
Les victimes et familles de victimes des événements violents et meurtriers survenus au Sénégal entre 2021 et 2024 sous le régime de l’ancien président Macky Sall vont être indemnisées par l’Etat, annonce la ministre de la Famille et des Solidarités dans un communiqué publié le 31 janvier 2025 sur les reveux sociaux. Ainsi, indique Maïmouna Dièye, une somme de dix (10) millions de francs CFA sera octroyée à chaque famille de personne décédée lors des dits événements. En sus, les orphelins mineurs de ces familles seront élevés au statut de Pupilles de la Nation.
Le coût financier de ces indemnisations à grande échelle n’a pas été divulgué par la ministre de la Famille et des Solidarités. Mais il pourrait se chiffrer à plusieurs milliards de francs CFA.
Selon les organisations de défense des droits humains, les dits événements ont fait au moins une soixante de morts - selon Amnesty International - une centaine, avancent d’autres sources - et plusieurs milliers de blessés lors de la répression des manifestations pro-démocratie par les forces de sécurité de l’ancien régime.
En sus des 10 millions, les familles éplorées par la perte d’un des leurs seront enrôlées dans les différents filets sociaux mis en place par le gouvernement sénégalais. Elles bénéficieront ainsi des bourses de sécurité familiale, de la Couverture maladie universelle (CMU) et de la Carte d’égalité des chances - pour ceux et celles qui trainent des handicaps, précise la même source.
En réaction à cette évolution de la situation, Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty Sénégal a déclaré sur son compte X :
« Nous saluons la décision de l’Etat de mettre en oeuvre les propositions du comité chargé de statuer sur l’assistance aux victimes des violences politiques que le pays a connues entre mars 2021 et février 2024, sur la base des ressources disponibles. »
Dans une perspective d’insertion et de réinsertion, il sera ouvert aux bénéficiaires identifiés par les services de l’Etat « la facilitation à l’accès aux financements à travers les mécanismes de la Délégation générale à l'Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), du Fonds national de Crédit pour les Femmes et du Fonds national de Promotion de l’Entrepreneuriat Féminin. »
Les personnes détenues dans le cadre de ces événements 2021-2024, les victimes blessées ou tombées malades « en lien direct avec les événements indiqués » et « figurant dans la base de données établie par l’ANSD, en relation avec le Ministère de la Justice, les sources policières, les représentants de victimes et ceux de la société civile », sont bénéficiaires d’une allocation forfaitaire de cinq cent mille (500 000) francs CFA.
Cette somme sera accompagnée d’une « prise en charge médicale et psycho sociale » établie « sur la base d’un dossier médical établi par les structures sanitaires » et dont « les membres de leurs familles peuvent aussi en bénéficier », note la ministre Maïmouna Dièye.
Le sort des victimes des dernières années de braise est à la fois un sujet de crispations entre acteurs des événements précités et un objet de préoccupation pour le nouveau pouvoir depuis l’arrivée aux affaires du président Bassirou Diomaye Faye et du premier ministre Ousmane SOnko en avril 2024, au lendemain de l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Au delà des indemnisations annoncées par la ministre de la Famille et des Solidarités, le gouvernement s’est engagé aussi à annuler la loi d’amnistie votée au forceps par l’ex assemblée nationale pour « solder » les comptes de la période 2021-2024. Pour le duo Diomaye-Sonko, les victimes de la répression doivent être réhabilitées par la justice sénégalaise et non par une loi voulue par celui qu’ils considèrent comme le responsable principal des événements sanglants qui ont secoué le pays durant trois ans. [IMPACT.SN]