Les Occidentaux peinent de nouveau à parler d’une même voix dans la crise avec la Russie, l’Allemagne ayant clairement pris ses distances, samedi, avec l’assurance affichée par Washington qu’une attaque de l’Ukraine était imminente.
« Dans les situations de crise, le pire est de présumer ou d’essayer de deviner » ce qui va se passer, a déclaré à Munich la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock, à l’issue d’une réunion du forum G7 que son pays préside actuellement.
Le but de la rencontre était précisément de coordonner le camp occidental face à Moscou.
La veille, le président américain Joe Biden s’était dit, pour la première fois, « convaincu » que Vladimir Poutine avait décidé d’envahir l’Ukraine « dans les prochains jours », et que la multiplication des heurts visait à créer une « fausse justification » pour lancer l’offensive.
« Nous ne savons pas si une attaque est déjà décidée », a commenté Mme Baerbock dans un ferme recadrage en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, évènement annuel qui accueille jusqu’à dimanche l’élite des dirigeants internationaux.
Elle affirme tout aussi clairement que « la menace est réelle » contre l’Ukraine. L’Allemagne a d’ailleurs appelé samedi ses ressortissants à quitter « urgemment » l’Ukraine en raison des risques de conflit armé.
Mais interrogée à plusieurs reprises sur les affirmations américaines, la ministre s’est contentée de répondre : « Nous voyons qu’il existe différents scénarios, que différents scénarios se dessinent. »
« Nous ne pensons pas qu’il faille paniquer », a renchéri un peu plus tard le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant un parterre de personnalités du monde entier.
« Difficile de juger »
Depuis près de trois mois, Washington n’a cessé de sonner l’alerte sur les préparatifs d’une offensive russe en Ukraine.
Début février, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel avait appelé à « éviter » les « réactions alarmistes » dans cette crise au long cours.
La crainte de Washington s’est transformée en certitude affichée ces dernières heures avec la multiplication des violations du cessez-le-feu entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes qui se battent depuis 2014 dans l’est de l’Ukraine.
« Nous sommes convaincus que le président Poutine a pris sa décision », a répété le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung samedi.
Le secrétaire d’État a salué une relation raffermie avec les alliés européens et une « coopération incroyablement étroite » avec l’Allemagne.
« Je n’ai jamais connu un tel niveau de coordination auparavant », a ajouté M. Blinken, qui a rencontré ses homologues du G7 à Munich.
Tout en relayant ce message d’unité, Annalena Baerbock a appelé à la prudence : « Nous devons avant tout veiller à ne pas être victimes d’une désinformation ciblée. »
Elle a souligné le rôle clé des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le terrain depuis plusieurs années dans l’est de l’Ukraine.
« Ils sont en ce moment les yeux et les oreilles de la communauté internationale […] ils sont ceux qui peuvent toujours éclairer ce qui se passe réellement sur le terrain », selon Mme Baerbock.
Le président ukrainien a évité pour sa part de trop s’avancer sur les affirmations américaines : « Il m’est difficile de juger comment les États-Unis devraient utiliser leurs renseignements », a-t-il déclaré à Munich.
Tout en se disant « reconnaissant » pour les informations partagées par les Américains, il a affirmé faire confiance en priorité « aux services de renseignement ukrainiens, qui comprennent ce qui se passe le long de nos frontières ».
Gazoduc
M. Zelensky avait d’ailleurs décidé de maintenir son déplacement en Allemagne alors que Joe Biden s’était demandé la veille s’il était « sage » qu’il s’absente de son pays dans ce contexte de tensions.
« Plus l’Europe et l’Amérique se concerteront, plus nous aurons de succès », a soutenu le chancelier allemand Olaf Scholz samedi.
L’ombre du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne et attend toujours sa certification par le régulateur allemand, pourrait cependant ressurgir dans les relations entre Washington et Berlin si de nouvelles sanctions devaient être imposées contre la Russie.
Le gouvernement allemand a fini par admettre que le gazoduc controversé ne serait pas épargné en cas de mesures punitives, mais s’est gardé de préciser comment cette infrastructure stratégique serait pénalisée. (AFP)
« Dans les situations de crise, le pire est de présumer ou d’essayer de deviner » ce qui va se passer, a déclaré à Munich la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock, à l’issue d’une réunion du forum G7 que son pays préside actuellement.
Le but de la rencontre était précisément de coordonner le camp occidental face à Moscou.
La veille, le président américain Joe Biden s’était dit, pour la première fois, « convaincu » que Vladimir Poutine avait décidé d’envahir l’Ukraine « dans les prochains jours », et que la multiplication des heurts visait à créer une « fausse justification » pour lancer l’offensive.
« Nous ne savons pas si une attaque est déjà décidée », a commenté Mme Baerbock dans un ferme recadrage en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, évènement annuel qui accueille jusqu’à dimanche l’élite des dirigeants internationaux.
Elle affirme tout aussi clairement que « la menace est réelle » contre l’Ukraine. L’Allemagne a d’ailleurs appelé samedi ses ressortissants à quitter « urgemment » l’Ukraine en raison des risques de conflit armé.
Mais interrogée à plusieurs reprises sur les affirmations américaines, la ministre s’est contentée de répondre : « Nous voyons qu’il existe différents scénarios, que différents scénarios se dessinent. »
« Nous ne pensons pas qu’il faille paniquer », a renchéri un peu plus tard le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant un parterre de personnalités du monde entier.
« Difficile de juger »
Depuis près de trois mois, Washington n’a cessé de sonner l’alerte sur les préparatifs d’une offensive russe en Ukraine.
Début février, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel avait appelé à « éviter » les « réactions alarmistes » dans cette crise au long cours.
La crainte de Washington s’est transformée en certitude affichée ces dernières heures avec la multiplication des violations du cessez-le-feu entre séparatistes prorusses et forces ukrainiennes qui se battent depuis 2014 dans l’est de l’Ukraine.
« Nous sommes convaincus que le président Poutine a pris sa décision », a répété le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung samedi.
Le secrétaire d’État a salué une relation raffermie avec les alliés européens et une « coopération incroyablement étroite » avec l’Allemagne.
« Je n’ai jamais connu un tel niveau de coordination auparavant », a ajouté M. Blinken, qui a rencontré ses homologues du G7 à Munich.
Tout en relayant ce message d’unité, Annalena Baerbock a appelé à la prudence : « Nous devons avant tout veiller à ne pas être victimes d’une désinformation ciblée. »
Elle a souligné le rôle clé des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le terrain depuis plusieurs années dans l’est de l’Ukraine.
« Ils sont en ce moment les yeux et les oreilles de la communauté internationale […] ils sont ceux qui peuvent toujours éclairer ce qui se passe réellement sur le terrain », selon Mme Baerbock.
Le président ukrainien a évité pour sa part de trop s’avancer sur les affirmations américaines : « Il m’est difficile de juger comment les États-Unis devraient utiliser leurs renseignements », a-t-il déclaré à Munich.
Tout en se disant « reconnaissant » pour les informations partagées par les Américains, il a affirmé faire confiance en priorité « aux services de renseignement ukrainiens, qui comprennent ce qui se passe le long de nos frontières ».
Gazoduc
M. Zelensky avait d’ailleurs décidé de maintenir son déplacement en Allemagne alors que Joe Biden s’était demandé la veille s’il était « sage » qu’il s’absente de son pays dans ce contexte de tensions.
« Plus l’Europe et l’Amérique se concerteront, plus nous aurons de succès », a soutenu le chancelier allemand Olaf Scholz samedi.
L’ombre du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne et attend toujours sa certification par le régulateur allemand, pourrait cependant ressurgir dans les relations entre Washington et Berlin si de nouvelles sanctions devaient être imposées contre la Russie.
Le gouvernement allemand a fini par admettre que le gazoduc controversé ne serait pas épargné en cas de mesures punitives, mais s’est gardé de préciser comment cette infrastructure stratégique serait pénalisée. (AFP)