peu l’Egocratie, ce vilain système de gouvernement qui fait de sa personne le centre de la vie politique sénégalaise.
 
Cette descente aux enfers de la pratique politique démocratique est caractérisée par deux faits majeurs cuisinés dans les antichambres du pouvoir en place : le dossier Karim Wade et l’affaire Khalifa Sall. Dans les deux cas, alors que le gouvernement pouvait en tirer des dividendes certains, Macky Sall se retrouve pris dans la posture du bourreau sans loi que celle de ses ambitions, contraint d’adopter une fuite en avant porteuse d’incertitudes, pas seulement pour lui-même et ses clans du centre et de la périphérie, mais pour la nation entière.
 
Son égoïsme opérationnel est synonyme de dangers car sa conception du pouvoir et de la gouvernance le place au dessus des intérêts du Sénégal. C’est factuel. Au lieu de concentrer ses efforts à réclamer à Karim Wade les 138 milliards de francs Cfa auxquels celui-ci avait été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, il s’en désintéresse pour se suffire de la non présence négociée ou suggérée de l’ancien ministre d’Etat à la présidentielle de février 2019.

Est-ce acceptable, ce sacrifice de l’intérêt général, de la part du premier magistrat de ce pays ? Sous cet angle personnalisé des rapports politiques, les institutions deviennent naturellement des instruments d’accaparement d’un processus électoral programmé à être vicié comme il l’a été aux législatives calamiteuses de juillet 2017.
 
Avec le dossier Khalifa Sall, on est en plein dans le ridicule et le déni de justice. Au-delà des arrangements du maire de Dakar avec la gestion de la caisse d’avance, il y a lieu de dénoncer cette machinerie d’Etat qui s’est acharnée sur l’édile en chef de la capitale déclaré coupable d’un délit d’ambition inconnu  en droit sénégalais. Ici comme ailleurs, la raison commandait de s’en tenir à des décisions de justice rendues au seul nom du peuple souverain, on n’en a jamais été proche tant l’arrogance des autorités dépasse l’entendement. L’accueil qu’elles ont réservé au jugement rendu par la Cour de justice de la Cedeao en faveur de Sall est une porte ouverte pour sortir d’une impasse due imputable à une volonté de puissance mal pensée et donc mal cousue.
 
Pourtant, à un moment ou à un autre, il va falloir se retrouver dans une autre dynamique, loin de la démesure. C’est au président de la république de revenir à plus de raison, par exemple en mettant définitivement sous le coude des instincts dictatoriaux en rupture avec ces standards démocratiques qui lui ont ouvert les portes du pouvoir, sans parrainage, ni manipulations des lois, encore moins chasse aux sorcières. C’est à ce prix bien peu élevé pour des personnes sensées et patriotiques que l’apaisement reviendra dans l’espace politique. La roue de l’histoire tourne trop vite aujourd’hui, intraitable, imprévisible, souvent impitoyable, tant les peuples peuvent être encore jaloux de leur souveraineté… (Cet article remanié est paru dans le quotidien "Tribune" du Lundi 9 juillet)

 
 
 
 
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 14/07/2018 14:14
Tout cela est parfaitement exact, sauf que, à mon avis, le danger est beaucoup plus grave que cela.
De part ses agissements, le "clan" présidentiel ne peut pas se permettre de perdre les élections de 2019. Avec tous les dossiers explosifs pour lesquels, on s'en doute, le procureur général aux ordres ne poursuit pas (PRODAC, SENE, SAR, PORT DE DAKAR, ect...la liste est trop longue pour se les remémorer tous, mais il y a pour des dizaines voir des centaines de millards détournés, en cas d'alternance, ceux qui savent ce qu'ils ont fait savent ce qui les attendent. A ce jour, ce n'est un secret pour personne que la mouvance présientielle, représentée par son chef-roi, est minoritaire en voix dans le payS. Plus que la fracture sociale, la fracture du peuple et flagrante: d'un côté, les aperistes et autres BBy, qui ont été gratifiés de privilèges et de "dons" présientiels, distribués à tout va (on est jamais aussi généreux que lorsqu'il s'agit de l'argent des autres), et tous les éléments sont réunis pour que cet évènement que représente la future élection présidentielle ne se transforme en évènement tragique. D'un côté, un quarteron de délinquants, qui savent très bien ce qu'ils ont fait, de l'autre, un peuple excédé et qui n'en peut plus de supporter la misère qu'on lui impose, à cause des détournements de fonds incessants, de la corruption qui règne ici comme elle n'a jamais régnée, égalant presque les trois autres présidents cumulés!
Circonstance agravante, un ancien IGE, en la personne de NGOUDA FALL KANE, dont on peut supposer qu'il sait de quoi il parle, de par ses anciennes fonctions, nous apprend que Macky SALL a "issé" son patrimoine financier et immobilier dans les trois à quatre mois de son élection, à 8millards de francs CFA, soit 12 millions d'euros. Cet argent, évidemment, ne provient pas de son salaire, mais de l'argent des sénégalais à qui il n'a pas demandé son avis pour s'enrichir.
Outre que la somme est énorme, cela dénote une véritable préméditation de la part de ce président, qui en fait, n'a voulu être élu que pour son enrichissement personnel, que l'on comprend aisément si l'on rapproche cette information, de son discourt du 04 avril 2012, dont aucun des engagements n'a été respecté, bien au contraire. Au jour 'aujourd'hui, le peuple n'a plus rien à perdre, tant le recul est flagrant, sur le quotidien, depuis 2012, et ce n'est certainement pas un aéroport flambant neuf que 95% des sénégalais n'utiliseront jamais, où quelques km d'autoroute qui ne servent qu'à ceux qui peuvent se payer une voiture, c'est à dire très peu, qui changera la donne. Petit à petit, ce président est obligé de se dévoiler, et à l'instar de son idole, Mr ERDOGAN, dictateur fou, il sera obligé d'utiliser les mêmes méthodes, car entre le palais et rebeuss, le choix est vite fait. Donc, qu'on le veuille ou non, Mr Macky SALL gagnera ces élections, et il sera également obligé de gagner les prochaines (rje me plais à rappeler ce que ce Monsieur a dis, lors du débat sur le 3ème mandat: "je ne souhaite pas effectuer un troisième mandat"...ca veut tout dire.
Oui, cela s'appelle la dictature, et ici nous sommes rentrés dedans, et de plein fouet. Et nous n'avons encore rien vu.
J'ai toujours pensé que le peuple sénégalais méritait mieux. Mais il faut aussi reconnaitre que l'on a les hommes politiques que l'on mérite: où est l'opposition? Entre un parti, le PDS, qui sacrifie son identité aux caprices d'un vieillard qui n'a en tête qu'une succession filiale, sans même savoir si l'intéressé veut vraiment être président et s'il en a les capacités, entrainant derrière lui une foule d'inconditionnels qui se fichent éperduement de la moralité et de l'honneteté de leur idole, et de l'autre côté, une quirielle de candidats incapables de s'unir pour se ranger derrière un homme compétent, intègre, et qui véritablement sortira le pays du seuil de pauvreté, de propreté, et d'infrastructures dignes de ce nom (nous sommes au 21° siècle, ceux qui veulent s'en apercevoir doivent éviter le pays: absence d'eau, où quand il y en a, insalubre et dangereuse, absence totale de réseau d'égouts, électricité en mode aléatoire, ect... et tout ce recul passéiste n'a qu'une cause: la corruption endémique qui règne ici depuis soixante ans.
Alors, oui,l 'avenir n'est pas rose; oui, le pire est à craindre, et j'ai bien peur que rien ne puisse empecher les sanglants évènements qui se préparent, tant les deux camps sont déterminés à en découdre et aller jusqu'au bout: en ont ils le choix, dès lors qu'ils se sont mis dans une situation dont ils sont les seuls responsables, et qui ne peut déboucher que sur une catastrophe.
Me François JURAIN

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