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Radioscopie du cas Aïssata Tall Sall

Samedi 2 Février 2019

 
On est encore abasourdi par la bronca ayant suivi l'annonce par Mme Tall Sall de sa décision de soutenir la candidature du président sortant Macky Sall. Un feu de paille grossi par les réseaux sociaux. À notre humble avis, l'on a donné plus de relief à cette affaire qui relève pourtant de l'ordinaire. Prendre position pour tel ou tel candidat, à la veille d'une élection présidentielle, pour une raison x ou y est quasiment une banalité. 
 
Quid de l'option de Madame le maire de Podor?  Rappelons à ceux qui ne s'en souviennent pas ou à ceux qui l'ignorent, qu'il y a 20 ans, Aissata Tall Sall était ministre de la Communication, porte parole du gouvernement. À la chute du régime de Abdou Diouf, elle connut, avec ses camarades socialistes, 12 ans de traversée du désert sous le régime de Wade. Elle connut aussi les affres d'une opposition interne au PS pour dissonances politiques avec Ousmane Tanor Dieng (OTD) et la direction du parti senghorien. Pour n'avoir pas eu la confiance de OTD ou manifesté une loyauté semblable à celle de Aminata Mbengue Ndiaye, elle n'a pas fait partie la liste des socialistes "élus" au gouvernement. Pas assez politiquement costaud - représentative - pour contrer le secrétaire général du parti à l'interne, elle n'a pas eu l'audace, à l'instar d'un certain Khalifa Ababacar Sall, de briguer le poste de patron des socialistes au congrès de 2013 face à l'apparatchik.

Faisant mauvaise fortune, bon coeur, elle dût se résoudre à mener un combat par procuration. L'ami de mon ennemi étant mon ennemi, elle se résout à affronter Tanor (l'ennemi), dans un combat par procuration, en s'attaquant à la gestion du président Macky Sall (l'ailier de son ennemi). Pour cela, la brillante avocate use de ses artifices professionnelles. Éloquence, prestance, charme sont mis à contribution pour une plaidoirie à charge par ce chouchou des médias pour une plaidoirie à charge contre le "Macky". Eh oui! Il faut exister. Même par une présence médiatique à défaut d'un rapport de force favorable. Ses salves ont souvent fait mouche. Malheureusement, ses tentatives de rebondir au plan électoral n'ont pas suivi. En 2014, une victoire sur le fil lui a permis de sauver in extremis son fauteuil de maire de Podor face à Racine Sy. Alors qu'en 2017, partie sous sa propre bannière avec "Osez l'avenir", elle n'a pu rempiler à l'Assemblée nationale qu'à la faveur du plus fort reste en allant se réfugier sur la liste nationale. Pendant ce temps, sa liste départementale connut la déroute dans son propre fief de Podor. 
 
Les plumes laissées dans ses joutes ne l'ont pas dissuadé de repartir au front. Partie à l'assaut de la candidature à la présidentielle de février 2019, elle n'a pu réunir suffisamment de parrainages pour être sur les startings blocks. Encore une fois, ses philipiques contre le régime de Macky n'ont pas suffisamment tapé dans l'oeil de ses concitoyens. 
 
À 62 hivernages, l'héroïne du film "Bamako", sans doute plus rattrapée par la realpolitik que par les vices de la transhumance politique, a dû faire un choix, forte de son pedigree politique, au crépuscule d'une carrière plus au moins bien remplie. On ne saurait la lui reprocher. Elle ne fait quand même pas partie de la classe des pires spécimens des contre modèles politiciens de Sunugal. Restait à faire un choix parmi cinq concurrents: Madické Niang, Issa Sall, Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko. 
 
Force est de constater qu'au plan politique et social, pour ne pas dire plus, c'est avec le candidat Macky Sall, son ex-mentor de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) qu'elle a le plus d'atomes crochus. Le verdict de la présidentielle dira si elle a parié oui ou nom sur le bon cheval.
 
Cheikh Lamane DIOP, Journaliste, Analyste politique.
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