BRUXELLES (Reuters) - Salah Abdeslam, dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, a fustigé lundi à l‘ouverture de son procès à Bruxelles une justice qui traite selon lui les musulmans “de la pire des manières”, tout en gardant le silence sur son parcours de djihadiste.
Vêtu d‘une chemise et veste claire, la barbe longue et les cheveux gominés à l‘épaule, le prévenu, jugé pour une autre affaire, a d‘abord déclaré à la juge du tribunal correctionnel de Bruxelles, Marie-France Keutgen : “Je ne souhaite pas répondre aux questions.”
Mais, loin de se murer dans le silence, il a ensuite longuement expliqué ce refus, se montrant décontracté, souriant parfois et plaisantant avec son avocat.
“On m‘a demandé de venir, je suis venu, il y a un procès et je suis l‘acteur de ce procès”, a-t-il dit dans un phrasé fluide mais assez nerveux, estimant que “mon silence ne fait pas de moi un criminel ni un coupable.”
“Ce que je constate, c‘est que les musulmans sont jugés et traités de la pire des manières, sont jugés impitoyablement”, a-t-il poursuivi. “Il n‘y a pas de présomption d‘innocence.”
“Je témoigne qu‘il n‘y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son serviteur et son messager”, a-t-il ensuite déclaré. “Jugez-moi, faites ce que vous voulez de moi, moi c‘est en mon seigneur que je place ma confiance.”
“Je n‘ai pas peur de vous”, a-t-il lancé.
Cette stratégie de défense a ulcéré les parties civiles.
“Personne ne peut être satisfait de cette manière”, a déclaré Guillaume Lys, avocat de l‘association belge de victimes de terrorisme V-Europe. “On espère que les avocats vont prendre le relai”, a-t-il dit, et que “jeudi il y aura cette première tentative de réponse sur ce qui s‘est passé”.
Philippe Duperron, président de l‘association de familles des victimes des attentats de Paris “13onze15” a regretté pour sa part que Salah Abdeslam fasse “des déclarations qui sont très clairement une forme de provocation”.
Après une pause mardi et mercredi, le procès accéléré par le silence d‘Abdeslam et les réponses laconiques du second prévenu Sofian Ayari doit reprendre jeudi, avec l‘audition de parties civiles puis les plaidoiries de la défense.
LE PROCÈS DE BRUXELLES, PAS DE PARIS
Selon un rapport d‘expertise versé au dossier des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, le gilet explosif de Salah Abdeslam, n‘a pas fonctionné parce qu‘il était défectueux et non parce que ce dernier aurait renoncé.
Les enquêteurs soupçonnent Salah Abdeslam d‘avoir été lié à la cellule qui a mené les attentats-suicide à la bombe du 22 mars 2016 qui ont fait 32 morts à l‘aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek, quatre jours après son arrestation.
L‘audience a débuté par un débat entre l‘avocat de Salah Abdeslam, Sven Mary, et celui de l‘association belge de victimes de terrorisme V-Europe, Guillaume Lys, sur la récente constitution comme partie civile de l‘association, qui a conduit la défense à se prévaloir de la nécessité d‘un délai supplémentaire si ce nouvel élément était retenu.
Marie-France Keutgen a décidé de poursuivre les débats prévus cette semaine, en fixant toutefois à une date ultérieure, le 29 mars, les discussions concernant cette partie civile.
Ce procès ne sera pas celui des attentats de Paris, ni de Bruxelles mais bien celui de la fusillade de Bruxelles.
Salah Abdeslam a été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek, un quartier de Bruxelles, après quatre mois de cavale et trois jours après son implication présumée dans cette fusillade à Forest, une commune du sud de l‘agglomération bruxelloise.
VINGT ANS REQUIS
Remis le 27 avril 2016 à la France, il y a été mis en examen notamment pour participation à une association de malfaiteurs terroriste. Le parquet fédéral belge et le parquet de Paris se sont accordés début octobre sur une solution juridique afin qu‘il puisse être présent à son procès à Bruxelles.
La procureure fédérale du tribunal de première instance de Bruxelles a requis vingt ans de prison, assortis d‘une période de sûreté maximale de treize ans contre Salah Abdeslam et Sofian Ayari, pour tentative d‘assassinat dans un contexte terroriste et possession illégale d‘armes.
Elle a invité la juge à retenir la notion de préméditation dans les tirs qui ont visé les policiers arrivés dans l‘immeuble où étaient retranchés trois terroristes présumés, Mohamed Belkaïd, tué dans l‘opération, et les deux prévenus.
Elle a fait valoir que Salah Abdeslam et Sofian Ayari étaient “coauteurs” de la fusillade, tout en précisant que, selon sa conviction personnelle tirée d’éléments du dossier, seul le second avait tiré sur les policiers au coté de l‘Algérien Mohamed Belkaïd, “combattant de l‘EI”.
Interrogé lundi par la juge, Sofian Ayari, un Tunisien de 24 ans, a reconnu avoir rejoint l‘Etat islamique en Syrie, avant de prendre la route des demandeurs d‘asile vers l‘Allemagne, puis la Belgique en octobre 2015, où il a partagé avec Salah Abdeslam la planque de la rue du Dries.
Arrivé lundi matin depuis Fleury-Mérogis, Salah Abdeslam sera détenu le temps du procès à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), récente et fortement sécurisée avec 250 personnels pour 90 détenus, où il sera seul dans une aile entière. Il fera le trajet tous les jours vers Bruxelles.
Vêtu d‘une chemise et veste claire, la barbe longue et les cheveux gominés à l‘épaule, le prévenu, jugé pour une autre affaire, a d‘abord déclaré à la juge du tribunal correctionnel de Bruxelles, Marie-France Keutgen : “Je ne souhaite pas répondre aux questions.”
Mais, loin de se murer dans le silence, il a ensuite longuement expliqué ce refus, se montrant décontracté, souriant parfois et plaisantant avec son avocat.
“On m‘a demandé de venir, je suis venu, il y a un procès et je suis l‘acteur de ce procès”, a-t-il dit dans un phrasé fluide mais assez nerveux, estimant que “mon silence ne fait pas de moi un criminel ni un coupable.”
“Ce que je constate, c‘est que les musulmans sont jugés et traités de la pire des manières, sont jugés impitoyablement”, a-t-il poursuivi. “Il n‘y a pas de présomption d‘innocence.”
“Je témoigne qu‘il n‘y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son serviteur et son messager”, a-t-il ensuite déclaré. “Jugez-moi, faites ce que vous voulez de moi, moi c‘est en mon seigneur que je place ma confiance.”
“Je n‘ai pas peur de vous”, a-t-il lancé.
Cette stratégie de défense a ulcéré les parties civiles.
“Personne ne peut être satisfait de cette manière”, a déclaré Guillaume Lys, avocat de l‘association belge de victimes de terrorisme V-Europe. “On espère que les avocats vont prendre le relai”, a-t-il dit, et que “jeudi il y aura cette première tentative de réponse sur ce qui s‘est passé”.
Philippe Duperron, président de l‘association de familles des victimes des attentats de Paris “13onze15” a regretté pour sa part que Salah Abdeslam fasse “des déclarations qui sont très clairement une forme de provocation”.
Après une pause mardi et mercredi, le procès accéléré par le silence d‘Abdeslam et les réponses laconiques du second prévenu Sofian Ayari doit reprendre jeudi, avec l‘audition de parties civiles puis les plaidoiries de la défense.
LE PROCÈS DE BRUXELLES, PAS DE PARIS
Selon un rapport d‘expertise versé au dossier des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, le gilet explosif de Salah Abdeslam, n‘a pas fonctionné parce qu‘il était défectueux et non parce que ce dernier aurait renoncé.
Les enquêteurs soupçonnent Salah Abdeslam d‘avoir été lié à la cellule qui a mené les attentats-suicide à la bombe du 22 mars 2016 qui ont fait 32 morts à l‘aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek, quatre jours après son arrestation.
L‘audience a débuté par un débat entre l‘avocat de Salah Abdeslam, Sven Mary, et celui de l‘association belge de victimes de terrorisme V-Europe, Guillaume Lys, sur la récente constitution comme partie civile de l‘association, qui a conduit la défense à se prévaloir de la nécessité d‘un délai supplémentaire si ce nouvel élément était retenu.
Marie-France Keutgen a décidé de poursuivre les débats prévus cette semaine, en fixant toutefois à une date ultérieure, le 29 mars, les discussions concernant cette partie civile.
Ce procès ne sera pas celui des attentats de Paris, ni de Bruxelles mais bien celui de la fusillade de Bruxelles.
Salah Abdeslam a été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek, un quartier de Bruxelles, après quatre mois de cavale et trois jours après son implication présumée dans cette fusillade à Forest, une commune du sud de l‘agglomération bruxelloise.
VINGT ANS REQUIS
Remis le 27 avril 2016 à la France, il y a été mis en examen notamment pour participation à une association de malfaiteurs terroriste. Le parquet fédéral belge et le parquet de Paris se sont accordés début octobre sur une solution juridique afin qu‘il puisse être présent à son procès à Bruxelles.
La procureure fédérale du tribunal de première instance de Bruxelles a requis vingt ans de prison, assortis d‘une période de sûreté maximale de treize ans contre Salah Abdeslam et Sofian Ayari, pour tentative d‘assassinat dans un contexte terroriste et possession illégale d‘armes.
Elle a invité la juge à retenir la notion de préméditation dans les tirs qui ont visé les policiers arrivés dans l‘immeuble où étaient retranchés trois terroristes présumés, Mohamed Belkaïd, tué dans l‘opération, et les deux prévenus.
Elle a fait valoir que Salah Abdeslam et Sofian Ayari étaient “coauteurs” de la fusillade, tout en précisant que, selon sa conviction personnelle tirée d’éléments du dossier, seul le second avait tiré sur les policiers au coté de l‘Algérien Mohamed Belkaïd, “combattant de l‘EI”.
Interrogé lundi par la juge, Sofian Ayari, un Tunisien de 24 ans, a reconnu avoir rejoint l‘Etat islamique en Syrie, avant de prendre la route des demandeurs d‘asile vers l‘Allemagne, puis la Belgique en octobre 2015, où il a partagé avec Salah Abdeslam la planque de la rue du Dries.
Arrivé lundi matin depuis Fleury-Mérogis, Salah Abdeslam sera détenu le temps du procès à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), récente et fortement sécurisée avec 250 personnels pour 90 détenus, où il sera seul dans une aile entière. Il fera le trajet tous les jours vers Bruxelles.